Commencement

11 0 0
                                    

        Il faisait nuit, comme chaque jour qui passait. J'ouvrais les yeux et guettais cette obscurité vorace qui m'entourait. Le vent soufflait dans les branches fines des arbres qui se trouvaient à perte de vue en face de moi et le froid mordant glaçait mes os recouverts de peu de chair. 
Malgré le vent soufflant, un silence mortel régnait dans cette forêt qui m'entourait. J'avais depuis bien longtemps perdu la notion du temps et chaque jour, mois, année qui s'écoulaient se ressemblaient tous. Je survivais dans cette noirceur permanente, je chassais lorsque l'occasion se présentait sinon je me contentais des maigres herbes et baies qui poussaient alentours. 
        Un jour pourtant, alors que j'avançais de la neige jusqu'aux genoux, l'espoir apparut pour la première fois dans mon esprit sombre.  J'aperçus au loin une lueur différente que celle de la lune.  Celle-ci était bien plus brillante et bien plus claire que le pâle reflet qui avait du mal à percer les nuages épais qui tapissaient le ciel. Je laissais cette clarté soudaine guider mes pas, ne pensant qu'à la possibilité d'arriver dans un endroit plus accueillant que celui qui était devenu mon foyer depuis des mois.  Tant bien que mal j'avançais dans la neige épaisse, le manque de nourriture se faisant ressentir peu à peu, je sentais mes forces s'amenuiser au fil de mes enjambées.
        Quand je pensais m'effondrer je vis au loin un abri de fortune qui semblait me tendre les bras. Un arbre s'était affaissé au fil du temps et promettait un nid rudimentaire certes, mais coupé du vent cinglant de la plaine. J'arrivais enfin à cet arbre et me blottis au sein de son écorce afin de ressentir le moins possible le fouet glacé du vent. La fatigue fit son travail et rapidement je sombrais dans un sommeil dénué une fois de plus de rêves. 

        Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas rêvé que même l'idée de rêve me semblait abstraite. La notion du temps m'échappait, plus j'avançais dans les ténèbres et plus le temps me semblait long. Je ne sais plus quand tout a commencé, je ne me rappelle que cette noirceur sans fin, ce vide et ce silence mais surtout j'ai l'impression que ce  froid mordant était là depuis toujours. Je n'ai aucun souvenir de ma vie d'avant, je ne me rappelle même plus de mon propre prénom ou encore de ma famille (si tant est que j'en ai une). 


TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant