(15/09/17)

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MAIS POURQUOI ?????!

Pourquoi je ne sais pas me taire, pourquoi mes personnalités peuvent parler ??! Parfois, l'idée de les rendre muets me traverse l'esprit, me susurrant que je pourrais enfin me reposer ... Et je chasse aussitôt cette idée atroce. Priver quelqu'un de sa voix juste pour mon misérable petit égoïsme me révulse. De toute façon, ils sont ma famille, ils sont une véritable part de ma vie et ma source d'inspiration constante.

Mais, ils ont beau être la lumière de ma vie, ça ne m'empêche pas d'être en colère. Surtout lorsque j'ai expressément demander de la discrétion sur les nouvelles marques. Mais non, il a fallu qu'ils parlent, qu'ils montrent et expliquent. Bon, je dis "ils" mais cette colère est dirigé contre Jamy. Il a beau être mon précieux frère, la personne pour laquelle je donnerais ma vie sans la moindre hésitation, je SAVAIS qu'il le dirais à Félix. Il me l'avais DIT. Alors POURQUOI est-ce que je l'ai laissée y aller et tout déballer ? Parce que je suis une ABRUTIE.

Être amoureux, ça rend faible. Du moins, selon les dires de Madness. Si d'habitude, je suis en désaccord et je l'embête un peu en répétant que l'honnêteté dans un couple est importante et blablabla ... Mais aujourd'hui, et pour une fois, je suis assez d'accord avec elle.

L'honnêteté dans un couple ? Bullshit.

Je savais que je n'aurai rien du dire. Pour le protéger. Pour ne pas le faire souffrir. Pour qu'il ne voit pas que ça lorsqu'il regarde mes bras, lorsqu'il peut apercevoir mes cuisses. Pour ne pas voir ses yeux bleus s'assombrirent, même un instant.

MAIS. Mais, il s'avère que lorsqu'on se scarifie, on en paye les conséquences. Je savais, bien sûr, que ça ne serai pas très discret, oui. Je savais, évidemment, que si il le découvrait, je me ferai engueuler. Et je savais, forcément, que je serais obligée de promettre de ne plus faire ça à nouveau, sous peine de très nombreuses remontrances ponctué de regard déçu.

MAIS. Mais pourquoi, dans toute la connaissance que j'ai des autres, de moi et du monde autour de moi, je n'ai pas envisagé une seule seconde l'impact sur mon entourage ? Les regards qui s'assombrissent, les yeux qui se perdent, les voix qui se cassent, les mots qui se brisent. Tout ça, a aucun moment je n'y ai pensée. Pour cause, j'étais sûre, tellement sûre d'être insignifiante que je n'ai pas songé une seule seconde que des gens m'aimaient et ne voulais pas me voir comme ça. Mutilée.

Mais ce qui est fait est fait. J'avais des plaies sur le corps et mes proches le découvraient. Ma sœur l'avait découvert seule, quelques jours après ma Deuxième Fois. Félix l'avait su par Jamy. Certaines personnes du lycée, par hasard ou par proximité. Colline ne le savais pas encore. Et moi, j'avais l'impression d'avoir tout foiré. Pourtant, les plaies étaient la seule chose qui dépeignaient mon mal être.

Mais pour ceux que j'aimais, je m'empêchais de vomir après les repas.

Pour ceux que j'aimais, je m'empêchais de faire des crises et des malaises.

Pour ceux que j'aimais, je m'empêchais de sécher, de crier, de frapper.

Pour ceux que j'aimais, j'étais sage et je gardais cette haine, cette douleur et cet atroce besoin de me laisser aller à l'intérieur de moi.

Et ça ne suffisait pas. Mes idées noir m'embourbaient dans cette masse noir gluante, me privant d'air, de mouvement, des autres. Un goudron de solitude, une marée noir de dépression. J'étais donc incapable d'être heureuse ? Incapable d'être là, en vie, sans ces saloperies sur mes bras ? Incapable de survivre, tel une junkie sans sa dose d'endorphine ?

C'était injuste. Injuste parce que j'essayais tellement fort, tellement ... Et je ratais. Je finissais par y revenir, revenir à ce besoin morbide de me faire du mal.

Parce que, paradoxalement, ça me faisais un bien de fou.

Parce que je pouvais, enfin, ressentir comme tout le monde, de manière bien plus normale, de manière bien plus rassurante et de manière bien moins douloureuse.

Parce que, comme ça, j'étais moins bipolaire, moins dépressive, moins anxieuse, moins fatiguée, moins empathique. Mais je savais que je ne pourrais pas continuer comme ça. Que je ne pouvais simplement pas tirer sur les nerfs des gens que j'aimais avec ça, avec la peur d'en voir de nouvelle. Je ne pouvais pas leur infliger ça.

J'ai besoin d'être soignée, je le sais, mais comment soigner quelque chose que même les médecins ne connaissent apparemment pas ? Vous avez quatre heures.

Carpe Diem !Where stories live. Discover now