La voix de Sarah

La veille de la rencontre

                          Chapitre 4

À 19:00, Richard avait décidé d'aller au café du coin, histoire de mettre l'ordre dans son esprit. L'endroit se trouvait près d’un fleuriste, un espace chaleureux, un endroit qui pouvait charmer n’importe qui de suite, où l’on a envie de rester toute au long de la journée ou partir et laisser quelques traces derrière. Le café était rempli de clients qui avaient l'air plus en moins heureux d’être là. Richard entendait des rires, l'ambiance était plutôt sympathique. C’est fou comment une tasse de café suffisait au bonheur de ces gens, qui devaient être venus pour chercher la chaleur humaine. Richard, son café avait déjà été servi, mais il avait la sensation désagréable d’être observé, celle qu'on éprouve lorsqu’on a l’impression qu’un étranger se trouve chez soi la nuit, alors même que nos yeux sont fermés.
Il ne tardait pas de sortir prendre l'air, au moment où son regard fut aimanté par un sourire joyeux d’un petit garçon et sa sœur jumelle, marchant à sa direction en sautant et en enchantant en compagnie d’un vieil homme, vêtu d’un manteau poilu, qu’il le tenait par les mains. Richard confus, qu’il commençait à se douter s’il n’y avait pas des personnes derrière, il se retourna, mais, il se fut rendu compte qu’il n’y avait que lui quand le vieil homme s’est approché.
- Excusez-moi d’intervenir comme ça, lança le vieux. Depuis tout à l'heure, que je vous observe, vous avez l’air perdu, vous ne venez pas de la région, pas vrai?
- Non Monsieur, répondit Richard en haussant discrètement ses sourcils et en secouant sa tête.
- Dois-je vous déposer quelque part ? Répète celui-ci d’un ton interrogatif.
- Ah non, c’est gentil à vous, mais je vais me rendre à l’hôtel de la ville à pied. Mon GPS m’indique qu’il est à 200 mètres.
- Écoutez jeune homme, au risque de me paraître imposant, mais il fait tard là et je ne vais pas vous laisser trainer dehors.

