Ténèbres

Réflexions

        Lorsque j'ouvrais les yeux le ciel était noir, encore une fois. Pour moi c'était devenu chose commune que d'avoir une étendue impénétrable au-dessus de ma tête. J'imagine que l'espace qui s'étend jusqu'à l'horizon devait être bien plus accueillant lorsque le soleil inondait la terre de ses rayons. Le soleil... Son souvenir me paraît si lointain lui aussi, cette énorme boule de feu qui s'est peu à peu faite remplacer par la pâle lune qui orne le ciel. Sans aucun doute je regrette le monde d'avant mais sans souvenirs précis, il me paraît bien plus utopique que celui qui m'entoure aujourd'hui.
        J'ai finis par me faire à l'idée que le monde tel qu'il est aujourd'hui resterait ainsi éternellement, ainsi je ne ferais pas de faux espoirs quant à la possibilité que tout redevienne normal. J'ai l'impression d'être solitaire ici, cela fait longtemps que j'erre ici bas et je n'ai encore croisé âme qui vive ou même de traces qui prouvent que des personnes bien en vie sont présentes ici. J'ai beau me torturer l'esprit je ne rappelle pas la dernière fois où j'ai entendu, même de loin, le chant des oiseaux ou le cri d'un animal en général. Lorsque j'essaie d'y penser, le premier bruit qui me vient en tête est le sifflement perçant du vent au travers des branches mortes et effilées des arbres restant ici.
        Quand le calme se fait enfin le seul son qui se fait entendre est le crissement de mes pas dans la neige qui résonne tout le long de mon périple. 
Au départ je pensais avoir trouvé un campement humain mais visiblement cela faisait bien longtemps que nulle âme n'avait habité cet endroit. J'ai cependant pu  y trouver quelques vivres et vêtements chauds qui m'ont permis de tenir plus longtemps dans le froid perpétuel qui règne ici. Après avoir eu de nombreux faux espoirs concernant une potentielle vie humaine autre que la mienne, j'ai très rapidement mis de côté l'espérance qui pointait son nez chaque fois que je pensais apercevoir une présence au loin.

        Sans aucun doute la vie est froide ici. Tout est gelé ou presque, ce qui ne facilite pas la tâche lorsqu'il s'agit de trouver de la nourriture. J'ai tenté à nombreuses reprises d'établir un campement précaire mais c'était sans compter sur le vent qui se levait violemment chaque fois que je pensais avoir terminé. Ainsi, j'étais toujours en mouvement afin d'éviter de me transformer en stalagmite.