Chapitre II - Un sacré numéro

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Pdv Lyam

Je pris sa main tendue. Impossible de réfréner mon sourire en coin alors que je le reconnaissais. C'était le mec dans lequel j'étais rentré une semaine plus tôt. Je pris le temps de le détailler.

C'était un vrai canon, réputé pour être inaccessible, froid et strict dans ses directives, mais aussi comme quelqu'un qui faisait du super boulot et qui avait redressé l'entreprise qui était en faillite en seulement quelques mois. Ce mec était connu tant pour sa beauté que son intelligence.

Ses yeux me sondèrent. J'avais remarqué déjà la première fois que ses pupilles n'étaient pas normales, elles étaient de glace. Un bleu limpide, presque transparent, ils contrastaient magnifiquement avec sa crinière brune - il n'y avait pas d'autre mot pour désigner ses cheveux ébouriffés - lui donnait un air sauvage. Sa bouche était pleine et boudeuse, sa mâchoire carrée et parfaitement rasée. Ses épaules robustes montraient qu'il était bien bâti mais fin en même temps.

Je gardais sa main quelques secondes de plus que nécessaire. Il la retira, agacé, pour la passer dans ses cheveux.

Victor Keller affichait un sourire confiant. Cet homme était très fort pour pour négocier et recruter. Il était venu dans l'amphithéâtre, quinze jours plus tôt, dans lequel se passait mon dernier cours de l'année, économie, avec une demande un peu particulière.

Il avait débarqué sous les yeux écarquillés du professeur et s'était adressé à lui avec aisance, comme si tout était parfaitement normal, et lui avait demandé qui était le major de promo. Le professeur ayant reconnu Monsieur Keller avait soufflé bruyamment avant de crier mon nom, qui résonna dans l'amphi suite au silence qui avait accueilli Monsieur Keller. Ma sieste dérangée, j'avais braillé un agréable "Merde qu'est-ce qu'il se passe ?", quand toutes les têtes s'étaient tournées vers moi. Victor Keller avait réussi à m'embarquer on ne sait comment dans sa voiture afin de me proposer un contrat.

Son chauffeur affichait un rictus moqueur et n'étant pas le moins du monde choqué par ce mini kidnapping. Nous avions donc négocié, ma vulgarité et mon franc parlé ne l'avaient pas dérangé une fois.

Je n'avais aucune raison de ne pas accepter ce qu'il m'offrait, son entreprise était connue et visée par de nombreux étudiants. L'arrivée de son neveux à sa tête qui avait redressé la boîte et avait évité la banqueroute ne rendait cette entreprise que plus intéressante. Le père de Matthew Keller était mort dans un règlement de compte d'un quartier mal famé, protégeant une femme et sa fille. Cela avait fait la une des journaux pendant plusieurs mois, remplacé ensuite par des photos et articles sur Matthew, surnommé "la beauté froide" et grand sauveur des affaires.

Et justement, cette beauté froide arborait une mine renfrognée qui voulait tout dire, il n'était pas ravi de me revoir.

- Victor, je n'ai pas besoin de ...

- Les contrats sont signés, coupa l'oncle.

Matthew grimaça. Puis son regard se tourna vers moi, peut être pour se rassurer et se demandant certainement si j'étais apte à faire le travail qu'on me confierait. Il sembla réfléchir quelques instants.

- Bon, très bien, lança t-il vaincu, mais il y a une période d'essai d'un mois. Si son travail ne me plaît pas, le contrat est rompu.

Victor accepta sa condition d'un hochement de tête, un sourire satisfait sur les lèvres.

- Bien les jeunes, je dois y aller, je retourne en Chine pour de nouvelles affaires. Matthew, je te tiens au courant.

Victor était quand même un homme strict.

Matthew me regarda du coin de l'œil, ne sachant pas quoi faire de moi. Il se décida enfin à bouger et je le suivis jusqu'à son bureau. Les bureaux des employés étaient ouverts, un couloir passant entre, jusqu'à la pièce au fond, le fameux bureau.

La pièce était grande, un bureau en bois devant la grande baie vitrée qui donnait sur Seattle donnait une grande luminosité. La pièce était blanche, une plante dans un coin et c'était tout. Sobre.

Une heure plus tard je me demandais vraiment ce que je foutais là, j'étais sur le point de m'endormir tellement c'était chiant. Le visage dans la main je le regardais en somnolant pendant qu'il débitait un monologue impressionnant. Il venait de passer à la place de l'entreprise sur le marché pharmaceutique et c'en fut trop. Je baillais.

- Nan mais mec tout ce que tu me dis je le sais déjà.

Le PDG releva la tête, surpris.

- Attends quoi ? Tu veux dire que ça fait une heure que je t'explique tout ça pour rien ?

Il s'en foutait que je le tutoie et sois mal poli. Je penchais la tête en m'étirant.

- Ouais, ça avait l'air passionnant au début.

Il se frotta les yeux en s'enfonçant dans son siège.

- Mais bon sang, il fallait me couper plus tôt, je n'ai pas le temps pour ces conneries. Donc tu sais déjà tout ?

- Ouais, c'est moi qui ai changé les documents de ta réunion.

Ses traits se figèrent. D'un coup il eut l'air d'avoir envie de m'étrangler. Je faisais cet effet aux gens. Mais chose impressionnante il se détendit en quelques secondes. Il était IM-PA-SSI-BLE.

- C'était vraiment pas mal. Mais la prochaine fois, préviens.

Je restais sur le cul. Il ne m'engueulait pas, n'hurlait pas, avait un sang froid à toute épreuve. Ce gars là venait d'une autre planète.

Il se leva et me tendit la main.

- Bienvenue dans Keller Industrie. A la moindre erreur je te fous dehors.

Je me levais à mon tour, sourire en coin.

- ça a le mérite d'être clair.

Cette poignée de main scella quelque chose de grand. Ce mec me troublait, il avait quelque chose qui m'attirait. Sa carapace peut-être, ou son côté froid. Quelque chose de mystérieux émanait de lui, et j'étais bien déterminé à voir au-delà. J'allais me tenir à carreau pendant ce mois d'essai, Matthew Keller n'avait qu'à bien se tenir.

Heart to Heart [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant