Prologue

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Ne pas pleurer, ne surtout pas pleurer. Aussi difficile qu'il soit, je me dois de garder mon self-Control, pour ma fierté et ce qui me reste de ma dignité devant lui. Buvant une seconde gorgée de vin, je ne peux m'empêcher de le reluquer de haut en bas. Seigneur. Il n'a pas changé. Toujours aussi séduisant que le diable, encore plus dans ce costume entièrement noir mettant en avant son corps robuste et viril. Ses cheveux mi-long ont poussés lui arrivant maintenant sur les épaules ce qui multiplie son charme en deux. Cette bouche pulpeuse, entourée d'une fine barbe, qui m'a rendu folle de nombreuses fois. J'inspire. J'expire. Mon corps frémit à la simple pensée d'y goûter encore. Je sens une chaleur ardente envahir tous mes sens, après plus de deux ans il arrive encore à me faire ressentir une multitude de sensations contradictoires entre elles. Il m'a tellement manqué. Une malheureuse petite larme coule sur ma joue, alors que je le vois me chercher à travers la foule qui s'ambiance autour de nous. J'efface ma larme du dos de ma main et reprend une gorgée du liquide alcoolisé. Ce soir, c'est la fin. La fin de ma fuite et de cette torture que m'inflige mon coeur. 

Alors que je relève ma tête vers lui, nos regards se croisent enfin. Mon souffle s'arrête, je ne peux m'empêcher d'écarquiller les yeux. Une grande cicatrice traverse sa joue gauche allant jusqu'à la queue de son sourcil. Mon dieu qu'ai-je fait ? Je ne me pardonnerai jamais. Il fronce les sourcils, le rendant aussi effrayant qu'attirant, puis s'avance lentement vers moi, sans détacher yeux des miens. 

 Il m'a enfin trouvé, si on peut dire cela comme çà, puisque j'étais consciente du danger qui m'attendrait en me présentant au mariage de mon frère. Il savait pertinemment que je serais là, quoiqu'il arrive, mon frère étant le seul membre de ma famille qui restait. 

 Je le regarde s'approcher petit à petit, avec un léger rictus au bord des lèvres, en me remémorant de chaque instant que j'ai pus passer avec lui. Ça me fait mal mais bordel qu'est-ce que je l'aimais ! Et d'ailleurs, je l'aime toujours. Mon premier amour. Et certainement le dernier, puisque cette nuit sera la dernière nuit de ma misérable vie. Que pouvais-je espérer de mieux que de mourir entre les mains de celui que j'aime ? Oscar Wilde disait donc vrai... 

Pourtant chaque homme tue l'être qu'il aime,

- Que tous entendent ces paroles !

Certains le font avec un regard dur,

D'autres avec un mot flatteur,

Le lâche, lui tue avec un baiser,

Et le brave avec une épée !

Adam, lui, tue avec un beretta 92. Il n'est ni lâche, ni brave. Mais sans pitié avec les traîtres. Et j'en suis une.

Je ferme les yeux un instant, afin de garder l'esprit claire et ne laisser paraître aucune once d'émotion devant lui. Je ne veux pas qu'il ait un moment d'hésitation. Je ne veux encore moins qu'il pense que je regrette ma trahison. 

J'ouvre les yeux lentement, humant ce parfum que je reconnaîtrais entre mille. Et je vois ses beaux yeux verts me reluquer de la tête au pied. Je lui fais toujours de l'effet. Son regard ne trompe pas, il passe de la haine au désir. Cela peut paraître étrange mais ça me rassure. 

  Nous nous fixons de longues minutes, ne sachant quoi dire ou quoi faire. Enfin, s'il compte me dire quelque chose avant de m'ôter la vie. Puis, un détail me saute aux yeux. Une fine chaîne dépasse le col de sa chemise noire déboutonnée. C'est ma chaîne. Bordel. Il est toujours amoureux de moi. Il m'aime encore lui aussi, malgré ma trahison.  

Alors que nous sommes perdus dans nos contemplations,un de ses hommes s'avance vers nous, comme pour lui rappeler la raison de sa présence. Aussi déconcerté que moi,  il se tourne furieusement contre l'homme et lui ordonne de rester là où il est. Sa voix ne cache pas sa colère. Et j'en suis la cause.

L'homme, effrayé, recule de quelques pas et fait signe de ne pas bouger aux autres. Putain c'est quoi ce bordel ? Il est venu me tuer avec une horde de mafioso ou quoi ?

Puis, il se tourne à nouveau vers moi.

─  M'accorderais tu cette danse Pénélope ? 

Je baisse mon regard vers sa main tendue dans ma direction. Est-qu'il se fout de moi ? Je lui ai fait la pire des crasses, m'ai enfuie loin de lui pendant deux longues années et tout ce qu'il trouve à me dire c'était .. çà ? Je fronce légèrement les sourcils ce qui lui vaut un léger sourire mesquin, rien de bon. 

J'hésite quelques secondes puis pose ma main dans la sienne et nous avançons vers le milieu de la piste.  Je sens son angoisse à travers sa paume, son pouce se frottant au dos de ma main. Alors que je regrette déjà sa proposition, il passe mes bras autour de son cou, m'obligeant à le regarder droit dans les yeux.


─  Pourquoi tu ne me tues pas ?  


Son regard me trouble . Comme s'il avait oublié le temps d'un instant la raison pour laquelle il se trouve ici. Il fronce brusquement ses sourcils épaix, affichant une moue signe de dégoût.



─  Danser avec moi est une torture pour toi ? grogne t-il presque pour lui même. 


─  Quand je sais que c'est la dernière...oui. 


Adam soupire bruyamment. Comme s'il ne voulait pas que la réalité nous rattrape, le temps d'une danse. Comme si je ne l'avais jamais trahi. Et s'il n'avait pas juré à son oncle de me retrouver et de me tuer de ces propres mains alors j'aurais pu croire un instant qu'il me pardonnerait.



─  Ne joue pas l'innocente. Ne joue plus avec moi, me claque t-il au visage, en me tirant encore plus vers son torse.


─  Je ne joue plus. Finissons-en Adam. Tue moi... La seule chose que je te demande c'est de ne pas le faire sous les yeux de mon frère. 

Je baisse le regard sur sa gorge, n'en pouvant plus de supporter son regard ô combien envoûtant, et me surprend à sourire de voir cette chaîne toujours accroché autour de son cou.


─  Regardes moi. Regardes  ce que tu as fait de moi, me gronde t-il.  Je ne vis plus depuis deux ans. Me demandant tous les jours pourquoi. Pourquoi elle m'a quitté. Pourquoi elle a tenté de me tuer. Pourquoi elle m'a trahi ! J'en suis devenu fou Pénélope. 


─  Ordonne leur de me tuer. 


─   Pourquoi Pénélope ? 


Putain non ! Mes larmes me menacent de couler. Ce n'est pas le moment. J'avale difficilement ma salive et je le repousse d'un mouvement brusque qui attire le regard de certains couples autour de nous. 


─   Je t'ai trahi ! Bordel tues moi !! En quoi cela changerait quelque chose que tu le saches ? Il n'y a plus d'issus pour nous deux. Il n'y en a jamais eu !! Jamais Adam ! 






Bonnie a tué Clyde.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant