Chapitre 7

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—Que va-t-on faire de ces enfants ?

Cassiopée ne savait pas si Gianni s'était adressé à elle spécifiquement ou à tout leur groupe.

— Ce sont des mineurs, on ne peut pas les emmener dans la Forêt, commenta-t-elle.

—En parlant de la Forêt, commença Gianni, il faudrait renvoyer nos architectes, Aelyne et Marceli. Les fugitifs nous ont fait part de leur manque de logements pour accueillir les nouveaux arrivants.

Depuis son bureau, Cassiopée n'avait aucun aperçu de la Forêt. C'était délibéré. À l'époque, la petite Aelyne lui avait expliqué que l'immense forêt occupant un quart de l'île devait rester vierge, au cas où ils aient besoin de la faune ou de la flore ou d'espace pour de futures constructions. 

Mais ce labyrinthe d'arbres avait trouvé son utilité il y a un an, quand les premières embarcations de fortune avaient accosté en pleine nuit. Les premiers terrestres abîmés par le temps, la météo et la dictature venaient chercher refuge. Mais ils étaient arrivés au mauvais moment, celui où les habitants avaient découvert le triste sort de leurs compères en NOÉ. Les fuyards avaient alors été rejetés par la société, par la peur de l'autre, de ce qu'il était capable de faire mais Cassiopée se refusait à les abandonner. 

À la place, de connivence avec ses plus proches fidèles, ils avaient créé la Forêt. Un mirage pour ses concitoyens, un abri de fortune pour ces illégaux. Depuis, elle essayait de concilier les deux comme elle le pouvait.

— Faites envoyer Aelyne alors. Ont-ils suffisamment de vivres ?

— Ils se débrouillent, éluda Gianni.

— Et les gamins ? lui rappela Zeka. Ils ne seront jamais adoptés et tu le sais...

La Reine se frotta le front, tiraillée par le problème.

— Soit ils rejoignent la Forêt, soit ils se font adopter.

— Mais Cassiopée, préconisa Zeka.

Elle détestait sincèrement considérer les enfants comme de la marchandise mais elle n'y voyait aucun autre choix :

—La première solution est inenvisageable, nous n'avons pas appris de nos erreurs concernant le placement des enfants terrestres dans la Forêt, alors...

Pendant qu'elle choisissait les mots adéquats pour formuler sa proposition, Alex prit la parole :

— Je ne sais pas à quoi tu penses, mais je sens que c'est la bonne solution.

L'air grave qui lui lançait rassura étonnement Cassiopée.

— Que doit-on faire ? questionna Gianni.

— On en reparle ce soir. Alex, je veux que tu me donnes une heure d'arrivée de ce bateau dès que possible, ordonna Cassiopée. Il faut les faire accoster à l'abri du regard des habitants.

Alex acquiesça puis quitta la pièce tandis que sa wagen se tournait vers ses conseillers :

— Y a-t-il d'autres nouvelles importantes ?

— Importantes non mais nous avons beaucoup à faire, répondit Gianni.

— Bien, nous verrons cela cet après-midi dans ce cas.

Zeka et Gianni quittèrent le bureau la laissant seule face à son paysage rassurant.
Parfois, Cassiopée avait des pensées qui l'horrifiaient et ce qu'elle avait en tête en ce moment en faisait partie. Sa mère avait mis en place un plan pour que tous les continents s'engouffrent dans le néant excepté cette île. 

Malheureusement des pans de la Terre avaient résisté et quand elle voyait ce qu'ils étaient devenus, Cassiopée aurait préféré qu'ils se noient comme le reste de l'humanité. Parce que, ce qui se passait là-bas, à NOÉ, n'était pas digne des êtres humains méritant de survivre. Mais après tout ? Qui était-elle pour juger de la vie d'un autre ?

Nilées 2 : Naissance d'une hégémonieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant