Partie 24

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Dédicace à Miwakoko : c'est vrai que d'écrire la nuit, c'est super bien !

Can I be him - James Arthur

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Le jour s'est levé, inlassablement. Encore une fois. Emma descend les escaliers, à pas lents.

Daryl semble être resté planté dans la cuisine, depuis la veille où elle est montée se laver, puis s'étendre pour s'endormir comme un décédé, ne revenant à la vie qu'au matin.

Il fait quelques pas dans le salon en l'entendant dans l'escalier, la regardant bouger lentement, poser ses pieds chaussés sur chaque marche avec une sorte de précaution.

Elle a attaché ses cheveux d'une nouvelle manière. Les mèches, de nouveau propres et sèches, pendent en boucles souples dans son dos et sur ses épaules, battant sa taille à chaque mouvement. Une pince en retient une grande partie à la base de sa tête, au creux de sa nuque, couvrant ses oreilles de chaque côté de ses tempes.

Arrivée au pied de l'escalier, elle marque une pause, tournant encore la tête vers l'homme, lentement. A-t-elle comme une difficulté à respirer ?

"Je dois aller à la 74... dit elle doucement comme s'ils ne s'étaient pas interrompus de la veille.

-Ok... répond il sur le même ton, posant la tasse de café fumant sur le comptoir propre.

Il s'approche plus rapidement qu'elle de la porte d'entrée qu'il lui ouvre, la regardant de haut en bas, la main sur la poignée, lui cédant le passage.

Emma hoche la tête pour le remercier et passer devant lui, un sourire timide naissant et mourant au coin des lèvres sous le regard sombre de son ami.

Il la laisse avancer devant lui avant de ramasser rapidement le matériel déposé par Tara sur la première marche de l'escalier, puis de refermer la porte de la maison derrière eux. Elle marche plus lentement que son pas habituel, mais elle se force à accélèrer un peu après quelques mètres, se redressant aussi. Il regarde les manches longues de son maillot sombre, la ceinture large qu'il ne lui connait pas, le holster qu'il soupçonne sous les mèches lourdes et ondulés qui lui dévalent le dos, comme hypnotisé par leur mouvement lent et rythmé, toujours si vivant. Comme d'habitude, il retrouve en quelques secondes à peine tout ce qui fait elle à ses yeux, même si certains détails changent, même les plus infimes. Comme certaines de ses mèches qui font là de minces anglaises lisses, d'autres sont plus floues, plus indisciplinées. Toutes sont vivantes, il en est persuadé. Mais il secoue la tête une fois, voulant se reprendre, le manque de sommeil lui joue déjà des tours. Et dire que la journée n'est même pas commencée. Il aperçoit le holster, vide. L'Eagle est toujours sur le sol de bois de sa maison, il n'a pas pris la peine de le ramasser, le fixant une grande partie de la nuit, lui et le poing américain couvert de sang séché. Il est resté assis sur le vieux canapé, faisant face à ces vestiges d'un combat sanglant auquel il n'a pas assisté, ne pouvant qu'en imaginer la violence et l'énergie que la femme marchant maintenant devant lui a du produire de ce corps si petit et frêle.
Les deux armes l'ont lui aussi observé, mesuré comme s'il s'agissait de deux bêtes ennemies qui gîraient là, venues du Sanctuaire, venues tout droit des mains de Negan, pour le tuer dans son sommeil. C'est sans doute le cas... C'est certainement Negan qui a mis ce flingue entre les mains d'Emma. Pour ce qui est de le tuer lui, pendant qu'il dort.... il n'a de toutes manières pas fermé l'oeil de la nuit.

Puis ses yeux tombent encore plus bas, sur le voile léger de la longue jupe claire qui flotte, contre ses hanches minces, autour de ses jambes, blanche et parsemée de minuscules fleurs multicolores. Cela lui fait immédiatement penser aux chemisiers à fleurs de Carol, à gerber.
Ses oreilles perçoivent son pas tapant sur le bitume, apercevant en rythme, le talon de ses bottines. Même si les petites fleurs lui sortent de partout en général, la tenue hippie de la femme devant lui lui arrache un sourire presqu'incontrolé. Cette fille est vraiment surprenante. ou bien elle fait avec les moyens du bord et ce qu'elle trouve dans l'armoire de sa maison. En attendant, son rejet de la veille l'empêche de revenir vers elle, de tendre un peu son bras pour la retenir une seconde, pour lui dire qu'il ne lui en veut pas, qu'il comprend.
Qu'il peut patienter.
Qu'il est heureux de la voir.
Tellement heureux.
Mais il ne fait rien, se contentant de la suivre en silence, relevant enfin les yeux au délà d'elle, apercevant le shérif et la samouraï qui approchent lentement, venant à eux.

Tuer ce que tu aimes - TWD - [TOME 8]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant