Chapitre 24

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Dans la peau de Skyller

Harassée par les quelques jours de travail, je m'empresse de rentrer chez moi, puis me dirige précipitamment vers la douche afin de prendre un bon bain.

Dans mes souvenirs, je ne me suis jamais sentie dans un état pareil quand je rentre de travail, même quand j'ai débuté, j'étais moins fatiguée qu'aujourd'hui. Le contact avec la chaleur de l'eau détend mes muscles peu à peu, les jets d'eau qui descendent le long de mon corps me procurent une sensation de bien-être jamais éprouvé ces derniers jours. Mais j'ai dû mettre fin à cet agréable moment pour l'échanger avec une autre. Alors, sans prendre la peine de me vêtir, j'enfile une culotte et saute sur mon lit. J'ai eu à peine le temps de regarder mon réveil qui m'indique qu'il est six heures du matin, que les bras de Morphée m'emportent dans un sommeil à la fois lourd, profond et réparateur...

Je suis émergée de mon sommeil par le son criard de la sonnette. Qui est la personne qui a osé me réveiller à cette heure? En tout cas, elle va m'entendre.

Je récupère le seul vêtement que je trouve à proximité, ce qui n'est rien de plus qu'un large débardeur qui m'arrive au-dessus des fesses. Ça fera l'affaire! Je ne regarde même pas mon reflet dans le miroir ayant la certitude que ma tête ne doit ressembler à rien et franchement, je n'ai pas le cœur à me maquiller ou quoi que ce soit de ce genre.

La tête encore lourde par le manque de sommeil, je descends calmement les escaliers en me demandant encore une fois qui peut se trouver derrière la porte. Je me surprends un instant à penser à Devon, mais j'abandonne vite cette idée car je sais qu'il n'utilise quasiment jamais la sonnette, préférant largement toquer, puis je ne crois pas qu'il ait envie de me voir ni même de me parler. Ma sœur, quant à elle, n'aurait pas pris la peine de rester à attendre que je lui ouvre, elle l'aurait fait elle-même. Et quant à mes trois autres amies, Christy, Vanessa et Kimberley, elles m'auraient prévenue de leur venue.

Puisque j'ai déjà fait le tour des gens qui viennent chez moi. Je ne demande plus qu'à voir et le retentissement de la sonnette me fait accélérer pour de bon.

Promptement, j'ouvre la porte et dès que je vois la personne en question, mon visage aborde de l'étonnement, même si je suis en quelque sorte déçue par la même occasion que ce n'est pas celui que je croyais qui se trouve droit devant moi. En effet, j'ai secrètement espéré que ce soit Devon, qu'enfin il décidait d'arranger les choses, mais non! Je suis bien idiote d'avoir cette idée. Il a déjà changé de livre, souviens-toi Skyller, la petite blonde toute jolie !

Impossible d'oublier son visage, elle ne fait pas partie de celle qu'on oublie facilement. D'ailleurs, elle est juste devant moi...

"Euh Bonjour." Dit-elle.

Je remarque qu'elle tient assez fermement la bandoulière de son sac comme si elle était anxieuse ou gênée, mais vu la manière dont je n'ai pas pu m'empêcher de la regarder, c'est sûrement les deux. J'essaie d'afficher une expression chaleureuse mais c'est impossible, elle vient de me tirer de mon sommeil profond surtout que dans celui-là, Devon n'apparaissait pas dans mes rêves ce qui était plutôt rare ces temps-ci, puis elle partage la vie de ce dernier alors qu'il me fuit comme la peste, et enfin elle est tellement jolie que j'en suis jalouse. Même si mes raisons sont complètement futiles et enfantines, elles sont valables, enfin je crois...

"Bonjour."

"Je ne sais pas si tu te souviens de moi, on s'est déjà rencontrée dans l'ascenseur l'autre jour, bref, je voudrais te parler si tu as le temps et l'envie aussi." Fait-elle hésitante.

Que me veut-elle? Me dire de ne pas m'approcher de Devon? C'est la phrase favorite des femmes jalouses, en tout cas c'est ce que Christy a l'habitude de dire quand quelqu'un s'approche un peu trop d'un homme qui lui plait, mais ça ne peut pas être ça vu que j'ai arrêté depuis longtemps de m'approcher de son homme. Je décide d'arrêter de batailler avec ma version antérieure, puis me mets de côté pour qu'elle puisse entrer sans dire un mot. Aujourd'hui, je ne suis pas vraiment d'humeur à dialoguer. 

Une fois assise sur le canapé, je lui fais un signe de tête pour lui montrer qu'elle peut entamer la conversation. Je ne lui propose ni thé, ni café ni quoi que ce soit qui pourrait retarder la fameuse discussion, et aussi mes retrouvailles avec mon lit par la même occasion.

"Je suis désolée de t'avoir réveillée mais ça ne peut plus continuer comme ça." Elle débute.

J'arque un sourcil pour lui indiquer que je ne la comprends aucunement. Elle poursuit:

"Toi et Devon, j'ignore ce qui s'est passé mais il faut que ça cesse. D'abord, toi qui frappais à sa porte durant les cinq premiers jours de mon arrivée sans qu'il ne t'ouvre puis lui qui fait la même chose sans que tu ne lui ouvres non plu qui, par ailleurs, n'a fait qu'empirer ses mauvaises humeurs ces derniers jours, il ne me parle presque pas." Elle énumère sans prendre une pause.

"Je crains d’avoir mal compris. Déjà, j'ai frappé à sa porte durant deux semaines, mais peut-être que tu n'étais là que durant les cinq derniers jours. Ensuite, Devon n'est jamais venu chez moi depuis plus de trois semaines et enfin, le fait que ton petit ami ne te parle pas n'est pas vraiment mon affaire, maintenant si tu veux bien m'excuser j'ai un sommeil de trois jours à rattraper alors si tu pouvais quitter le lieu, ça m'arrangerait." Je réponds monotone.

Je m'abstiens de lui dire que si elle n'était pas sortie ce jour-là, je serais encore en train de toquer à sa porte jusqu'à aujourd'hui mais je m'abstiens, il ne faut pas non plus que je joue la désespérée devant elle. Ça la ferait trop jubiler.

"Attends un peu, il y a des erreurs là."

"Ta venue est sûrement parmi elles." Je lance du tac au tac.

Je me surprends moi-même de mon attitude. D'habitude, je ne suis pas autant sanglante envers quelqu'un, encore moins avec une femme au visage aussi innocent que le sien, quoique je n'ai pas non plus l'habitude de rencontrer une femme qui dégage une telle innocence.

Elle ignore la pique que je lui ai envoyée d'un revers de main.

"Tu étais où ces trois derniers jours?"

"Je suis une hôtesse de l'air, et j'avais repris le boulot il y a quatre jours, je te laisse deviner où j'étais."

"Ça explique tout, tu n'étais pas là."

Il a fallu que je m'en aille pour qu'il vienne frapper à ma porte? Peu importe. Je suis tout de même contente qu'il ait essayé de me parler malgré le retard. J'ai envie de courir jusqu'à chez lui tout de suite pour le voir. Mon envie de dormir s'est subitement volatilisé.

"Encore une chose, à moins d'être adepte de l'inceste, je ne serai jamais la petite amie de Devon puisque je suis sa cousine."

Mes joues s'empourprent violemment. Maintenant, tout vient d'être éclairci, la honte !

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