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Habillée d'un simple jean Levi's, ainsi que d'un pull noir, je monte mes cheveux en queue de cheval, et je me maquille très légèrement. Dans ma trousse de maquillage, j'ai retrouvé un rouge à lèvre, très discret, qui a le goût de la cerise. C'est marrant, c'est pourquoi j'ai décidé de le porter ce soir.

Je range rapidement mes affaires, puis je retourne dans le salon, où les garçons sont en train de mettre leurs manteaux, ainsi que leurs chaussures. Je les imite, juste avant d'attraper mon téléphone pour le glisser dans ma poche.

« C'est partit les enfants, » rit Michael en nous faisant sortir de son appartement.

Nous ne sommes qu'à seulement quatre heures de cette nouvelle année. J'ai plein d'espoir pour celle-ci. Je suis confiante. Cette nouvelle année me permettra de repartir sur de bonnes bases, d'essayer de construire quelque chose de nouveau.  Et je sais que ce sera possible grâce à toutes ces personnes qui m'entourent.

Ça aussi, c'est une chose que j'ai apprit au centre : j'ai apprit à ouvrir les yeux sur qui m'entourait. J'étais — et je suis — focalisée sur les personnes absentes, et manquantes, de ma vie. Il y en a plusieurs, mais, comme disant Alice, ce n'est pas ces personnes que je dois mettre au premier rang. Je dois m'autoriser à y penser, parce que j'en ai le droit, mais elles ne doivent pas nuire à ma vie. Chaque absence de chaque personne est différente, mais je sais très bien qu'il y a des — ou un — cas particuliers.

C'est Connor qui prend le volant pour nous conduire jusqu'à la salle des fêtes que Aaron m'a indiqué, par message. Étant assise sur le siège passager, je mets mon téléphone en Bluetooth, et je fais défiler une playlist  qui va des chansons les plus récentes, aux plus anciennes. Durant ces vingt minutes de trajet, nous n'avons pas arrêté de chanter, de parler, de rire, et même de danser.

Et j'assure, très sincèrement, que voir Connor se tordre sur son siège en chantant les Spice Girls, est une des choses les plus drôles au monde. Michael est du même avis que moi, j'en suis persuadée.

****

Le parking de la salle des fêtes est remplit, c'est pourquoi nous mettons du temps à trouver une place, sans jamais s'arrêter de rire. Cette soirée du premier de l'an s'annonce inoubliable. Je suis tellement contente de pouvoir la partager avec eux.

« Si Mademoiselle veut bien se donner la peine, » Connor m'ouvre la porte en se penchant en avant.

En souriant, je joue le jeu et descends de la voiture comme si je tenais ma robe imaginaire pour ne pas qu'elle touche le sol. Michael nous rejoint, et nous marchons jusqu'à la grande porte ou quelques personnes y sont rassemblées parce qu'elles sont en train de fumer, ou tout simplement, en train de parler.

Nous passons devant eux ; c'est Michael qui entre en premier dans la salle. Je sens une légère pression dans le bas de mon dos pour m'inciter à avancer, et je sais que ce n'est personne d'autre que Connor. J'avance donc, en essayant de repérer soit Aaron, soit Jane, du regard.

Et quand j'en ai trouvé un des deux, j'attrape machinalement la main de Connor pour le tirer vers moi, et ne pas le perdre parmi toutes ces personnes, durant notre marche pour rejoindre Aaron, contrairement à Michael, qui a déjà disparu.

« Aaron, » l'appelais-je en levant la voix par dessus la musique déjà assez forte. Il se retourne et m'étreint chaleureusement, avant de se tourner vers Connor et... Michael.

Il ont déjà des verres dans les mains.

« Tu n'as pas perdu de temps, » soulignais-je en attrapant le verre qu'il me tend.

Il me tire la langue avant que je baisse la tête vers mon verre. À l'odeur, je dirais que c'est du jus d'orange.

« Alors, Aaron, je te présente Connor et Michael, » je fais des gestes entre eux, et Aaron qui lui, hoche la tête.

« Et bien, je suis content d'enfin faire votre connaissance, » sourit Aaron tandis qu'il leur serre la main, « j'ai entendu des tonnes de choses sur vous. »

« C'est pas vrai, » Michael pose sa main sur son front, « qu'est-ce que tu as raconté encore ! » s'exclame t-il sur un air dramatique.

