Je restais encore quelques instants au creux de l'arbre qui m'avait servit d'abri de fortune et repartais contre le vent qui s'était remis à souffler. J'avais fait le vide dans ma tête ce qui me permettait de me concentrer sur mon objectif principal de la journée : trouver de quoi me nourrir. La chose n'est pas aisée, il me faut creuser au possible l'épaisse couche de neige afin de pouvoir espérer obtenir de pauvres racines amères et rabougries qui me feront tenir à peine le temps de quelques heures. Pour l'instant je continue de braver cette tempête qui cingle mes joues, déjà rougies par le froid et le vent, dans le but d'arriver à un endroit plus verdoyant.
Cela fait déjà plusieurs jours que je marche ici, avec un horizon totalement vide sur des kilomètres à la ronde. Je suis d'un naturel optimiste mais j'ai l'impression de tourner en rond, tout se ressemble ici, ce sont toujours les mêmes pierres, les mêmes arbres nus, la même étendue blanche que je vois tous les jours. La seule petite chose qui diffère est cette lumière plus brillante que la lune, je la suis depuis des jours déjà mais je n'ai pas l'impression d'avancer.
La fatigue commence à engourdir mes membres, il faut que je me repose, je le sais. Par réflexe je tourne la tête vers la droite puis vers la gauche et c'est ce geste tout à fait naturel qui va me sauver la mise. Du coin de l'œil je vois une ouverture dans la plaine blanche qui m'entoure. J'accélère le pas, c'est bien trop beau pour être vrai, j'ai peur que cette ouverture s'efface, que ça ne soit qu'une simple illusion. Ô joie ! J'arrive enfin à côté de ce trou béant, qui s'enfonce profondément dans la terre. Bien que ça ne soit qu'un simple trou c'est l'abri le plus douillet auquel j'aurais pu rêver au cours de ces derniers mois. Peut-être y trouverai-je des vivres, des habits et qui sait, peut-être une autre personne bien en vie ?
Je balaie d'un geste de la main les doutes qui commencent à faire leur apparition, et préfère ne pas me soucier de ce qu'il pourrait se passer en bas. Avant de m'y engouffrer je décide tout de même de jeter un rapide coup d'œil par l'entrée afin de m'assurer qu'aucun danger ne me guette. Alors, d'un pas décidé j'entrais."A bien des égards la curiosité est un vilain défaut"
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Ténèbres
Short StoryAu commencement nulle lumière pour s'éclairer, nul feu pour se réchauffer. Seuls étaient présents le vent, le froid et l'obscurité.