Partie 2

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-Alors ? Etes-vous toujours enclin à acquérir cette œuvre ?

Me demanda t'il.

-Plus que jamais !

Répondis-je avec enthousiasme mais avec cependant un léger désarroi lié au détail macabre du tableau.

Je rentrai donc à Newington dans ma modeste boutique de bizarreries pour y exposer et peut être vendre le tableau que j'appelais maintenant « Le boucher ». Je ne n'ai pas eu à attendre longtemps pour qu'un client vint à se trouver intéressé par l'œuvre sanglante. C'était un jeune homme a l'apparence lunatique et absente. Dès qu'il vit le tableau il parut tout de suite intrigué, il ne lui fallut que quelques minutes pour me demander le prix. J'avais acheté le tableau le tableau 30 Livres, je le vendais à 400.

-Est-ce bien le prix affiché ?

Me demanda l'étudiant.

-Ma foi oui !

Lui répondis-je un peu surpris.

-C'est un peu cher !

-Mais c'est le prix.

-On ne peut vraiment pas négocier ?

-Non...Désolé.

-Je suis étudiant en art. Je peux vous offrir quelques exemplaires de mes statuettes.

-C'est non.

J'étais toujours en train de négocier avec ce garçon lorsque j'entendis une voix.

-Cupide, cupide, cupide, cupide, cupide

Disait-elle.

-Je ne vous permets absolument pas !

Disais-je à l'étudiant.

-Pardon ?

Répondit-il étonné.

-Je...Ce n'est pas vous qui ? Laissez tomber.

-Hm...bon ce n'est pas grave. Voilà vos 400 Livres.

-Merci beaucoup Monsieur... ?

-Henry, Henry Anthony Wilcox. 


Il repartit donc avec l'œuvre entre les mains et un air qui mêlait excitation et frustration. Je me demandais pourquoi un jeune pouvait s'intéresser à des œuvres comme celle-ci. Il était certes un étudiant en art mais ce style de peinture réaliste a été délaissé depuis des années, surtout par les jeunes. Le reste de la journée je ne vendis que quelques os d'indigènes dont je voulais me débarrasser depuis longtemps. Je me rendis compte alors au moment de fermer ma boutique que l'absence du « boucher » dans la pièce créait un grand vide dont je ne saurais expliquer l'origine. Il était pourtant morbide ce tableau, affreux, inutilement sanglant. Mais un je ne sais quoi a fait que je me suis attaché à ce boucher. Je me couchais donc avec cette pensée qui m'avait trituré l'esprit pendant toute la soirée. Cette nuit-là il pleuvait et la lune n'était pas apparente. Je priais donc pour que personne ne s'approche du cimetière de Greyfriars*. J'étais sur le point de m'endormir quand je fus réveillé par des énormes bruits comme si quelqu'un frappait à ma porte. C'était le cas. Mais qui voulait donc entrer chez moi par une heure aussi tardive ? Je descendis alors à moitié réveillé et ouvris à l'homme frappant. C'était Wilcox, épuisé et trempé. Il tenait fermement le tableau.

-Je dois absolument vous parler Monsieur Okland

-Et pourquoi cela ?

-J'ai découvert des choses sur ce tableau, des choses que je n'aurais surement pas dû voir. Laissez-moi entrer et je vous montrerais

En effet je le laissai entrer.

-Bon, Wilcox que diable voulez-vous me montrer de si important

-Vous ne pensez pas si bien dire. J'observais le tableau pour préparer mon cours d'art de demain quand je vis une phrase écrite au dos du tableau. Je suis étonné que vous n'ayez pas vu ce détail avant moi.

-À vrai dire je n'ai pas vraiment regardé tout en détail. Ce n'est pas très professionnel je vous l'accorde.

-C'est une phrase en Enochien.

-En Enochien ?

-Les théologiens l'ont d'abord associé à la langue des anges puis à la langue des démons. Avouez que ce n'est pas commun

-Et quel est cette phrase ?

- « JIyajbe Glyuktat mequidistaw desini Uiyajbe »

- En Anglais je vous prie.

-Prend garde à tes défauts je te punirais.

*Greyfriars est un cimetière situé à Edimbourg connu pour ses nombreuses histoires de fantômes   

LE BOUCHERWhere stories live. Discover now