cheveux bleus

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 Samedi  10 :30

10h, le réveil sonne une fois, puis deux, puis trois, « Pretty Pimpin » de Kurt Vile passe en boucle, et je suis franchement pas disposée à me lever. Les rayons du soleil traversent la pièce et me brûlent les yeux tandis que je peine à ouvrir la bouche, celle-ci légèrement pâteuse et sèche. La musique passera en boucle pendant vingt minutes avant que je ne daigne sortir de mes draps blancs, et à quoi bon, la discussion d'hier soir repassais elle aussi en boucle, dans ma tête et je ne me sens pas très à l'aise avec cette idée de cours supplémentaires.

Après m'avoir passé sur le dos un pull xxl et enfilée d'énormes chaussettes, direction la cuisine, mes cheveux complètement ébouriffés et les yeux mal ouverts, j'ai encore loupé une marche et failli tomber. Un jour, cet escalier aura ma peau.
Un mot de maman est posé sur le comptoir.
"Ne m'attends pas de la journée, je suis chez Annie pour le déménagement, bisous."

Mon ventre me fit comprendre de ne rien avaler sous peine de le regretter. Une douche bien chaude s'imposait.
Je regardais couler les filets d'eau brûlants sur ma peau devenue rouge, la tête ailleurs, quand soudain mon portable sonna :

« - Ellie rejoint moi immédiatement au Musée, je t'attends depuis une demi-heure. Vociféra Dani d'un air impatient.

- Je suis encore sous la douche. Lui dis-je tout en réprimant un bâillement.

- Tu te fous de moi, mets toi en route maintenant, à poil, trempé, je m'en fous, qu'elle hurla à bout de souffle, faussement en colère de l'autre côté du téléphone.


L'expo photo, j'ai totalement oublié, et pourtant ça fait un moment qu'on l'attend. Surtout qu'avec Dani, ça promet d'être cool. Une fois ma douche prise, j'enfile un pull gris clair en laine, sans rire, je ne connais rien de plus confortable mise à part ce pull. Et ce sont les cheveux trempés et le ventre encore rouge que je me rendis en direction du musée, espérant que tout ceci me changera les idées.

14 :00

Merde. Merde. Merde. J'ai que ce mot-là pour exprimer ce qui se passe aujourd'hui, déjà, il fallait que j'arrive en retard, moi et ma foutue habitude de traîner en chemin, et qu'es ce que je vois en arrivant ? Oliver et Anna, main dans la main. Le pire duo sur terre vient de se créer. Enfin bon si on suit les statistiques amoureuses d'Ana dans deux semaines, trois maximum, un autre spécimen aura déjà pris la place de « copain du mois ». La vérité, c'est que je ne supporte pas de la voir, madame parfaite. J'ai beau la côtoyer, elle se comporte comme une vraie traînée, et ça m'agace. 

Non, sérieux, ça parait tellement cliché, mais la voilà avec ses longs cils, sa grande taille, toujours bien habillée, cheveux superbement bien coiffés, d'un noir profond.
« Aussi noir que son cœur. » Grognait-je tout haut, perdu dans mes reproches.
Heureusement, je vois Dani plus loin qui me fais des grands signes pour être sûr que je ne la rate pas, ce qui est impossible :

- "C'est pas trop tôt, ta pas dormi de la nuit pour avoir cette tête où c'est fait exprès ? Ricana t'elle fière de sa blague.
Je pourrais la prendre pour une peste si je ne la connaissais pas, cheveux bleus pétant rabattus en chignon d'artiste, teint parfait, silhouette élancée et yeux perçant, cette fille est une bombe qui en a pleinement conscience, et qui s'en fou totalement. Elle ne peut passer deux minutes sans faire une quelconque remarque déplacée et libre au gens de choisir comment ils prendront la chose.

Mais elle n'est pas méchante pour autant, c'est au contraire sa manière d'exprimer qu'elle vous aime bien. La connaissant depuis la maternelle, je me demande si j'aurais pu survivre au collège sans sa voracité à démonter toutes personnes osant s'en prendre à moi.


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