2. Vérité

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Mon sac pendait le long de mon épaule tandis que je marchais sur le trottoir abîmé pour rentrer chez moi. J'avais, encore une fois, mal partout. La bande de Fred s'était jetée sur moi ce midi et m'avait frappé à tous les endroits possibles, sauf au visage. Encore une fois, personne ne m'avait aidé.

Même pas Anna.

Je me souvenais de ses profonds yeux bleus fixés sur moi. Je me souvenais de sa bouche crispée et de ses mains serrées autour des bretelles de son sac à dos. Je me souvenais de ses longs cheveux noirs retombant devant son visage.

Si elle voulait m'aider, pourquoi n'avait-elle pas réagi ? Pourquoi ne s'était-elle pas interposée entre moi et les autres ?

Tout cela n'avait aucun sens...

Les surveillants étaient peut-être intervenus, mais c'était trop tard. J'avais déjà reçu de nombreux coups. Et quand ils avaient voulu me questionner, je m'étais enfui. J'étais lâche, oui. Fred et ses acolytes avaient dû sûrement déblatérer un flot de mensonges puisque l'on m'avait laissé tranquille.

« Ces brutes savent manipuler les gens », pensai-je.

J'arrivai enfin à mon adresse. Je toquai – n'ayant pas les clés – et ma mère ouvrit en souriant.

— Léo ! Alors, comment s'est passée cette journée ?

Aussitôt, un sourire forcé apparut sur mes lèvres.

— Oh, très bien. Le prof de français a rendu les contrôles et j'ai eu 16 puis on a fait sport, tout ça...

Encore un mensonge. Ma vie s'était résumée à ça : mentir, souffrir, mentir, souffrir... Quelques fois « espérer » pouvait s'incruster mais cela, seulement quand je voyais Anna.

Je rentrai et montai dans ma chambre après avoir salué mon père assis sur le canapé. Je jetai mon sac dans un coin et, quand mes yeux se posèrent sur mon lit, un cri de surprise faillit s'échapper de mes lèvres.

Il y avait un bout de papier posé sur la couverture blanche. Une enveloppe, plus exactement, une enveloppe qui affichait mon prénom, Léo, d'une écriture fine et parfaite qui m'était très familière.

C'était l'écriture d'Anna.

Comment était-ce possible ? Comment Anna aurait pu déposer cette lettre sur mon lit ? Sachant que quand mes parents trouvaient du courrier pour moi, ils le posaient sur la table du salon...

Les questions se bousculèrent dans ma tête à un rythme effréné. J'étais comme paralysé par cette vision et m'approcher pour regarder ce qu'il y avait à l'intérieur m'était impossible.

Après quelques minutes de panique, je respirai lentement pour me calmer. Je marchai finalement dans la direction du lit en saisissant le papier du bout des doigts. Ceux-ci tremblaient tandis que j'ouvrais le message.

Salut, Léo.

Tu dois te poser beaucoup de questions.

Pour l'instant, lis simplement ces mots.

Je suis désolée de ne pas avoir fait quelque chose tout à l'heure... Et toutes les autres fois d'ailleurs. Mais tu comprendras la raison plus tard.

Je l'espère.

Je voudrais simplement te demander de ne pas plonger dans la dépression.

Anna.

Une lettre aussi mystérieuse que la première qui ne m'apprenait rien de plus. Elle me demandait de ne pas sombrer en dépression ? Mais je l'étais déjà. La seule chose qui m'empêchait de me suicider c'était...

Elle.

J'étais toujours aussi perplexe. Plongé dans mes pensées, je fis tomber la feuille et je remarquai un détail étonnant. Il y avait quelques mots griffonnés au dos du message.

Vendredi soir à 18h00.
Parc de la ville.

Un rendez-vous. Pour moi ? Mais alors pourquoi l'avait-elle écrit au dos ?

Vendredi... C'était aujourd'hui. Et il était déjà 17h30. Sautant de mon lit, je fourrai le mot dans la poche de mon jean, pris mon sac et sortis en trombe de la maison en marmonnant à ma mère que j'allais dormir chez un ami. Elle ne me posa pas de questions, plongée dans son livre de cuisine.

Il faisait presque nuit. Le ciel se teintait doucement de noir tandis que je courrai rapidement, sachant que le parc était au moins à vingt minutes de chez moi.

J'allais enfin découvrir la vérité sur Anna.

AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant