Chapitre 3 ; Le murmure de la douleur

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Vous connaissez ce murmure doux, celui qu'on entend le matin, le chant des oiseaux par exemple, celui qui fait vibrer nos oreilles, nous fait frémir et nous laisse avec un goût amer de bien être. Oui, amer, vous avez bien compris ou plutôt lu. Ce murmure est différent pour chaque personne, pour certaines, c'est du rock et pour d'autres c'est le silence. Le silence... cette arme si redoutable qui peut autant rassembler que séparer des populations. Le silence détruit tout sur son passage, sans bruit, peut-être un ou deux sanglots, mais rien de plus. Pas un son, un rire, seulement des larmes. Et l'adolescente en face d'Éléonore lui en voulait cruellement. Pourquoi ? Pour avoir briser ce silence, si oppressant, si impulsif, mais surtout si dangereux. Oui, le silence est dangereux, n'est-ce pas là une arme redoutable ? Pas d'artillerie lourde, de gun ou de matraque seulement un « si tu parles, je... ». Une arme utilisée par tous les criminels de ce monde, en commençant pas les petits voleurs de dépanneurs, ceux qui font la fête quand ils réussissent à filer en douce avec une barre chocolatée KitKat, souvent des adolescents en quête d'aventure et de popularité, qui font cela pour épater leurs amis, jusqu'aux plus grands tueurs à gage, ceux qui se considèrent justiciers ou qui font cela parce que c'est payant. De l'ado en quête d'attention jusqu'au plus grand des psychopathes. Aucun point commun, sauf le silence. Avez-vous déjà vu un tueur se vanter d'avoir décapiter sa victime. Je parierais cher que non.
Le silence pouvait détruire...
Éléonore ria face à ses pensées morbides avant de regarder l'adolescente qui n'avait nulle l'air d'être dérangée par son gloussement indiscret. Elle venait d'y penser, elle la surnommait toujours l'adolescente, elle savait son vrai nom, certes, mais éprouvait tant de dégoût après l'avoir prononcé. Elle allait l'appeler Rose parce que c'était sa fleur préféré et aussi pour un ancien jeu de mots que les élèves faisaient avec son prénom. Rien de bien méchant, seulement pour s'amuser, quand on est gamins, on se réjouit de chaque petits moments et on adore taquiner les autres. Éléonore n'était pas susceptible, elle riait avec les autres tout en adoptant ce surnom avec enthousiasme. Les enfants du primaire s'amusait de cette petite blague, qui, il faut l'avouer, avait un lien très lointain avec son prénom, mais qui était toutefois divertissante. Éléonore rejeta ses cheveux en arrière de ses épaules dans un mouvement rapide de tête et regarda Rose.

Je sais bien de qui tu parles, mais je ne comprends ce que cela t'apporterais de me faire du mal.

Une satisfaction macabre, ce que tu as fait n'est rien de léger, il sera incapable de t'aimer et je te l'arracherai comme tu me l'as fait.

Comme je t'ai fait...

Oui...

Éléonore releva sa tête, des larmes menaçaient de couler sur ses joues à tout moment, elle était tellement en colère, Rose ne se rendra donc jamais compte de ce qu'elle a sacrifié pour la sauver. Elle respira de plus en plus fort et cria, cria tellement fort que les oiseaux partirent en fumée et se transformèrent en monstres, en humains et puis les feuilles voltigèrent dans les airs pour former une maison, un maison assez rustique, mais toutefois bien accueillante, Éléonore continua à crier tandis que Rose ne vacilla pas d'un poil, elle répétait seulement « regarde, regarde bien ce que tu as fait ! ». Le cri strident de la jeune fille s'amplifia et lorsqu'il eut atteint la plus haute fréquence que furent capables de produire les cordes vocales d'Éléonore, le son réduisit son volume jusqu'à ne plus qu'être qu'un murmure, puis un silence.
Ce silence...
Le silence l'avait détruite...

Flashback
Un souffle, un odeur, un placard et du sang...
Peut-être un peu de courage et de folie mêlés à ce foireux mélange. Le jour de sa libération et de sa sentence. Jamais tout noir ou tout blanc comme on dit.
Rose assise, ou plutôt positionnée dans un position étrange qui ressemblait plus à un arbre fracassé qu'à quelqu'un d'assis, mais bref ce n'est point important.
Ses cheveux bruns rattachés en queue de cheval tressée, donc en tresse (voilà ça rajoute des mots à ce chapitre), elle écoutait Jane the virgin à la télévision. Entouré d'un grosse couverture jaune et rose qui était tellement colorée qu'elle aurait pu éclairer une adolescente en peine de coeur dans ses sentiments, donc sa couverte était vraiment fluorescente. Elle était passionnée par son émission quand elle entendit le loquet de sa porte. Une seule personne avait la clé pour rentrer ici. Elle regrettait tellement ce jour où, le sourire aux lèvres, elle lui avait balancer le double de sa clé de maison dans les mains en lui criant qu'elle lui faisait confiance. Elle le regrettait lui.
Mais l'amour n'est pas logique...
Et parfois tellement destructeur...
Elle l'aimait tellement, mais ne lui faisait plus confiance c'est pourquoi dès qu'elle entendit la porte grincer, elle monta les marches en courant et se réfugia dans un placard.
Pas pour s'en sauver, mais peut-être repousser ce moment.
Il l'appelait, lui criait de descendre, il était fou. Il avait peut-être bu, pris de la drogue ou seulement passé une mauvaise journée, mais il ne voulait qu'une seule chose, c'était se défouler.
Quand elle entendit son nom une énième fois suivit d'un soupir, elle crut qu'il allait peut-être lâcher prise, la laisser tranquille et s'en aller.
Mais c'était mal le connaître...
Il cria puis monta les marches avec un telle fougue et colère qu'un troupeau de bœufs enragés n'aurait pas fait autant de bruit.
Il ouvrit la porte du placard avec une telle puissance, elle n'était pas surprise qu'il n'ait pas pris le temps de fouiller la pièce, il n'y avait pas dix mille places pour cacher un être humain de taille adulte dans sa petite chambre en bois recouverte de posters d'acteurs célèbres. Elle n'osa pas crier ni bouger, elle plongea son regard dans le sien espérant qu'il la laisse tranquille. Ses bleus et hématomes lui faisaient encore trop mal pour pouvoir se mouvoir rapidement, pas assez pour pouvoir lui échapper, certes elle avait une démarche convenable, mais il était trop rapide. Ce silence dura des heures ou peut-être quelques secondes. Ses blessures ne lui faisaient pas mal lorsqu'elle espérait, elle était donc réduite à prier dans le silence et la souffrance.
Il n'avait pas vu Éléonore et son couteau.
Quand il l'a empoigné pour lui faire vivre l'enfer pour la centième fois, il ne l'avait pas vue arriver.
Quand elle a planter la lame de son couteau dans sa jugulaire, il n'a rien dit, pas un mot, pas un cri.
Quand il est tombé mort à terre, elle a seulement dit « le silence ne témoigne pas ».
Le silence ne témoigne pas.
Un souffle, une odeur, un placard et du sang...
Et surtout, un long silence...

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⏰ Dernière mise à jour : May 03, 2018 ⏰

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