Défaite

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Il s'approcha.
La situation s'était aggravée.

Paul Pawn était au milieu de la bataille.
Lui, simple fantassin, paysan au service de son roi, voyait toute l'ampleur du désastre.

Autour de lui, ses camarades tombaient. Des chevaliers en armures, abattus par de simples soldats ; les corps de ses alliés s'entassaient, ceux de ses ennemis n'étaient pas plus nombreux que ce que le brillant chef adverse n'avait voulu, n'avais prévu.

Paul regrettait amèrement de ne pouvoir changer de chemise, ou plutôt de couleur de peau.
Il était fidèle à son roi et à sa reine, mais aurait donné tout l'or du monde pour changer de général.

Alors qu'il était perdu dans ces réflexions maussades, un autre fantassin se plaça en face de lui.
Un soldat si semblable, à la même morphologie, la seule différence étant la couleur de peau.
Cet adversaire était peu menaçant pour sa vie, mais Paul ne le sous-estimait pas pour autant. Il pourrait s'attaquer facilement à ses voisins, si le général ne réagissait pas.

Piètre général en vérité, incapable d'élaborer une stratégie suffisamment élaborée, se contentant d'envoyer ses fantassins au casse-pipe ; pas assez audacieux pour envoyer des fous menacer l'armée adverse.

En peu de temps, il avait prouvé son incompétence, laissant son château exposé, le couple royal en grand danger.

Paul aurait voulu reculer, retourner protéger son roi, mais son honneur lui interdisait tout retrait, sa seule gloire étant l'attaque frontale, le choc avec l'ennemi.

Il était limité, n'avait que de mauvaises armes, était peu endurant, mais il avait déjà fait ses preuves.

Sous un autre commandement, une autre stratégie, une autre approche, il avait déjà été l'élément clé de la victoire , lui, simple soldat, il avait déjà assisté à de nombreuses batailles, des entreprises victorieuses ; des stratégies nouvelles, décisives !
Il avait aidé des débutants à apprendre l'art de la stratégie, accompagné des vétérans lors de leur dernière bataille.

Souvent blessé, jamais à terre, jamais désespéré de la victoire.

Jusqu'à aujourd'hui.

Ce commandant était poussé dans ses retranchements, forcé à mobiliser le royaume entier.

Le roi lui même avait été forcé a bouger !
Ils n'avaient plus beaucoup de possibilités, Paul le savait.
Au vu de son expérience, il pensait qu'il aurait largement pu être meilleur que ce commandant de pacotille, persuadé de maîtriser la situation.

Mais Paul se taisait.
Paul Pawn, le bien nommé.
Paul n'était qu'un pion.

Le roi était pris.

Échec et mat.

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