-J'entends la pluie pesante et froide tambouriner sur ces innombrables toits et fenêtres. Je vois d'ici le lac monter dangereusement, et réveiller peu à peu les créatures qui y dorment. Le vent s'engouffre dans les couloirs sombres et fait résonner dans le château entier son chant sinistre qui me murmure les pires menaces qui puissent exister. Je perçois même les détraqueurs m'appeler à s'en déchirer les cordes vocales. Mais qu'est-ce que je dis ? Depuis quand les détraqueurs possèdent-ils des cordes vocales ? Bon, passons... Mes chères amies, je crois bien que Poudlard est heureux de me revoir !
L'adolescente avait prononcé ces quelques phrases d'un ton si serein et si insouciant, que les deux autres sorcières hésitaient entre hurlaient de rage ou mourir de rire à même le sol -du moins c'est ce qui aurait été possible d'arriver si les circonstances n'étaient pas telles quelles. Elles s'échangeaient des regards, peu convaincues de la prestation très théâtrale de leurs amie. Celle-ci était assise dans l'encadrement de la fenêtre, le regard fatigué par l'adrénaline, les bras le long du corps, et une jambe se balançant dans le vide.
Cela faisait maintenant une bonne dizaine de minutes qu'elles étaient toutes les trois réunies en haut de la tour d'astronomie. Lucinda avait prit conscience de leur présence dès qu'elle eut entendu leurs pas pressés dévalaient les marches de l'escalier. Tamarah, la plus vieille du groupe, semblait empruntée à une réelle colère. Ses sourcils froncés et sa baguette en main, le souffle court mais les remontrances longues, elle aurait fait frissonner le premier hippogriffe à la ronde. Quant à Little Less qui était sûrement la moins rancunière et la plus apte à accepter des excuses, se contentait d'afficher son air fâché, qu'elle arborait souvent quand une situation contrariante se manifester.
Les deux adolescentes avaient en effet une bonne raison d'en vouloir à leurs meilleure amie. Depuis son départ à Poudlard il y a aujourd'hui quatorze mois et un jour de cela, Lucinda n'avait donné aucun signe de vie. Pas une lettre, pas même un mot, seulement une absence et un silence qui pesait chaque jour de plus en plus. Elle avait laissé ces amies dans l'ignorance, et à peine était-elle revenue qu'elle recommençait déjà à leur taper sur les nerfs. C'était ainsi que les choses se passaient avec elle. Un fois vivante, l'autre disparue, elle réapparaissait une fraction de seconde, pour s'en aller de nouveau, sans jamais penser aux sentiments de son entourage. Si Lucinda était égoïste, elle était surtout insensible.
La jeune sorcière soupira lourdement, puis se décida à quitter son perchoir. Elle se débattit avec ses muscles, engourdis et accablé par le voyage, pour qu'ils réussissent du mieux qu'ils purent à la faire tenir sur ses pieds. Cette sorcière toujours bien soignée, à l'apparence habituellement parfaite et cent pour cent vivante, paraissait avoir été sérieusement amochée durant ces derniers mois. Son teint blême de base avait encore gagné en blancheur, et sous ses yeux autrefois pétillants était marquée la fatigue qui l'avait accablée. Ses bras et ses jambes nues dévoilaient également un nombre infini de bleus et d' égratignures que lui avaient causé son « travail », comme la mage noire l'appelait.
Pendant presque la totalité d'une année, Lucinda s'était traînée de pays en pays, de villes en villes, de contrées en contrées, parcourant les endroits les plus sinistres et les plus dangereux, et les lieux de débauche où se mélangeaient le sang et la sueur. Que ce soit à la recherche de nouveaux adeptes, ou alors aux marchés des âmes à fauchés, jamais elle ne s'était arrêtée. Quand elle en parlait, elle décrivait ça comme une routine, mais au fond, ça la faisait vibrer de l'intérieur. Elle aimait, tout simplement. Elle aimait voir la vie quittait les yeux de ses victimes, sentir leurs mains qui s'accrochaient à ses chevilles se détendre au fur et à mesure que la sentence tombait. Elle aimait courir sur les toits, fuyant la loi et la moralité, narguant les mortels et la justice. Certains sorciers représentaient la liberté et la paix, Lucinda représentait le chaos et la mort. C'était tellement plus distrayant qu'une simple histoire d'amour ! Pas besoin de s'engager, ou bien de se mettre à la place de l'autre, seulement vivre et respirer à plein poumons.
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Aimez moi, haïssez moi.
FanficL'histoire se déroule dans le pauvre Londres tourmenté des sorciers. Le seigneur des ténèbres est à son apogé, accompagné de Lucinda Défarange, sa fille adoptive connue pour sa magie capable de causer les plus gros désastres ainsi que son passé somb...