Journal de bord d'un mousse

Extrait de journal

14 octobre 1774,

Une mer candide s'étendait devant nous, l'écume sur la surface de celle-ci, dégageait un air pur aux odeurs de sels exotiques . Rêveur, je contemplais l'ardoise bleu qu'était la mer où se dessinaient et s'estompaient les flots de celle-ci. Ledoux(capitaine du bateau) s'apercevant de mon oisiveté s'exclama sur son ton patelin et narquois habituel: « Des corvées t'attendes mon petit, il faut changer les voiles et briquer ce pont, nous allons faire danser l'or noir! ».

Á peine avais-je fini de briquer le sol que je vis entré en troupeau, les taureaux poignardés, les gazelles terrorisées, qui, sur un pas las et avec un visage affligé, abattu, rejoignaient le pont principal, sous les tintements des percussions et la mélodie euphorique que jouaient les musiciens. Le capitaine impassible, regardait d'un regard sévère les cœurs brisées, gesticulé au rythme des instruments, pendant que les brigants pointaient leur espingoles sur la foule pour dissuader les protagonistes d'une quelconque révolte. Observant ce spectacle macabre, je ne pus retenir mes larmes qui jaillissaient de mon cœur lorsque, sous ces visages enchantées, se dessinaient des âmes meurtris, contemplant la mort tout en espérant la liberté.

Le crépuscule tomba lorsque je vis des cadavres flétris, et des corps endormis pour l'éternités, sortir de la cale . C'était l'habituel nettoyage du sous-sol . Le capitaine dans sa duplicité, feint une grimace sincère malgré tout, parce que la perte d'un esclave, c'était de l'argents qui volaient en éclats . Emplit de désespoir, je vis s'abattre un dernier coup de gourdin sur les dépouilles avant d'être jeté à la mer dans un bruit sourd. Ledoux, apathique, nous ordonna de rejoindre la salle commune où nous bûmes et mangeâmes à notre faim pendant que l'estomac d'autres criaient famine...