Connor s'avance un peu plus d'Aaron pour faire comme s'il lui disait un secret, et c'est à ce moment là que j'ai réalisé que nos mains étaient toujours l'une dans l'autre.

« Je ne sais pas comment vous avez fait pour la supporter. Elle est ingérable. » dit-il, le coin de sa lèvre se levant vers le haut quand j'essaie d'écraser ses doigts à l'aide de ma main, mais en vain.

« On s'y habitue, je suppose. »

Aaron hausse les épaules.

« Hey, je suis toujours là, » râlais-je en souriant, malgré moi.

Je suis rapidement enveloppée de bras, et serrée fortement. Je reconnais rapidement la personne puisque son parfum n'est rien d'autre que celui de Jane. Je lâche alors la main de Connor pour pouvoir enlacer correctement mon amie, en faisant attention à ne pas lui renverser mon verre dessus.

« Voici Connor et Michael, » répétais-je pour elle, avant qu'elle ne se penche vers eux pour qu'ils se fassent la bise.

Juste après qu'ils aient échangés quelques mots, Michael attrape Connor par le bras, le faisant reculer de deux ou trois pas, s'éloignant tous les deux de moi. Je fronce les sourcils en les voyant faire, et je commence à me poser des questions quand le visage de Connor ferme, et que Michael semble s'affoler.

« Je suis tellement contente que tu sois venue, » fait la voix de Jane jusqu'à moi, ce qui me fait tourner la tête de nouveau vers elle, « je ne pensais pas que tu te déciderais à le faire. »

J'hausse les épaules, « vous m'avez beaucoup manqué et plus vite j'affronte mes peurs, plus vite je peux les vaincre. »

« Ça me fait plaisir de t'entendre dire ça, » elle me serre une énième fois dans ses bras, « j'ai toujours su que tu y arriverais, quoiqu'il arrive. »

Un rire, près de nous, attire mon attention. Il m'a totalement déstabilisée puisque je le connais. Je connais ce son, tout comme cette voix. C'est un rire qui est sûr de vous faire rire si vous l'entendez. Je le reconnaîtrai entre milles.

Et quand je le vois passer un peu plus loin de moi, avec ses cheveux mi-blonds et mi-bruns, je tourne brièvement ma tête vers Jane qui elle, sourit de toutes ses dents. Elle sait que je suis maintenant au courant que Niall est ici.

Et soudain, mon coeur se met à battre un peu plus fort. S'il est là, ce n'est pas pour rien. Et il n'est certainement pas venu ici, seul. Je sais qu'il est quelque part dans la salle. Je ne l'ai vu que quelques secondes hier, au café, puisque je suis partie en courant, et qu'à ce moment là, j'avais le choix.

Contrairement à ce soir.

« Il est là ? » demandais-je à Jane, paniquée. Une main passe de haut en bas dans mon dos, sûrement pour me réconforter, je n'en sais rien. Quand je tourne la tête, Michael me sourit.

Connor, en revanche, n'est plus là.

« Il est là. » répète t-elle en confirmant mes pensées, suivit d'un hochement de la tête.

« Pourquoi ? » je lâche simplement, en jonglant entre ses deux yeux.

Je ne suis pas capable de me fâcher avec elle ce soir, à cause de ça, mais aussi à cause du temps qui nous a séparées. Elle a pensé faire bien ; je ne peux pas lui en vouloir. Et puis, si je veux tant devenir une adulte responsable, il va bien falloir que je lui fasse face un jour ou l'autre.

Mais ce fut un tout autre discours quand j'ai tourné la tête pour pouvoir regarder le visage de Michael, et essayer de trouver quelque chose comme de l'aide, au près de lui, mais que ce sont ses deux émeraudes que j'ai aperçu de loin. Ses yeux étaient bloqués dans les miens ; c'était les secondes les plus longues de toute ma vie. Cependant, ce n'est pas ça qui m'a le plus heurté : ce sont ses cheveux, et le fait qu'ils ne soient plus longs. Je dois cligner plusieurs fois des yeux pour pouvoir me convaincre que c'est bien la réalité.

Et, Seigneur, cette nouvelle coupe de cheveux, ainsi que cette chemise noire à manches courtes qui laisse apparaître ses nombreux tatouages sur ses bras musclés, ne me laisse pas indifférente. Bon sang.

« Il est peut-être temps de briser la glace, tu ne crois pas ? »

thank you - hs. (III)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant