Le fantasme de Côme

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Cette fois-ci, Wallace avait les bras croisés sur sa poitrine et inspirait en tapant du pied tandis que Côme lui, essayait d'attraper le sac de sa nouvelle compatriote.

-Bon Côme,c'est pas que t'es lent, mais...

Le concerné jeta un regard faussement hautain, imitant un vieil emmerdeur du genre à faire bouger tout un wagon pour qu'il ait le bon numéro de place. ça sentait le vécu.

Wallace pouffait. Pas comme Laura. C'était un rire sincère, elle avait envie de rire. Elle ne croyait que très peu aux rencontres et encore moins aux belles. Alors se retrouver à rire, - WO LE PROGRÈS - avec un inconnu -WO, LE PROGRÈS BIS - rencontré sept heures plus tôt. C'était ce qu'elle aimait avec les rencontres de personne qu'elle appréciait, c'était de le reconnaître.

Côme lui tendit son sac, bras tendus, tout sourire.

- Veuillez vous retourner mademoiselle. La jeune femme sauta pour se retrouver dos à son acolyte. Elle tendit les bras tandis que le jeune homme était concentré sur sa tâche. Il passait soigneusement la première bretelle, puis la seconde et fit en sorte de ne pas lâcher le poids d'un coup.

La fille de la place 27 se retourna et lui sourit. Il avait les yeux rieurs, en voyant le sac disproportionné sur le corps fin de ce qui lui paraissait être une connaissance, maintenant. Wallace n'était pas bavarde. Mais ça ne l'empêchait pas de tenir de longues discussions. Elle paraissait plus ou moins à l'aise. Souvent plus moins que plus. Surtout quand arrivés à Londres, Côme lui avait proposé de manger un peu avant de prendre leur train. Elle avait un peu rougi et avait répliqué : " - Qui me dit que tu n'es pas un sociopathe qui m'endormira avec du dissolvant quand je mangerai mon bagel ". Et il l'avait entraînée d'un rire vif, qui fit sentir bien Wallace.

À présent, sur le quai de Glasgow, elle s'apprêtait à lui lancer un sourire, il avait vu des yeux un peu désolés de devoir partir. Elle était sur le point de lancer un " j'ai passé un très bon voyage" mais on l'appelait. Elle jura. Elle s'éloignait tandis que l'écossais de Bretagne la regarda gravement, sans savoir la raison de son énervement au téléphone. Elle jurait et frappa la poubelle qui était devant elle et s'enfuit dans les toilettes.

D'un coup, Côme s'affola. Sans trop savoir pourquoi. Il attendait cinq minutes, s'asseyait à dix et commença réellement à s'inquiéter aux quinze. Et il s'inquiétait. À vingt minutes, il se leva impatient, mais surtout inquiété.

Il poussa la porte des toilettes dédiées aux femmes et restait calé dans l'embrasure. Quelques secondes et la jeune femme resurgit devant lui.

- Wallace tu...

Il allait faire une remarque sur l'état dans lequel elle était, mais il se retrouva soudainement avec une Wallace autour de lui. Il n'avait eu le temps de rien. Il avait été déstabilisé par une telle force de sa part. Il lui souffla un "Hey viens là" (même si elle était déjà enfouie dans ses bras.), mais c'était doux et elle en avait sûrement besoin pensa-t-il. Il n'osait pas interrompre son rôle de mouchoir vivant qui durait déjà depuis plusieurs minutes. Mais ça ne le dérangeait pas, il trouvait ça amusant d'un côté.

-Wallace

-Hmmmmm. Grogna-t-elle la tête plantée (littéralement) sur le torse de Côme. Il sourit retenant un rire.

-Pourquoi tu te mets dans cet état là ?

-Hmmmmm. Elle le serrait d'autant plus tandis que Côme toussait et ria. Il accorda encore quelques minutes d'affection à son acolyte comprenant qu'elle en avait VRAIMENT besoin. Mais comment se pouvait-il, que lui, Côme pouvait donner un câlin à une rencontre d'à peine une demi-journée ?

-Wallace. Chuchota-t-il. Tu m'étouffes.

Rien, pas de ronchonnement.

-J'ai pas envie de dégueuler mon bagel steuplait. Et il l'entendit rire. Elle se recula, se frottait les yeux et baissa ces derniers au sol en soufflant un "désolée".

Il la regardait longuement et devina dans sa gêne qu'on l'avait lâchée au dernier moment. Il le sentait à trois kilomètres. Il pensait avec le vécu.

- Ma voiture est sur le parking. Affirma-t-il en concevant sa phrase qui aurait pu avoir des allures de réplique de pédophile. Et d'un coup comme ça, elle redevint triste.

-Crinan n'est pas loin de chez-toi, je te ramène. Une heure et demie, c'est rien. Et puis j'ai passé du bon temps dans le train alors je passerai encore deux bonnes heures en ta compagnie.

Il avait pensé trop fort et voilà que les oreilles de Wallace rougissaient. BRAVO DU CON SUPER ! Se répétait-il. Elle baissa les yeux et lui, se passa les mains sur son visage fatigué. Elle était encore près. Et comme ça, dans une lancée affective, il l'a pris dans ses bras l'embrassa les cheveux.

- En plus, j'ai réalisé mon fantasme de gosse. Elle s'éloignait pour le regarder avec un sourcil rieur.

- Je suis rentré dans les chiottes pour femmes.

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