Jour 2

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Samedi matin.

Faire la larve dans mon lit, c'est devenu un rituel depuis longtemps. Ça doit bien faire une heure que je suis réveillée, mais j'ai ce besoin de rester là, étendue au creux des draps, à ne rien faire. Je ne sais même pas qu'elle heure il est. Je me tourne lentement, tendant le bras pour tâtonner sur la table de nuit et attraper mon téléphone portable. Il est dix heures et demi. Sur l'écran, un sms de Jonas que je parcoure des yeux en quelques secondes et qui étire tout de suite mes lèvres en un sourire un peu bête. C'est l'effet qu'il a sur moi... Me rendre complètement débile. C'est fou le pouvoir que peut avoir une personne sur soi, parfois. Il suffit d'un mot, d'un sourire et alors on se sent devenir quelqu'un d'autre. C'est comme ça que je me sens avec lui, et c'est bien la première fois que ça m'arrive. D'ordinaire je suis plutôt du genre à garder la tête froide, pas de plan sur la comète, pas de petit surnom débiles : je ne m'attache pas, ou peu. Jonas, c'est la preuve du contraire. Je ne suis pas peu fière qu'il soit a moi, en plus, quand on sait qu'il est le mec le plus convoité du lycée et l'ex petit copain de l'autre salope de Jane. Cette simple idée me file une de ces patates... J'aime bien me le rappeler des fois, juste pour me laisser envahir par ce sentiment de satisfaction extrême. Me rappeler aussi que j'ai vraiment une vie parfaite. Deux parents trop cool, une super baraque, une piscine, des tas d'amis, un mec canon... Un avenir déjà bien tracé grâce aux relations de mon père et à mes résultats scolaires. Certaines filles ne supportent pas la popularité et tout ce que ça leur cause. Moi, je compose ma vie avec. Je me fous des ragots parce que plus les gens parlent de moi, plus ça veut dire qu'ils s'intéressent à moi, je suppose. Je tiens définitivement une forme olympique moi, aujourd'hui !

Je bondis du lit comme un petit félin, allant tout de suite ouvrir les volets pour laisser entrer les rayons du soleil. J'ouvre ensuite la fenêtre en grand afin de profiter de la douceur de ce matin printanier avant d'aller me planter devant mon immense dressing. C'est après environ trente minutes de réflexion que je sais enfin ce que je vais me mettre aujourd'hui. Il n'y a pas de "week-end" qui tienne. Pas de flemme, pas de chaussettes dépareillées : j'aime être au top tout le temps, et non, ça ne me fatigue pas. J'ai jeté mon dévolu sur un pantalon chino moutarde et un petit haut blanc fluide. Je file à la douche après ça, prends ensuite le temps de me maquiller. Je laisse mes cheveux blonds libres sur mes épaules. Je suis prête !

C'est en sautillant dans les marches d'escaliers que je rejoins le séjour de la maison, grande pièce lumineuse ouverte sur une cuisine toute équipée et moderne. Ma mère est là, devant ses fourneaux, un saladier plein de pâte à cookies posé devant elle :

-"Hello Maman ! Tu nous fais quoi de bon, là ?"

Je me rapproche d'elle, enfant curieuse, et peu d'ores et déjà sentir l'odeur vanillée de la pâte. J'en vole un peu, du bout de mon index et m'empresse de le porter à ma bouche sous l'oeil amusé de ma blonde de mère. Il paraît que je lui ressemble beaucoup.

"Une pâte à cookie, Trésor, mais je pense que tu le sais maintenant."

J'esquisse un petit sourire malicieux :

-"Toujours une tuerie, ce truc là !" lui dis-je en balayant le salon du regard. "Où est papa ?"

-"Il est parti au golf avec Bob. Il devrait revenir en milieu d'après-midi parce qu'il se sent fatigué depuis ce matin... Megan ne touche plus à ça, j'ai besoin d'assez de pâte. Les cookies sont pour le barbecue de ce soir."

Prise en faute, je ris, continuant de suçoter le bout de mon doigt plein de pâte sucrée, avant de soupirer en levant les yeux au ciel :

-"Encore un de ces barbecue où vous invitez tout le voisinage super beauf ?"

L'Aube Rouge - Tome 1 - "Survivre"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant