« Bébé ? »
J'entends ta voix dans l'entrée qui résonne dans cet immense appartement vide d'âme qui vive. Tu viens de rentrer. Oui, je suis là, je suis toujours là. Et ce sera toujours le cas, jusqu'à ce que tu m'évinces, que tu ne me supporte plus, que tu me détestes.
Je devrai faire des efforts ; être jolie, être la femme parfaite, aimante, et baisable. Je l'ai été. Tu ne te demandes pas pourquoi j'ai cessé cette mascarade ? Pourquoi j'ai fait tomber le masque ?
Parce qu'il me brulait la peau, l'étouffait, faisant suinter et scléroser mon épiderme, contaminant mon âme.
Je somnolais, puis j'ai senti tes doigts sur mon visage, le caressant doucement. Tu es pourtant tellement aimant. Mais tu sais, j'ai bien vu que tes yeux brillaient moins qu'auparavant. Je me trouve tellement moins belle dans le reflet de tes yeux.
J'essuie les larmes qui perlaient aux coins de mes yeux pour te regarder. Tu me tends un sac rempli de nourriture. Tu souris. Tu croyais me faire plaisir. Pourtant je n'arrive ne serait-ce qu'à esquisser un sourire. Je n'en ai pas la force ce soir.
Ta nourriture pourrie n'arrivera pas à panser les plaies béantes de mon cœur.
Désolé bébé.