vous êtes dans une grande ville, poursuivit le vieux, autant vous emmenez chez moi, c’est plus sûr, sauf si vous décidez autrement.
- c’est très généreux de votre part, Monsieur, il jeta un regard réjouissant aux enfants.
- Tout le plaisir est pour moi. C’est dans le déroule des coutumes du pays, sourit le vieil homme, il se présenta brièvement; appelez-moi Rabah, je suis le grand-père de ces petits anges, Yanis et Nora.
Il lui tendit la main, Richard lui serra sa main, s’inclina légèrement,  sa poigne était ferme et vive.
- J’en suis ravi, il acquiesce chaleureusement. Richard voit que le sens des bonnes choses commence à prendre de l’ampleur, lui rappelant des origines familiales, il finit par se laisser convaincre.
- Ma vielle voiture est garée à quelques mètres, allons la chercher, sourit Rabah, mais s’assume fièrement. Les enfants se détachèrent de lui et coururent vers la voiture. Tout excité, Yanis ouvrit la portière de l’arrière dont la vitre trembla et les gonds crièrent, il grimpa sur la banquette suivie par sa sœur Nora.
Il était déjà 21:00, mais les rues étaient encore animées ; l’air d’Alger est beaucoup plus sain la nuit. Richard monta à son tour à la voiture.
- Mettez vos ceintures de sécurité les enfants, Ordonna Rabah en les observant sur le rétroviseur avant d’allumer le moteur, l’espace d’une minute il démarra, laissant derrière lui une fumée blanche.
Les routes étaient presque vides et sombres, un seul far pouvait à peine illuminer le sol, Richard plongeait dans ses pensées, sa tête appuie contre le siege, pensant à la façon dont cette rencontre allait se passer.  Au bout de quelques minutes de silence, Rabah  alluma la radio, le silence fut brisé, ça lui fit revenir au temps présent, Richard se redressa.
Rabah baissa le sons légèrement.
- Alors,  jeune homme qu’est-ce qui vous a fait venir ici ? Parvient-il à lire dans les pensées ? S’étonna Richard.
- Je suis venu présenter mes condoléances à une personne qui m’est chère, son père est décédé la semaine dernière. Il a préféré ne pas trop entrer dans les détails. Mais quelle occasion grandiose de revenir au lieu de sa naissance, de le contempler des yeux de son enfance… Dévia-t-il.
- Mes respectueux hommages, répliqua-t-il. Les mains sur le volant, il se contenta de regarder droit dans la rue.
- mais j’espère que vous auriez le temps de visiter la ville pendant que vous y êtes, y a beaucoup de belles choses à voir, continua le vieil homme
- C’est aussi dans le programme, hocha Richard la tête avec un sourire avant d’apercevoir la sortie de la route nationale lorsqu’il regardait les immeubles défiler, la maison devait être proche! s’interrogea-t-il.
Après un court trajet, ils se sont garés devant un immeuble d’appartements, les enfants ont dû dormir, Rabah souleva Nora dans ses bras, Richard soutin son grand frère pour descendre, ils rejoignirent la porte de l’immeuble avant que Yanis courut vers l’ascenseur, il se tenait debout sur ses deux pieds qui s'inclinaient légèrement vers l'avant pour atteindre le bouton d’appel de l’ascenseur. Alors que tout le monde s’empilait dans le petit ascenseur pour monter au quatrième étage, Nora n’avait pas ouvert les yeux, elle dormait, la tête sur l’épaule de son grand père. Yanis ouvrit la porte de l’appartement, à peine la porte franchie, il se prit les pieds contre des jouets qui trainaient au milieu du salon. Rabah n’avait plus de force de porter Nora aussi longtemps, il se dépêcha pour la déposer dans son lit avant de rejoindre au salon de séjour Richard, déjà pieds nus. À peine assis sur le canapé, il se releva lorsque l’épouse  de Rabah se manifesta, Elle avait un foulard solidement noué qui ne laissait dehors que le visage, soutenu par le sourire de tout le monde, l’atmosphère était très timide qu’il fallait que Rabah intervienne, faisant les présentations.
- Permettez-moi jeune homme de vous présenter à mon épouse ; Z’hour, une dame qui m’a tant soutenu. Richard tendit sa main respectivement, il se présenta aussi en retour.
- Je vous en prie, Mettez-vous à l’aise, lui répondit-elle. Le dîner est prêt avait-elle articulé en tournant vers son mari, vous pourrez vous mettre à table.
- Je viens t’aider dit Rabah en la suivant à la cuisine. Richard s’assit, admirant la décoration orientale, pendant que Yanis sursauta sur le canapé.
- Que-nous pouvons vous servir à boire monsieur, demanda la dame poliment.
- Je prendrai que de l’eau pour l’instant, encore merci de m'accueillir.
Elle revint à la cuisine, ramener cette fois-ci un repas chaud, un silence respectueux accompagna ses gestes. Rabah à son tour invitait tout le monde à table pour manger, même la petite Nora à moitié endormie.

Un jour plus tard, Sarah avait décidé de s’ouvrir à sa mère et lui parler pour la première fois de la rencontre avec Richard
- Nous avons un invité maman
- Qui donc?
- Quelqu’un que je dois te présenter.
- Tu n'es pas sérieuse là ? hurla-t-elle. Il est hors de question qu’un inconnu vienne à la maison
- Mais maman…
- Il en est pas question ! ne la laissa pas finir de parler.
- C’est Richard, reprend Sarah, le gars dont je t’ai toujours parlé,  nous ferons la rencontre tous ensemble.
- En plus, tu ne l’a jamais vu ! Non, mais je rêve ! Lui avait planté ses yeux dans les siens. Ta grand-mère m’aurait tué si je lui avais dit une chose pareille !
- Du calme maman, Il vient pointer Seulement, présenter ses condoléances et il repart. De l’autre côté de la mer qu’il vient, il avait laissé tout derrière lui. S’il n’avait pas de bonnes intentions, il ne serait pas tenté de venir frapper à la porte. Maman, s’il me reste de la reconnaissance envers les gens, ça serait envers cet homme, pour l’amour de papa fais-moi confiance.
Elle ne répondit pas, fonçant ses sourcils, elle traversa le couloir jusqu'à la cuisine.
- Je vais prendre ça pour un Oui, Je t’aime maman, ajouta Sarah d’un ton volumineux de manière à se faire entendre, quand soudain quelqu’un sonna à la porte. Un frisson lui parcourait le corps car elle sait déjà qui est-ce. Sans surprise, Richard se pointa derrière la porte.