Prologue

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* AVERTISSEMENT : En raison de l'auto-édition de cette histoire, seuls le prologue et les 12 premiers chapitres seront disponibles à la lecture merci de votre compréhension, et bonne lecture *

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Les premiers rayons écrasants du soleil s'infiltrent timidement à travers les quelques amas de béton encore debout que forment ma maison, laissant entrer une pénible et étouffante chaleur, même un matin d'hiver. Peu à peu, je sens ma peau, que j'ai pris le risque de laisser hors de la couverture, se dorer sous la lumière jaune et une sensation de brûlé envahir l'épiderme de mes avant-bras. Prenant une longue inspiration, je m'étire de tout mon long et viens couvrir la totalité de mon matelas. Mes muscles se détendent et la pression qui les crispe se dissipe presque instantanément. Après un coup d'œil furtif dehors, je me prépare, le soleil n'est pas encore totalement levé et je suis dans les temps.

J'attrape les maigres tissus du rideau et couvre les fenêtres pour empêcher la lumière de transformer la pièce en un sauna naturel. Certes, on n'y voit plus grand-chose, mais c'est mon seul moyen de me tenir à l'écart du soleil tant que je le peux encore. C'est ainsi chaque matin, je guette le ciel à la recherche des premiers rayons, et me munis d'une bonne couche de vêtements et d'une paire de bottes, puis pars à la recherche de nouvelles provisions. C'est le moment idéal pour faire les emplettes, car plus les heures passent, et plus il est risqué de s'aventurer dehors.

Jadis, cette intense lumière était porteuse de la promesse d'une belle journée sans nuages ; aujourd'hui elle est annonciatrice de sècheresse, de fléaux et de morts. Nous vivons cette situation depuis longtemps, trop longtemps selon moi. Terminée la douce et paisible chaleur présente l'été, celle qui égaie vos journées et vous berce le soir. Cela n'a plus rien à voir avec cette époque-là. La chaleur d'aujourd'hui est étouffante, écrasante, nocive. Pas seulement pour l'homme. Les maisons, la végétation, les routes et les villes, une grande partie a été brûlée par le soleil. Les champs se sont transformés en amas de tiges sèches, l'eau potable se fait rare, si bien que l'infection du reste des terres d'eau a fait disparaître de nombreux animaux marins et volatiles. Une Terre réduite à néant. Certains journalistes donneraient sûrement pour explication que nous faisons face à une crise thermique effroyable, marquant la probable fin de l'existence humaine, ou du moins son amorce, et d'autres hypothèses encore plus folles qui vous font chavirer un peu plus vers la folie au rythme des degrés. De toute façon, ce n'est pas leur charabia scientifique qui risque d'arranger les choses.

Depuis de longs mois, nous subissons à échelle montante ce calvaire. Vivre enfermée, sortir uniquement pour trouver des ressources encore viables que le soleil n'aurait pas réduites à de vulgaires miettes, guetter la moindre parcelle d'ombre. Voilà à quoi l'espèce humaine est cantonnée. Les crises alimentaires s'accroissent, la famine sévit et les morts se succèdent. Et que devient une population affamée ? Elle révèle la véritable nature de l'être humain, celle qui le pousse à aller dans ses retranchements les plus sombres pour survivre. En fait, cela ressemble à ces émissions de survie que l'on regardait quand les télévisions fonctionnaient encore, où les concurrents se battaient ensemble avant de se trahir, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un. Sauf que c'est devenu la réalité, et que vous ne pouvez compter sur personne d'autre que vous-même.

S'il l'on devait dresser une liste des pertes humaines et matérielles, certains vous parleraient de fin du monde. De mon point de vue, je trouve cette notion définitivement trop stupide, insensée, et abstraite. Pourtant, de plus en plus de personnes s'obstinent à croire en elle et deviennent alors de toutes autres personnes, prêtes à tout pour survivre, de véritables machines à tuer. Quand on parle de fin du monde, on pense d'abord aux météorites qui s'écrasent sur notre planète, aux volcans qui engloutissent des villages entiers, aux tsunamis qui noient sans pitié les villes ou encore aux tremblements de terre. Mais on oublie parfois que l'humain lui-même est un danger pour sa propre survie, bien plus mortel que n'importe laquelle des catastrophes naturelles. Les politiciens en sont les premiers exemples : ils vous rassurent en commençant par vous demander de garder votre calme, tout en assurant que les informations transmises sont erronées, et bien qu'en cas de réel danger chacun doit se montrer altruiste envers autrui. Bien sûr, ça, c'est juste avant qu'ils nous laissent crever dehors pendant qu'eux se réfugient dans des bunkers blindés. Personne n'est parfait, comme on dit !

Seven [Auto-édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant