• Ch.14 - Le Revenant •

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Nous n'avions pas vraiment décidé du nombre d'heures pendant lesquelles je devais monter la garde avant de la réveiller. Elle m'avait seulement dit de lui demander de prendre la relève dès que « je dormais debout ». Autrement dit, tant que j'étais en forme, je n'avais pas le droit de dormir. Et le problème, c'était justement que j'étais assez bien réveillée.

Mais il n'y avait pas que des mauvais côtés. Dans ces moments de silence absolu, où je percevais les battements de mon coeur dans ma poitrine, je remettais mes idées en ordre dans ma tête. Je repensais à tout ça, aux épreuves, aux amis perdus, à ceux temporairement disparus, loin de moi.

Je tentais même parfois de me souvenir de l'Avant, de comment pouvait être ma vie avant le labyrinthe, même avant WICKED mais je ne pouvais me rappeler, j'étais un pur produit conçu par ces infâmes scientifiques. Mais parfois, j'étais persuadée d'avoir eu des parents adoptifs qui m'avaient élevée, sauf que je ne parvenais à me rappeler ces moments. Des simples souvenirs diffus auxquels je ne parvenais pas à m'accrocher.

Je me questionnais beaucoup, énormément. Et si nous étions toujours au bloc, qui ne serait pas mort ou qui le serait? Mais si je n'étais pas allée dans le bloc A, seraient-ils sortis du labyrinthe? Si je n'avais été qu'un sujet comme un autre, sans entraînement intensif, serais-je morte à l'heure qu'il est? Et si la Braise n'avait jamais existé? Et si j'étais née dans une autre époque? Et si je n'étais pas immunisée?

Et si je n'avais pas connu Minho et que nous n'étions pas tombés amoureux, serait-il toujours en vie et non pas qu'un foutu fantôme me hantant chaque seconde de ma vie comme pour me rappeler le rôle sanglant que j'endossais?

On pourrait refaire le monde avec des « si », on pourrait tout changer et l'Avant renaîtrait de ses cendres, et alors, je n'aurais peut-être jamais connu Minho, je n'aurais jamais eu de frère comme Newt ou de soeur comme Lizzy. Ni d'amis comme Thomas, Chuck, Elsa, Linda, Siggy, Alby ou Zart.

Tous ces moments au bord du lac, dans les bois, à courir dans le labyrinthe, au réfectoire avec les autres blocards, riant et papotant, pleins d'inconscience et de gaieté, ces fêtes pour chaque bleu, ces disputes et ces moments de bonheur pur, ces baisers volés, ces étreintes chaleureuses, jamais je ne les aurais connus si tout s'était passé autrement.

Alors, non. J'étais heureuse de les avoir vécus, d'avoir rencontré les blocards, d'avoir partagé des souvenirs avec eux, d'avoir trouvé le réconfort aux creux des bras d'un certain maton des coureurs. J'étais aussi triste, ravagée, déchirée, furieuse, impuissante, blessée, mais, par dessus tout, je gardais espoir; j'allais vivre. Pour Minho. Pour Chuck. Pour Alby. Pour Caleb et Léo. Pour toutes ces personnes mortes sans que WICKED ne s'en soucie un seul instant. Et j'allais tuer Janson et Ava Paige de mes propres mains.

Des bruits de pas au-dehors réveillèrent soudain mes instincts.

Aux aguets, je me levai prudemment, légèrement courbée en avant. Je ne savais pas à quoi m'attendre. En réalité, j'étais effrayée. Je n'avais jamais été réellement livrée à moi-même, que ce soit lors de la première épreuve comme dans la seconde. J'avais Beth à mes côtés, bien sûr, sauf qu'elle dormait et que je devais veiller sur elle.

J'hésitais à demander à la personne – ou quoi que ce soit d'autre – de s'identifier. J'espérais entendre « je ne suis pas contaminé, je suis toujours humain ». Mais cela devait être rare dans les parages de toujours l'être, à moins d'être immunisé.

Je patientai, guettant un autre bruit pour bondir et attaquer, mais rien ne vint. Au bout de quelques minutes, je me rasseyai doucement, sans faire le moindre bruit.

Je n'aperçus pas la main qui se glissa par la porte entrouverte. Je ne la vis toujours pas quand elle ouvrit un peu plus la porte. Mais je la ressentis avec de tels frissons lorsqu'elle se posa brusquement sur ma bouche pour m'empêcher de crier que je ne me servis pas de mon arme directement. Lorsque je voulus riposter, la personne pénétra entièrement dans la sorte de maison, attrapa mon poignet droit et, habillement, arracha le taser de mes mains puis mon pistolet dissimulé dans ma chaussure.

Phases [TMR Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant