Chapitre 11

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          Règle N° 6: Ne pas rester enfermé avec ses idées noires

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          Règle N° 6: Ne pas rester enfermé avec ses idées noires.

          Je n'ai presque pas fermé l'œil de la nuit. Hier non plus. J'ai beau me tourner et me retourner, impossible de trouver le sommeil. Le film des derniers événements défile en boucle dans mon esprit. Le souvenir de mes échanges avec Karl et Simon me poursuit dans le noir, les images me pourchassent jusqu'au fond de mon lit. La tisane n'a eu aucun effet soporifique sur moi. Le lait non plus. Les effets de mes nuits blanches commencent à se faire sentir. Mes paupières sont lourdes et douloureuses. Ma tête va exploser.

Depuis deux jours, nous restons cloîtrées dans la maison à ruminer nos soucis. Nous sommes emmurées dans nos angoisses et nos interrogations. Heure après heure, nous nous enfonçons peu à peu dans une lente déprime, inexorable, attendant un miracle qui ne daigne pas venir.

Je suis à deux doigts de craquer. Amy, elle, a déjà baissé les bras. Elle s'est installée dans ma chambre. Il est quasi impossible de l'en faire sortir. Elle semble avoir perdu toute énergie. Moi, de mon côté, j'ai perdu ma force combative. L'aveugle et le boiteux, voilà ce que nous sommes devenues. Je me sens terrassée par le découragement. C'est le début de la fin.

J'étouffe un soupir. Je ne sais plus quoi faire. Je m'efforce de réfléchir. Réfléchir me fatigue. Je suis épuisée. Je soupire à nouveau... de lassitude. C'est moi qui devrait être la locomotive, je suis finalement l'avant-dernier wagon du train.

Après de vains efforts pour cesser de cogiter, tiraillée, irritée, désorientée par mes tourments, je descends à la cuisine pour une petite visite de la cave à vin. Je compte sur un petit verre de rouge pour m'aider à m'endormir. Après tout, ça n'a jamais fait de mal à personne. L'important c'est de ne pas en abuser.

Avachie sur le sofa, je sirote mon verre ... et un deuxième au passage. Je demeure seule avec mes pensées, méditant avec cynisme sur la vie et ses revers, sur la complexité de l'âme humaine. Une amère désillusion s'empare de moi. Je résiste à l'envie de fermer mes paupières. Je songe avec amertume au lendemain. Je ne me fais aucune illusion. Je m'attends à tout, maintenant.

Les jours se suivent et se ressemblent, avec leurs lots de mauvaises surprises et de problèmes. Demain ne sera pas l'exception. Juste un jour de moins dans le calendrier et un jour de plus qui nous rapprochera du départ. J'éclate d'un rire amer... avant de fondre en larmes. Quelques minutes plus tard, je finis enfin par m'endormir sans m'en rendre compte.

À mon réveil, le soleil est déjà haut dans le ciel. Pas un bruit ne filtre de l'extérieur. Je n'ai envie de rien. Je me force à me lever et me traîne jusqu'à la salle de bains. Je croise mon reflet dans le miroir. Des cernes affreuses assombrissent mes yeux. Je me passe un peu d'eau fraîche sur le visage.

Un coup de sonnette retentit. Je pousse un profond soupir. Je n'ai envie de voir personne et encore moins de parler. Rester calfeutrée dans la maison me semble la meilleure solution pour me couper du monde et fuir la souffrance. Ces derniers temps, chaque sonnerie s'avère de mauvaise augure et ouvrir la porte à un visiteur est signe annonciateur d'ennuis. Les problèmes ne me laissent aucun répit. Je n'en peux plus; la coupe est pleine.

HOMELESS SOON ( Disponible maintenant au format PAPIER )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant