Prologue

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Comme à chaque réunion, la majeure partie du manoir était plongé dans l'obscurité : les chambres impeccables et inutilisées fermées à double tour ; la vieille bibliothèque qui gardait tout ses ouvrages poussiéreux aussi anciens que Merlin ; les salles d'eau qui n'avaient plus connues l'humidité des douches chaudes depuis une éternité ; la cuisine et les ustensiles encore neufs et mieux rangés que jamais à leur places respectives ; les longs couloirs aux murs nus et aux planchers débordant de craquements douteux ; et également l'escalier qui s'engouffrait dans l'obscurité angoissante du premier étage. 

Seule la salle à manger était éclairé par les flammes vacillantes des bougies, toutes installées sur des bougeoirs en argent luisant. Leur lumière s'étalaient sur le centre de la pièce et reflétaient sur les murs et le plafond les ombres provocatrices des adeptes de Celui-Dont-On-Il-Ne-Faut-Pas-Prononcer-Le-Nom, laissant les recoins sinistres et mystérieux de la salle plongés dans une infinité d'angoisse où les yeux se perdaient.

Têtes baissées, tout les mangemorts réunis autour de la table fixaient leurs mains croisées sur leurs genoux. Cette fois-ci, après la longue colère du maître au sujet des retards aux réunions - fureur qui datait du dernier rassemblement-, tous avaient été ponctuels. Aucun suicidaire n'avait risqué sa vie en arrivant une fraction de secondes après que la grande aiguille eut atteint la onzième heure du soir. Seulement, faute de timing, un des éléments les plus importants du jeux étaient encore absents ; les pions étaient tous en place, seul manquait la deuxième joueuse. Après tout, que serait les pantins sans tireurs de ficelles ?

Installé en bout de table, dans son grand fauteuil de cuir noir, le seigneur des ténèbres semblait d'une humeur forte enthousiaste -ce qui était régulièrement le cas depuis ces derniers jours. Peut être était-ce le fait d'avoir sa nouvelle descendance auprès de lui ? Si oui, il était évident que ce n'était pas réellement d'un point de vue sentimentale, mais surtout matériel. Aussi attentif que les personnes présentent dans la salle, il guettait les portes d'un œil obsessif, et tendait l'oreille au moindre bruit de l'extérieur qui semblait similaire à celui d'une brindille qu'un pied en talon haut aurait écrasé.

Traînant ses écailles dans un mouvement de prédateur agressif, Nagini rodait sur la table entre les vases vides et les coupes de fruits pourris.Elle faisait des aller retours, en narguant les mangemorts les plus craintifs. Elle s'arrêtait devant un, redresser son corps de reptile, plantait ses petits yeux noirs dans les siens, et ouvrait sa gueule élastique, laissant découvrir ses crochets venimeux et sa langue bifides dans un cri sec et rêche. Ne serait-ce que le fait d'entendre ses sifflements en faisait trembler plus d'un. Parfois, elle vous regardait d'une façon presque aussi humaine que son maître -où devrions nous dire « inhumaine »-, et à d'autres moments, elle vous scrutait comme si elle voyait en vous un potentiel déjeuner. C'était justement cette pensée qui incitait les mangemorts à lui trouver du sang frais de moldus ou de sang-mêlés, et cela, à le seconde même où le seigneur des ténèbres l'ordonnait.

Alors que le Lord commençait à trépigner d'impatience, il se leva de son siège dans une lenteur inquiétante qui fit déglutir les plus anxieux. Une fois debout, une main toujours posé sur l'immense table de la salle à manger, il appela son serpent. Celui-ci, qui était occupé à tourmenter un de ses jouets les plus fragiles, s'approcha rapidement et docilement de son propriétaire, et se tint à ses côtés.

-Où est-elle ? Demanda le seigneur, qui puisait dans ses dernières ressources de patience. Elle devrait déjà être ici depuis plus d'une vingtaine de minutes.

Nagini se dressa sur l'arrière de son corps, et répondit dans la langue des serpents :

-L'enfant sera là d'une minute à l'autre. Elle n'est plus très loin.

Aimez moi, haïssez moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant