L'antre de Severus Rogue

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Dans la rue d'une banlieue paisible, une petite fille, la tête entre les genoux, pleurait. Elle avait courut aveuglément jusqu'à ce que ses forces s'épuisent, et elle était à présent devant une maison longue et étroite dont le perron était envahi de mauvaises herbes, qui aurait presque semblé à l'abandon sans la lueur de la télévision que l'on voyait danser derrière les carreaux.

Soudain, la porte s'ouvrit, et un petit garçon efflanqué apparut, quelques piécettes à la main.

"Lily ?" 

La petite fille releva la tête, et son visage s'éclaira d'un pauvre sourire, sans que les larmes ne s'arrêtent pour autant de couler.

"Severus !"

"-Lily, qu'est-ce que tu fais là ? Il s'est passé quelque chose ?"

-Pétunia.." hoqueta Lily, incapable de finir sa phrase.

Severus l'aida à se relever, et la prit dans ses bras en lui frottant le dos, avec force de "shhhht... je suis là, maintenant...", jusqu'à ce que les larmes de Lily se tarissent, la laissant avec une migraine lancinante, et l'arrière goût amer du chagrin.

Severus tendit un mouchoir à la petite fille, ses yeux faisant un allez-retour entre elle et sa maison crasseuse. D'un côté, il était hors de question qu'il la laisse en pleurs devant son jardin, et de l'autre, il avait peur de sa réaction si elle voyait l'intérieur de sa demeure. Le fait d'habiter à l'impasse du Tisseure était déjà suffisant... 

Lorsque le petit croisa le regard reconnaissant de son amie, il prit sa décision; Lily ne se moquerai jamais de lui. Il lui prit la main, et ensemble, ils entrèrent dans la maison.

***

Le hall d'entrée était plongée dans la pénombre, et il y régnait une odeur de tabac froid et de vieux café. Le papier peint fleuri, autrefois couleur crème, avait viré au gris  foncé. Dans le séjour, une télévision hurlait, le volume à son maximum. Severus fit signe d'être silencieuse à Lily; il n'avait jamais eu le droit d'inviter la moindre personne chez lui, et aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle. 

Ils enjambèrent le cadavre d'une canette de bière, et un paquet de chips à moitié vide, qui jonchaient le sol. Severus monta l'escalier raide et grinçant sur la pointe des pieds; des piles de magasines encombraient les marches dépourvues de tapis. A l'étage, l'odeur de tabac était encore présente, incrustée dans la tapisserie, avec une odeur forte de plat préparés. Le fouillis que laissait entrevoir le bureau entrouvert était indescriptible; une pile de papiers administratifs en tout genre menaçait de s'effondrer, et des vêtements sales, ainsi que des détritus recouvraient le sol, à tel point qu'on ne pouvait en voir sa couleur.

Plus l'exploration de la maison avançaient, plus la couleur de peau de Severus évoluait au cramoisi. Il n'aurait jamais dû la laisser entrer... Elle ne voudrait plus lui adresser la parole...

Au moment où il formulait cette pensée, Lily se tourna vers lui en souriant, et lui demanda où était sa chambre. 

Severus s'avança jusqu'au bout du couloir, où il tira sur une trappe située au plafond, menant au grenier. Une échelle se déplia lentement, permettant à Lily de monter. Lorsque ses épaules furent dans le grenier, elle s'immobilisa. Le grenier avait été réaménagé en une chambre d'enfant. C'était la seule pièce de la maison qui était exemptée de l'odeur de tabac et de cuisine indienne. Il y régnait l'odeur caractéristique des grenier, et les murs étaient recouverts de posters en tout genre, la plupart mouvant. Une petite lucarne éclairait la pièce d'une lueur dorée, et elle donnait une vue imprenable sur le ciel. Au milieu de la pièce, un lit simple en bois branlant était fait au carré,recouvert d'une couverture de patchwork. Au mur, une étagère couverte de livres et de CD rangée par ordre alphabétique faisait le tour de la pièce. Au fond, on devinait le bric à brac habituel d'un grenier, séparée de la chambre par une toile grossière. La chambre était rangée avec un soin méticuleux, et l'on ne pouvait pas y voir un grain de poussière. Lily y monta en entier, pour permettre à Severus de monter à sa suite.

"-C'est magnifique !

-Tu trouves ? Je l'ai faîte moi même... Mes parents étaient occupés.

Lily lui adressa un sourire d'excuse, mais le jeune garçon haussa les épaules, et il indiqua d'un mouvement de main à Lily de s'asseoir. Celle-ci prit place sur une caisse marquée par le logo d'une marque de soupe, et pris sa tête entre ses mains.

"-Lily, dis moi, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-Je... je suis allée au chemin de Traverse, et... Oh, Severus ! Je suis désolée... Tu avais raison... Je suis un sorcière... Et une affreuse amie, aussi... Je suis tellement désolée..."

La fillette se remit à hoqueter, et Severus la serra dans ses bras. Il lui tendit un second mouchoir, et se leva pour sortir d'entre les lattes du parquet un bocal de confiture remplie d'une poignée de bonbons, ce qui semblait représenter pour lui des mois d'économies. C'était sa réserve en cas de coups durs, et il estimait que Lily y avait amplement droit. Elle lui sourit, et attrapa avec cérémonie un minuscule crocodile bleu.

"Tu me pardonnes, Sev ? 

-Bien sûr, Lil !"

La petite fille eut un sourire reconnaissant, et elle raconta en détail sa dispute avec ses parents, et avec sa soeur. 

Après avoir donnés maints et maints conseils pour assassiner Pétunia, qui leur déclenchèrent plusieurs fous-rires, Lily déclara qu'il était temps pour elle de rentrer. Voyant la peine sur le visage de Severus, elle lui promit de le retrouver le soir même. 

Il la raccompagna jusqu'à la porte, fixant sa silhouette jusqu'à ce qu'elle se réduise à un point, un sourire jusqu'au oreilles qui s'effaça lorsqu'il entendit la voix de son père qui l'appelait depuis le salon;

"Severus ! Gamin ? Où sont mes chips ? Ca fait une demi-heure que je t'ai envoyé en acheter !"

Severus sortit de la maison au pas de course, à la suite de son amie. Il n'avait pas intérêt à traîner dans le coin.


Lily et PétuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant