Chapitre 5

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  « Ce verbe est irrégulier Léah, tu ne peux pas écrire ‹he goed›, tu dis ‹he went›. »

Je rature une fois de plus mon brouillon et remplace un mot par un autre, les sourcils froncés.

  « Et là, ça va si je dis ‹he went to a library and bought a book for his friend› ?

  — ‹To a library› ?

  — Ben oui, une librairie » je réplique.

Jack me regarde avec des yeux ronds, puis rigole doucement.

  « Pourquoi tu te moques de moi, au juste ? Dis-je.

  — Parce que tu ne peux pas acheter un livre dans une ‹library› !

  — Et pourquoi donc ?

  — Parce que ‹library› veut dire bibliothèque, Léah, et tu n'achètes pas les livres dans une bibliothèque ! Regarde autour de toi, tu vois un caisse ? » Se moque-t-il avec désinvolture.

Comme une idiote, je relève les yeux et regarde les étagères aux alentours. Je remarque que plusieurs personnes sont assises comme nous et semblent étudier ou lire.

Jack continue de ricaner et devant mon air paumé, repart de plus belle.

  « Tu verrais ta tête ! Continue-t-il.

  — Ouais, bah ça va hein...

  — Tout le monde sait ça, enfin ! Vous l'apprenez jeune, n'est-ce pas ? »

Son ton arrogant joue avec mes nerfs, alors je hausse le ton peut-être plus haut que je ne le devrais.

  « Et bien peut être tout le monde sauf moi, Monsieur Je-sais-tout ! » je renchérie.

Plusieurs personnes se retournent vers nous d'un œil accusateur. Je me renferme alors sur ma chaise et gribouille des phrases insensées mi-anglaises mi-françaises.

  « Hey, c'était une blague, ne le prend pas comme ça... »

Très drôle, ta blague.

Je soupire.

  « Sors ton cahier de français, je prends ma revanche » je lance.

Son sourire se dissipe très rapidement, ce qui en provoque un discret de ma part.

En sortant de la bibliothèque, nous passons devant un Starbucks, où le blond s'arrête devant la devanture.

  « T'as soif ? » demande-t-il

Je le regarde dubitative, puis scrute les différentes glaces, boissons et sucreries qui sont proposées à la carte.

Le dernier Starbucks que j'ai pris remonte à si longtemps, je me demande même si je me souviens encore du goût de ma dernière glace.

  « Je t'invite, me dit-il.

  — Ce n'est pas la peine... » je murmure, peu convaincue par mes propres propos.

Lorsque mes yeux se posent sur une sucrerie servie à une cliente, l'eau me monte à la bouche. Je regarde Jack, qui lui n'a rien perdu de la scène, puis je fixe la sucrerie. Mon regard passe de Jack à la sucrerie, puis de la sucrerie à Jack.
Lui me sourit d'un de ses sourires enfantins, comme pour me dire « Je sais que tu vas craquer ! », ce que je fais finalement en me dirigeant mollement vers la porte d'entrée.

Il me sourit et me tient la porte comme un vrai gentleman, ce qui me fait intérieurement sourire, puis nous avançons vers le poste de commande.

  « Tu prends quoi ? me demande-t-il.

OxymoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant