Chapitre 3

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La salle d'opération débouche sur un couloir avec d'énormes miroir à la place des murs. Il y a de nombreuses portes portant chacune un écriteau afin de pouvoir les reconnaître. Je m'assure vivement que personne ne traîne dans les parages avant de sortir du bloc opératoire.

Putain qu'est-ce qu'ils m'ont fait ?!

Je reste horrifié devant mon reflet. Mes cheveux normalement blonds sont devenus rouge. Et quand je dit rouge je ne veux pas dire roux. Non ils sont vraiment ROUGE. Mes yeux verts dont j'étais si fier avant sont quant à eux devenus ternes comme s'ils sont dépourvus de vie. En regardant de plus près je remarque que chacun d'eux a un cercle concentrique à la pupille. Je m'éloigne du miroir.

Je... Enfaite ça me va plutôt bien en fin de compte.  Ils sont stylés les yeux. Un peu louches mais stylés quand même.

Je poursuis mon chemin dans le couloir et tombe sur une porte plutôt intrigante. C'est louche tout ça. Cette dernière est en fer blanc et non en bois comme les autres. De plus, aucun panneau n'indique ce qu'il y a à l'intérieur. Après avoir jeté un bref coup d'œil aux alentours pour vérifier qu'il n'y a personne, je m'y engouffre.

Elle est ouverte ? C'est de plus en plus louche là... Je n'ai pas le temps d'y réfléchir davantage, écœuré et fasciné à la fois par le spectacle qui s'offre à moi. Des dizaines de cages contenant des êtres qui gardent à peine quelques traces de leur humanité sont alignées. Ces créatures, plus immondes les unes que les autres s'approchent des barreaux de leurs cellules en me voyant passer. Certaines me regardent avec tristesse, d'autres ayant passé le bras à travers la grille essayent de m'attraper pour faire je-ne-sais-quoi. Ce qu'elles sont laides... !

Je me faufile agilement entre les griffes et les membres déformés de ces horribles prisonniers en réprimant un haut-le-cœur. Arrivé devant une cage plus grande que les autres, je m'arrête.

Une femme qui semble normale, à part l'étrange couleur de ses yeux dorés et sa peau d'un blanc si pâle qu'on aurait pu la confondre avec le fond de sa cellule, y est enfermée. Elle me fixe intensément de ses yeux lumineux. L'inconnue s'adresse à moi, d'une voix claire et mélodieuse.

-Ayden Lawford, je t'attendais.

-Comment est-ce que tu connais mon nom ?

-Je sais beaucoup de choses. Y compris le futur.

-Qu'est-ce que tu racontes ? T'es aussi tarée que les autres choses enfermées là-bas ?

-Rassures-toi, j'ai toute ma tête. Et je n'ai rien à voir avec ces créatures.

-Alors t'es qui?

-Je suis la dernière représentante de mon peuple. La Nymphe Silphyr.

-Une Nymphe ? Il en reste toujours ?

Il y a un siècle, des scientifiques avaient découvert une nouvelle espèce semblable à l'espèce humaine en apparence. Mais il s'est vite avéré que leur intelligence était supérieure à la nôtre. Apeuré, le gouvernement de l'époque avait organisé son extinction. Les nymphes avaient beau être intelligentes, les humains étaient plus nombreux et les ont exterminés. Du moins c'est ce qui était dit.

-Oui -elle me regarde toujours aussi intensément- Ayden, tu as une as une grande mission à accomplir. Tu dois la libérer de l'emprise d'Actius car avec cette maudite entreprise au pouvoir elle court à sa perte. Mon peuple avait autrefois le devoir de te protéger en attendant que tu sois capable de mettre fin à cette association maléfique mais ils ont eu vent de notre mission et ont attaqué notre village tuant tout sur leur passage. Tu n'étais qu'un bébé à l'époque et j'ai réussi à m'enfuir avec toi sur la demande de ta mère qui voulait essayer de sauver notre ville.

-Attends... Je suis une Nymphe ?

-Non pas vraiment. Mais tu n'es pas humain non plus.

-Et ma mère à préféré m'abandonner ?

-Ne lui en veut pas... C'était son devoir en tant que reine. Je suis allée dans un village de la résistance où je me suis réfugiée a pendant 2 ans, mais un jour Actius nous retrouvé. L'enfant d'une des femmes du village était mort le jour même des suites d'une maladie. J'ai fait croire à l'armée que c'était toi et je me suis rendue. Depuis, je suis enfermée ici sûrement grâce à mes pouvoirs.

Un peu sous le choc, je m'assois en silence.

Je n'ai jamais connu mes parents et j'ai abandonné depuis longtemps l'idée de les retrouver où même de remonter à mes origines.

La famille ou j'ai grandi était très pauvre et il était dur de survivre alors nous devions nous débrouiller en faisant des actes pas toujours très légaux. Très jeune, mon demi-frère et moi étions déjà dans une bande du quartier.

Comme je suis rapide et agile j'ai gravi rapidement les échelons et je suis devenu le chef de la bande. J'ai vu de la drogue circuler sous mes yeux, des meurtres d'innocents et des familles démunies pillées et souillées. Mais malgré tout, j'ai fait semblant de ne rien voir et d'être insensible pour me protéger.

J'ai tellement fait semblant d'être froid et distant avec tout le monde que je le suis vraiment devenu. Pour échapper à cette réalité je me suis souvent réfugié dans mes rêves, m'imaginant dans une autre vie.

Mon frère était jaloux de moi mais je ne m'en étais jamais rendu compte. Il a comploté derrière mon dos pendant que je me refermait sur moi. Il a même réussi à retourner un petit groupe de la bande contre moi et ils m'avaient tendu une embuscade.

Je n'aimais pas ma vie mais ce n'était pas pour autant que je voulais mourir. Alors je n'ai pas eu d'autre choix que de me défendre. J'ai essayé d'éviter ça mais j'ai quand même tué mon frère et le reste du petit groupe. Les voisins qui ont aperçu le combat ont appelé la milice qui m'a arrêté.

On m'a enfermé dans plusieurs prisons, mais à chaque fois, des hommes m'ont cherché des embrouilles. Ils m'ont pensé faible à cause de ma carrure, mais à chaque fois, je les ai battu sans le moindre effort.

Ainsi, j'ai été transféré de prison en prison, jusqu'à atteindre celle-ci. Je me suis rapidement fait une réputation. Les autres ayant peur de moi me laissent seul le plus souvent. Je peux donc enfin dormir autant que je le veux. Jusqu'à aujourd'hui. 

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