Bonjour, je suis une merde ...
Sérieusement, non, je ne m'aide pas. Des nouvelles marques, ce coup si, bien plus violente qu'à l'accoutumée. J'en avais des nouvelles et sérieuses cette fois. Sur mon avant-bras gauche, sur mes cuisses aussi ce qui ne fait rien de bien nouveau. Mais, sur mon épaule gauche, ça, c'était neuf. Une peau tendre, jamais abîmée, pas même en trois ans de dépression nerveuse. Une merveille. Ben plus maintenant. Plus de peau douce et lisse, plus de jolie peau hâlée. Maintenant, quelques marques apparaissaient sur cette peau neuve et les marques rougeoyaient comme des petites braises incrustées à même ma peau. Sauf que les braises, ça brûle, c'est magnifique et ça sent le feu. Et les seuls points communs que mes plaies ont avec des braises, c'est qu'elles sont rouges et qu'elles brûlent. Petites saloperies rougeâtres.
Bon, vu comme ça brûle, j'irais à l'infirmerie dès que la cloche sonnera. Non mais parce que, si vous voulez, je ne peux presque pas poser mon bras sur mon bureau tant j'ai mal à cause de ces conneries. Le seul point positif de l'histoire, c'est que Jamy dors et que les autres ont interdiction de l'ouvrir à ce sujet. Donc, je ne me suis pas encore fait engueuler.
(11 : 15 h)
Bon, on est trois heures plus tard, je me suis fait engueuler par l'infirmière, elle va appeler ma psychologue, je vais avoir des problèmes, merde. Plus sérieusement, je sais. J'ai besoin d'aide. Je ne peux pas continuer à me scarifier, je vais finir par me tuer (ce qui peut être un objectif en soi mais merde c'est pas le but premier). J'avoue que là, je suis tentée par la semaine d'hôpital. Vraiment. Passer une semaine là-bas, en début d'année, pour ne pas trop manquer me paraît préférable que de me faire interner en urgence à la fin de l'année parce que j'aurais fait une énorme connerie et louper mes examens. Ce serait vraiment, mais vraiment stupide et je voudrais ne pas recommencer une année pour ça. Ou aller bien, aussi. Mais là, tout ce que je suis, c'est une junkie qui vit dans l'attente de sa prochaine dose.
Être dépendant, c'est un problème.
Être dépendant de quelqu'un, c'est accepter de s'exposer.
Être dépendant de quelqu'un, c'est lui donner accès à des faiblesses.
Être dépendant de quelqu'un, c'est lui donner du pouvoir.
Être dépendant de quelqu'un, c'est être faible, fragile.
Et je suis faible. Non, en fait, non. Je ne suis pas faible, je suis même très forte sur ça, mais je ne me laisse aller à être faible qu'avec une seule personne. Je ne suis fragile qu'avec lui.
Qu'avec Félix.
Bon, parfois, j'essaie de me dire que j'ai merdé ... Mais j'y arrive pas. Pour rien au monde, je ne pourrais me dire que j'ai merdé, que j'ai des regrets. Parce que j'en ai pas. Pas envers lui, du moins.
J'ai des regrets stupides.
Je regrette de pas envoyer chier Raphaël, par exemple.
Je regrette de corrompre Colline G. pour gagner un pari débile.
Je regrette des mots, regrette mon manque de courage.
Mais, je ne regrette certainement pas d'avoir rencontrée Félix.
D'être devenu son amie.
De devenir une des personnes les plus proches de lui, voir la personne la plus proche de lui.
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Carpe Diem !
JugendliteraturCeci est la triste histoire de Violette Luter, une jeune fille qui essaie de s'en sortir, et qui écrit un journal au jour le jour. Elle y écrit sa vie, ses réflexions, ses rêves et les événements digne d'un manga qui lui tombe dessus, les problèmes...