Chapitre 18

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Pendant un mois entier, Cassiopée n'avait que très peu dormi : les ennuis avec Noé ne faisaient qu'empirer. Désormais le président Rader soupçonnait l'île de Cassiander de renfermer des noétiens contre leur volonté, chose démentie à de nombreuses reprises. La Reine enchaînait des discours adressés à son peuple mais aussi au président Rader : la situation était officiellement sous contrôle, l'île respectait la liberté de chacun. Bien évidemment les habitants n'étaient toujours pas au courant pour la Forêt, qui d'ailleurs commençait à s'encombrer. Tout l'espace était occupé et pour des raisons évidentes des immeubles de taille haute ne pouvaient pas être construits au risque d'être vu par les locaux.

Tout comme la Forêt, le projet Caméléon provoquait des sueurs froides à la nilée : son père enchaînait échec sur échec. Heureusement qu'il avait de la « matière » sur laquelle travaillait. Malheureusement Cassiopée ne savait pas quoi faire d'autre à part fermer les yeux sur ces nombreux décès. Devait-elle arrêter les essais ? Cette question la turlupinait sans arrêt.

À cela s'ajoutait le fait qu'elle n'avait pas osé retourner voir Homam. L'affronter serait une façon de certifier qu'elle ne pourrait jamais adopter cette enfant. Rongée par le remords, elle avait quand même demandé à son père de l'emmener aussi souvent qu'il le pouvait, voir les étoiles. Mais elle en était certaine, cela ne compensait pas leur moment à elles deux. Tant de stress venant d'une dirigeante s'accumulait avec celui de sa vie personnelle.

S'endormir un soir et se réveiller le lendemain avec deux bambins n'étaient pas chose facile à gérer psychologiquement. Heureusement que son entourage était là, en particulier Alex. Jusque là il tenait sa promesse d'excellent père. Les nombreuses fois où l'un des jumeaux pleurait, c'était très souvent Alex qui se levait, peut-être qu'il savait à quel point la situation était difficile pour sa femme en ce moment ?

En tout cas, Cassiopée se savait chanceuse de l'avoir et malgré tout, elle faisait son possible pour rattraper le temps perdu de sa grossesse. Tous les matins, tous les midis et tous les soirs, Cassiopée prenait le temps de créer un lien avec son fils et sa fille. Ses médecins et son père le lui avaient fortement conseillé, pour ne pas poursuivre le déni après l'accouchement. Et a son plus grand étonnement cela la soulageait de voir qu'elle se sentait tous les jours de plus en plus proches d'eux.

— Alex, comment peux-tu dire qu'ils sont aussi beau que toi ?

Elle tenait sa fille dans ses bras et ne voyait pas ce qu'Alex ne cessait de répéter à qui voulait bien l'entendre.

— Je le sais c'est tout.

La pouponnière avait été aménagée dans la salle adjacente à leur chambre et grâce à Marceli une porte permettait de joindre directement les deux pièces. Au loin, dans leur pièce à coucher, elle entendit son pigeon préféré renforcer son avis :

— D'accord à un mois on ne voit pas de grande différence, mais au fond de moi je le sais. Et au fond de toi aussi tu sais qu'ils seront à tomber par terre, magnifiquement beaux et exquis comme leur père.

Sa vanité était revenue au galop en même temps que leurs enfants étaient nés, à son plus grand désarroi. Lorsqu'il se montra dans l'embrasure de la porte, Cassiopée lui jeta un regard de dédain, qu'il ignora en changeant de sujet.

— Cela fait un mois. Le public attend toujours le nom des enfants.

Elle se refocalisa sur le visage de cet être humain si fragile qu'elle tenait dans les bras et n'arrivait toujours pas à croire qu'il s'agissait de son enfant.

— Ils n'ont qu'à attendre, il n'y a rien qui presse.

— Personnellement je sais déjà comment je veux l'appeler, notre fille.

Nilées 2 : Naissance d'une hégémonieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant