Bon anniversaire, Lily

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Ellipse de quelques semaines;

Quand Lily se réveilla ce matin là, un immense sourire fleurit immédiatement sur son visage. Elle avait onze ans ! Elle se leva d'un bond, et descendit en sautillant les escaliers de sa maison, qui grincèrent sous le choc. A sa grande surprise, personne n'était encore levé, mais un coup d'oeil à l'horloge lui suffit pour résoudre ce mystère;  il était cinq heure du matin. C'était tout aussi bien; elle pourrait lire ses lettres d'anniversaire tranquillement, sans que Pétunia ne la force à ouvrir les cadeaux, tant elle avait hâte de savoir ce qu'ils contenaient. Elle jeta un coup d'oeil à sa pile de lettres, le coeur battant, mais ne trouva aucune enveloppe un tant soit peu parcheminé, mais vit en revanche une magnifique carte ornée de chatons d'une mièvrerie écoeurante. Quand la déception la submergea, elle se sentit stupide; bien sûr que cette histoire de Poudlard et de lettres était fausse ! Ce n'était que les élucubrations d'un garçon trop inventif ! Malgré tout, elle avait toujours gardé cet espoir, au fond d'elle même, de recevoir cette fameuse lettre. Elle secoua la tête, et entreprit de lire toutes ses lettres d'anniversaires, sans pour autant réussir à chasser ce goût amer de déception, qu'elle s'efforça de noyer dans un énorme bol de chocolat chaud dans lequel trempait une dizaine de chamallow colorés et moelleux. Le chocolat chaud n'ayant pas eu l'effet escompté, la petite fille lança un morceau de sa musique préféré sur le vieux gramophone de ses parents, et se mit à danser comme une folle, ses bras et ses jambes s'en allant dans tous les sens, dans une chorégraphie sans aucun doute des plus ridicule, mais qui eut un effet libérateur pour son humeur, car à mesure que le morceau avançait, le sourire de Lily se redessina lentement sur son visage, et quand le morceau finit, elle était à nouveau radieuse. Elle s'apprêtait à ouvrir ses cadeaux quand trois petits coups frappés à la porte l'interrompirent. Son excitaion la reprit immédiatement à la gorge, et elle courut ouvrir la porte, le cœur battant.


Quand Lily ouvrit la porte de la maison, elle parvint à peine à masquer une grimace déçue, qui serra le cœur de Severus, mais se reprit rapidement et lui adressa un faible sourire, tout en arrangeant ses cheveux qui s'échappaient dans tout les sens, et en épongeant son visage rouge vif.


Elle essaya de maintenir la conversation, mais elle ne pouvait cacher un fond de rancune, et Severus finit par lui demander tout à trac ;

"Qu'est-ce qu'il y a, Lil's ?"

"Rien."

Severus lui jeta un regard suppliant et lui toucha le bras, la forçant à lever les yeux vers lui.

"Je... je n'ai pas reçu ma lettre de Poudlard. Je ne suis pas magicienne, Sev'. Poudlard n'existe que dans ton esprit. Maintenant, laisse-moi."

Des larmes lui étaient brusquement montées aux yeux, et elle sentait que si il ne partait pas tout de suite, elle allait craquer devant lui. Mais, au lieu de partir et ce malgré la lueur blessée qui s'était allumée dans son regard, Severus resta auprès d'elle de longues minutes, et, voyant que ses larmes étaient intarissables, s'approcha timidement, et la pris dans ses bras, et elle cessa miraculeusement de pleurer. Elle se tourna vers lui, et lui adressa un doux sourire d'excuses.

"Tu vas la recevoir, ta lettre ! Je te le promet, je n' ai absolument rien inventé !" déclara Severus avec véhémence en voyant Lily se remettre à sangloter.

"Oui... Une grande chouette blanche va m'apporter une belle lettre parcheminée, puis un train magique m'emmènera dans un château remplis de centaines de gentils sorciers de mon âge..." murmura-t-elle doucement, comme si elle essayait de s'en convaincre elle même.

Severus scruta les yeux de Lily pour tenter de déceler du sarcasme, mais il ne trouva qu'une tristesse à l'état pur.

"Je suis désolée, Sev... c'est juste que ça ressemble plus à un conte de fée qu'autre chose..."

"Tu ne me crois pas ?" 

Le regard de Severus s'était assombri, et son visage reflétait maintenant une expression de profonde rancoeur, expression qui rappelait dangereusement celle de son père, puis tourna les talons et ne s'arrêta qu'un instant pour déclarer sans se retourner.

"Bon anniversaire, Lily."

Les yeux de Lily se remplirent de larmes, et elle sentit toute force la quitter, pour laisser place à un accablement profond ; magie ou pas, il restait son meilleur ami. Et elle venait de le blesser.

Lily et PétuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant