En ce soir de Noël, il ne restait plus une âme au British Museum. Les couloirs étaient vides et sombres, les salles et les réserves silencieuses. Rien ne bougeait. Enfin presque. Il y avait bien un homme dans le British Museum, un homme qui aurait bien aimé rentrer chez lui, fêter Noël avec sa mère, une dame âgée passant ses journées à tricoter au coin du feu. Cet homme était une institution du British Museum, il faisait presque partie des meubles depuis le nombre d'années où il y travaillait, d'abord en tant que balayeur alors qu'il n'était guère plus qu'un enfant puis en tant que gardien de nuit avant de devenir guide et enfin, le conservateur du musée. Cet homme qui marchait alors dans les couloirs vides,son pas résonnant sur les dalles de marbre répondait au nom d'Antonin Trevors,fils d'Elise Trevors, dentellière, et né de père inconnu. Il était connu par tous pour être un homme studieux et discret, préférant passer ses journées dans les vieux ouvrages poussiéreux et dans les caisses remplies de trésors antiques provenant d'Egypte ou de la péninsule grecque plutôt que de compter fleurette aux jeunes femmes. Sa timidité maladive ne le servait pas non plus, oblitérant son intelligence vive et pointue. Ainsi, à 52 ans, le conservateur était-il toujours célibataire, vivant dans un petit appartement non loin du musée en compagnie de sa mère qu'il chérissait et dont il s'occupait quotidiennement. Ce soir-là, il avait dû terminer de ranger une nouvelle collections d'œuvres originales, pour la plupart des contes et légendes, arrivées le matin même. Son ouvrage fini, c'était donc d'un pas alerte que l'homme aux cheveux grisonnant parcourait les allées et les salles en direction de la sortie. Soudain, il entendit un son strident qui sembla lui percer les tympans, le forçant à plaquer les paumes des mains sur ses oreilles et à se courber en deux, tentant vainement d'échapper aux ondes agressives. La douloureuse note ne dura que quelques instants qui parurent à Antonin une éternité mais lorsqu'elle se dissipa, une douce mélopée s'éleva du néant. La voix masculine était à la fois terrifiante et réconfortante, mélange de chaleur et de glace. Une faible lumière commença à emplir la pièce, semblant provenir du ciel, comme si, en ce soir de Noël, le soleil avait décidé de se lever avec près de neuf heures d'avance.
Ébahi, hébété, Antonin regarda la lumière grandir et envelopper petit à petit le musée. Hypnotisé par la mélodie, il ne remarqua pas que la lumière devenait de plus en plus éblouissante et qu'elle lui brûlait la peau. Il ne chercha pas à la fuir lorsqu'elle l'entoura totalement. Il senti à peine les tiraillements à l'intérieur de son corps, comme si un petit animal cherchait à y faire sa place. Il ne senti pas ses muscles se tendre au point de presque lui briser les os. Il resta immobile, fixant le vide lumineux devant ses yeux où de délicates volutes se formaient et se déformaient, s'envolant vers les voûtes du musée pour, probablement, les quitter ensuite. Il regarda des volutes rouges, blanches et noires s'entrelacer, tourbillonner, comme attirées par lui jusqu'à former comme un parfait reflet du conservateur, l'image d'un homme grand au longs cheveux noirs maintenus par un lacet de cuir marron laissant échapper des mèches que le vent semblaient avoir rendues folles. Les yeux noirs de l'homme se détachaient dans un visage légèrement mangé par un petit bouc et une moustache de jais. Ses vêtements étaient ceux des siècles passés, une chemise blanche ouverte sur son torse et maintenue par un lacet semblable à celui présent dans la chevelure de l'homme, Une longue veste rouge à boutons et brocards dorés et un pantalon noir s'enfonçant dans de hautes et épaisses bottes en cuir étaient ainsi complétés par un chapeau de cuir brun agrémenté d'une boucle sertie d'un rubis. Si l'homme était atypique par ses vêtements tant que par la cicatrice qu'il arborait au niveau de l'œil, c'est surtout sa main ou plutôt son absence de main, remplacée par un crochet, qui attira le regard du conservateur. Les yeux rivés sur l'appendice de métal, le conservateur senti son esprit et ses sens se brouiller tandis que le noir obscurcissait doucement la lumière vive. Alors que la sphère dorée s'élevait dans le ciel, le corps d'Antonin, inconscient, s'affaissa soudain, heurtant le sol avec un bruit sourd.
Voilà un troisième chapitre et l'apparition d'un troisième personnage ! Dites moi si ça vous a plu ou non !
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Imaginaerum
FantasyEt si un soir de Noël en plein règne de la Reine Victoria, un sphère étrange apparaissait dans le ciel de Londres? Et si après cet événement, des crimes étranges avaient lieu? Et si un cirque bizarre s'installait à Picadilly ? Et si des gens apparai...