Chapitre 2

27 0 0
                                    


Chapitre II/Les chaussons.

C'était une journée comme les autres, au manoir.

Les cris de guerre de mon frère Pugsley et de ma sœur Mercredi me réveillèrent vers 10 heures et demie.

Je sortis de mon lit à baldaquin noir avec difficulté, enfila mon peignoir de soie sombre et traversa le manoir plongé, comme d'habitude dans une obscurité presque complète. Seules les torches par-ci par-là apportaient un peu de lumière dans ce décor lugubre.

J'allais descendre l'escalier de marbre noir lorsque je me rendis compte qu'un poids s'était ajouté à ma jambe gauche. Je baisse la tête et vis Lucifer, le plus petit de mes deux frères, agrippé à ma jambe, qui me regardaient en rigolant.

- Ana, où est mon nours ?, me demanda-t-il les yeux plein d'espoir.

- Je crois que je l'ai vu sur le palier, à côté de la guillotine, Lu.

Il me lâcha et couru à quatre-pattes dans le long couloir sombre. Je le regardais s'éloigner avec un sourire aux lèvres. Qu'est-ce qu'il est mignon mon petit frère !

Je me rendis dans la salle à manger où mon petit déjeuner était déjà prêt.

Morticia, ma mère mangeait ses tripes frites avec délectation tandis que je jetais un regard méfiant à mon assiette. J'avais toujours trouvé que la cuisine anatomique n'était pas terrible, d'autant plus que c'est ma grand-mère qui cuisine et depuis que j'ai trouvé une dent dans mon ragoût, je ne lui fait plus vraiment confiance.

J'ai donc décidé, il y a à peu près un an d'être végétarienne, cela me dispense donc des boyaux dans leur sauce aux champignons ou des estomacs sur un lit de pomme de terre sautées.

Malgré cela, Mamie essaye toujours de me faire avaler ces concoctions à la noix. Je pris donc l'assiette au contenu douteux et la rapporta à la cuisine.

- Je vois que je n'ai pas encore réussi à te faire aimer les bonnes choses, Anabelle. , me dit Mamie.

- Tout dépend de ce que tu appelles « les bonnes choses », Mamie. , répondis-je du tac au tac en posant mon assiette sur la table en bois massif.

J'ouvris mon armoire de choses mangeables et entrepris de trouver les muffins aux myrtilles. Après dix minutes de recherche, il apparut que je n'avais plus le moindre biscuit ou sucreries du matin. Je retournai dans la salle à manger les bras ballant.

- Maman, je vais déjeuner au village.

- Tu passes trop de temps au village, Anabelle. Tu vas finir par aimer faire de la danse classique, jouer du violon et porter du rose. Je m'inquiète pour toi !

Je lui répondis par un demi-sourire. Il y a plus d'un an maintenant, je m'étais découvert une vraie passion pour la danse classique mais je n'avais jamais osé la pratiquer. J'ai décidé il y a une semaine de prendre les choses en mains.

Je devais justement aller chercher mes pointes chez le vieux cordonnier du village. De retour dans ma chambre, j'enfilai des vêtements à la va-vite (je commençais à avoir faim, moi !). Un jean noir troué aux genoux, un top court noir, mes bottines et ma veste en cuir noir cloutée. Je passai un coup de brosse dans mes longs cheveux bruns, presque noirs et les attacha en queue-de-cheval haute.

Un vrai look de rockeuse, j'adore ça ! Je me mis ensuite à la recherche de la clef de mon tiroir secret. Il me fallut dix bonnes minutes pour déplacer la moulure en plâtre et prendre la clef dans le petit trou dans le mur.

Je me dirigeai ensuite vers mon bureau de bois de chêne et ouvris mon tiroir secret, le double-fond du deuxième tiroir à droite. J'en sortis le bon de commande de mes pointes. Je dévalai les escaliers en le mettant dans ma poche et pris une poignée de billets dans le vase destiné à cacher l'argent pour ma nourriture.

Je descendis l'allée du manoir qui traverse le cimetière Addams et poussa le vieux portail en fer forgé.

Je jetai un coup d'œil par-dessus mon épaule, ... pas étonnant que les habitants aient peur de nous ! Le Manoir fait vraiment penser à une maison hantée. J'esquissai un sourire.

Je poursuivis mon chemin en trottinant jusqu'à la boutique de Victor, le cordonnier, pensive.

Victor et son fils, Félix sont les seuls qui n'ont pas peur de moi. On peut peut-être appeler ça des amis ?

Je poussai la lourde porte en bois massif et fis tinter la cloche.

La boutique était exactement la même qu'à mes visites précédentes : le parquet de bois massif tout abîmé par les centaines de pieds qui l'ont foulé, les étagères ordonnées derrière le comptoir pleines de boites de clous, de morceaux de métal, de bouts de bois et de cuir, les nouvelles créations exposées sur des présentoirs en bois sculpté et des rubans de toutes les couleurs qui pendaient le long du mur, suivant les dessins du bois.

- Salut Anabelle ! tu viens chercher ta commande, je suppose ? , dit Félix en passant sa tête par-dessus le comptoir.

- Oui, elle est prête ?, demandais-je, surexcitée.

- Bien-sûr, attends-moi ici. , répondit-il en souriant avant de disparaitre dans l'arrière-boutique.

Félix est un garçon gringalet aux cheveux bruns bouclés mi- longs et au teint foncé.

Mon estomac se mit à gargouiller, il fallait vraiment que je mange. Félix revint avec une boite en velours émeraude.

- Tiens, dit-il, je te laisse regarder.

Je pris la boite et souleva délicatement le couvercle. Je resta sans voix devant la splendeur des chaussons. Ils étaient en soie noire couverts d'une dentelle noire juste magnifique. Les rubans de soie étaient finement brodés. Je leva les yeux vers Félix. Il affichait un sourire satisfait.

- Ils te plaisent ?

- Tu rigoles ou quoi ? Ils sont magnifiques. Je les adore ! Merci pour tout Félix.

Mon ventre émit alors des grognements gênants.

- Désolée, dis-je, je n'ai rien mangé ce matin. D'ailleurs, je vais y aller, je dois remplir le garde-manger.

- Ce n'est rien, t'inquiète. A plus tard alors !

Je lui adressa un signe de la main et sortis de la boutique. Je fis les courses en vitesse et mangea un muffin sur le chemin de la maison.


You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Apr 08, 2018 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Anabelle AddamsWhere stories live. Discover now