Feryel.💍

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5h du matin. Dans moins de deux heures, les habitants du 17ème arrondissement vont se lever pour partir travailler. Assise à l'arrière d'une citroën, je vois les appartements et les maisons chics défiler sous mes yeux. Tout comme les autres passagers, Quentin et Raïhane, je demeure silencieuse .Le conducteur, Aymeric, roule à vive allure.

Ce n'est pas tant le timing qui le presse. Cet homme a toujours eu une obsession pour l'excès. Je suis bien placée pour le savoir puisqu'il s'agit de mon petit-ami. Je dirais d'ailleurs que sur certains aspects, il m'a contaminé. Depuis que j'ai intégré leur bande, je suis constamment sur le fil du rasoir. Je joue avec la vie en sachant pourtant qu'à tout moment, tout peut s'arrêter. La frontière entre ma liberté et la prison n'a jamais été aussi étroite depuis que je me suis jointe au trio infernal.

Oh bien sûr, étant plus jeune, je m'amusais à voler quelques petites babioles à mes copines mais ce n'étaient que de petits méfaits sans importance et ma vie n'était pas en jeu. Il fallait un petit moment avant qu'elles se rendent compte que des objets avaient disparu de chez elles. Je préférais jouer les vierges effarouchées plutôt que d'admettre que j'étais une sale petite voleuse. Outre le fait que je n'ai jamais été très féminine, ces histoires ont éloigné les quelques amis que j'avais à Leipzig, ville où j'ai grandi. En débarquant en France, mon cercle d'amis ne s'est pas agrandi pour autant.

Force est de constater que plus les filles grandissent et plus elles se montrent méfiantes. J'ai préféré m'entourer des garçons. Je me sentais plus proche d'eux surtout sur le plan vestimentaire. Sweat à capuche, jogging, baskets. Sous cette apparence, quelle groupe de filles aurait accepté que je sois l'une des leurs?

Puis, parler de vernis à ongle, de gloss ou de mecs, ça n'a jamais été ma came. J'étais plutôt le genre de filles à relever avec les copains des défis tous aussi stupides les uns que les autres. A la fin des cours, j'aimais traîner avec ma petite bande. J'en profitais pour m'en griller une, à l'abri des regards indiscrets et surtout de celui de ma belle-mère, Lauren.

Avec Lauren, le courant ne passe pas. Cette femme est tellement fausse que ça en devient écoeurant. L'influence qu'elle exerce sur mon père est telle que je me demande si elle ne lui a pas jeté un sort. Je ne peux vraiment pas la voir en peinture. Sa voix, son sourire hypocrite. Elle trouve toujours un moyen de me mettre hors de moi. Depuis qu'elle est entrée dans nos vies, les disputes entre mon père et moi se sont multipliées. Elle cherche par tous les moyens à me faire passer pour une délinquante.

Son but ultime est de faire en sorte que la cohabitation entre mon père et moi ne soit plus envisageable. Exit Feryel. Elle le veut pour elle toute seule. Elle a flairé le blé. A la mort de son arrière grand-père, il a reçu un petit héritage, ce qui lui a permis de s'installer confortablement dans une ravissante villa du 16ème.Je parie qu'il lui en a parlé. J'espère simplement qu'il ne fera pas l'erreur de lui faire profiter de son argent ou de couvrir cette michtonneuse de cadeaux.

La voiture ralentit. Je comprends alors que l'on est bientôt arrivé à bon port. Nos prochaines victimes sont un couple de jeunes hommes plein aux as. Comme à chaque fois, mon coeur commence à s'emballer. C'est un mélange assez particulier de peur et d'excitation à la fois. La peur de se faire coffrer est omniprésente.Quentin a pourtant fait un travail de repérages en se faisant passer pour un agent des eaux.

L'homme qui l'avait accueilli avait mordu à l'hameçon et l'avait laissé entrer. Aucune caméra de surveillance n'avait été installée d'après les dires de notre espion. Mais Quentin n'avait pas eu l'occasion de repérer les endroits contenant des objets de valeur car le propriétaire de la belle demeure ne l'avait pas lâché d'une semelle. Pas si naïf que ça en fait.

— On est bientôt arrivés, mettez vos cagoules! ordonne d'un ton impérieux Aymeric.

Le battement de mon coeur s'accélère.J'enfile correctement la cagoule. J'ai chaud. Ma température corporelle est prête à  faire exploser les compteurs. Faut dire aussi que cette combinaison en cuir noire n'aide pas des masses. Je suis habituée à porter des vêtements plus larges. Heureusement, elle ne me gêne pas dans mes mouvements. Elle est même devenue un atout. Grâce à elle, je me confonds avec l'obscurité de la nuit.

Délit de Fuite.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant