Off with their heads

13 0 0
                                    

Bonjour cher lecteur ! Prêt à plonger dans les eaux troubles des bas quartiers de Londres ?


A l'instant où notre voleuse avait jailli des buissons comme un diable, le gamin à ses côtés avant de s'enfuir à toutes jambes, bousculant les passants endimanchés et les vendeurs de rue, l'ensemble des policiers rassemblés autour du musée, excepté l'estropié qui pleurait de douleur, le sang jaillissant de son nez en rivières rouges, s'étaient mis à sa poursuite. A leur tête, l'inspecteur Macmiller se ruait vers la jeune femme et l'enfant qu'elle traînait à ses basques tel un rhinocéros à la tête d'une charge d'hippopotames. Dans le dos des fuyards, des coups de sifflets stridents et des hurlements retentissaient. Ils couraient tous deux à perdre haleine mais le gamin commença rapidement à montrer quelques signes d'essoufflement. Il devenait urgent pour la voleuse et son complice improvisé de se débarrasser de leur butin, où en tous cas, du camée, avant qu'on ne les arrête. Bientôt elle vit, au centre de la rue, ce qu'elle cherchait, le salut pour les bijoux volés, une bouche d'goût grillagée. Sans ralentir l'allure, elle lâcha la main de Peter, arracha la bourse de sa ceinture, enleva sa petite besace rassembla le tout dans sa main gauche, récupérant celle de Peter dans la droite. Arrivée à hauteur de la bouche d'égouts, elle fit un brusque écart à gauche, tirant Peter, et, d'un geste souple et précis, balança le sac et la bourse de cuir huilé dedans. Continuant ensuit sa route, elle biffurqua à droite puis à gauche et encore une fois à droite avant de s'arrêter net, freinant des quatre fers. D'un geste rapide du bras, elle poussa Peter derrière son dos

« -Ne regarde pas gamin lui intima-t-elle avant d'ajouter quand elle le senti se débattre pour essayer de voir la raison de leur arrêt soudain avec les policiers aux trousses Peter, ne regarde pas je te dis ! »

Qu'importe désormais si les policiers la rattrapaient, elle n'avait plus les fruits de son larcin sur elle et ce qui se trouvait devant elle ne pouvait être ignoré. Une pure abomination. Elle-même qui avait le cœur bien accroché avait envie de vomir. Et les policiers qui n'arrivaient pas. Mais que pouvaient-ils donc bien faire ? Ils étaient sur leur talons quelques instants auparavant à peine. Elle soupira. Elle fit un geste vers l'ombre. Un gamin en sorti, un dénommé Terry. Les cheveux auburns en bataille sous une casquette trop grande pour lui qui lui tombait légèrement sur l'œil gauche, habillé d'une salopette trop grande elle aussi et qui ne tenait plus que par une bretelle, passée au-dessus d'un vieux pull tout raccommodé, le gamin souriait vivement, dévoilant ses incisives écartés. Il se mit en un semblant de garde à vous face à la jeune femme rousse. Elle lui fit un léger sourire. Avec Billy, Terry était son préféré. Il avait probablement entendu l'ordre qu'elle avait donné à Peter car il regardait obstinément dans la direction opposée, vers l'endroit d'où Peter et la jeune femme étaient arrivés.

« Terr', embarque le blondinet ici avec toi et trouve moi les poulets, dis leur qu'un truc très grave s'est passé ici et qu'ils doivent rappliquer de toute urgence »

Les deux gamins détallèrent à toute allure dans la direction approximative des hurlements stridents des sifflets des forces de l'ordre. La jeune femme secoua la tête, passant une main sur ses yeux avant de regarder une fois encore l'horreur de la ruelle. Le pavé était trempé de sang luisant lugubrement sous les lumières dansantes du lampadaire au gaz. Toutes les fenêtres des masures en ruines étaient scellées de lourds volets de bois au vernis écaillés. Certains ne tenaient plus que par un seul de leurs gonds. Les habitations étaient soit à l'abandon, soit envahie par des sans-abris et des voyous de bas étage qui n'auraient osé aller quérir la police malgré l'horrible carnage. A l'intérieur, les lumières vacillantes de restes de bougies et de petits feus vaguement contenus dans d'anciennes casseroles cabossées étaient éteints à la hâte dès que les premiers coups de sifflets se faisaient entendre. Elle posa la main gauche sur sa bouche, tant pour stopper un maximum des effluves du liquide carmin et de la mort que pour s'empêcher de vomir. Elle respirait doucement en balayant la scène de son regard. Les murs étaient recouverts de sang projeté ça et là, en tâches et gouttes informes, comme si un pot de peinture avait exploser au milieu de cette ruelle. Au centre de ce carnage, un corps, celui d'un homme à priori, portant une redingote rouge était affalé comme une poupée de chiffon sur une vieille caisse vermoulue et désormais détrempée de sang. La jeune femme n'eut pas à se demander longtemps comment autant de sang avait pu gicler aux quatre coins de la ruelle. Le cadavre était exsangue, le sang s'étant échappé à toute vitesse de la jugulaire, tranchée nette en même temps que le reste du coup de ce cadavre sans tête. Elle baissa les yeux à la recherche de l'occiput manquant. Bien mal lui en pris car elle le trouva rapidement, à moins d'un mère d'elle, les yeux encore ouvert, la bouche tordue en une grimace de frayeur, regardant droit vers elle. Elle n'était pas facilement impressionnable mais à cette vue, elle ne put s'empêcher de reculer de plusieurs pas, son dos percutant une surface relativement dure. Elle se retourna d'un bond, prête à se défendre. Ses muscles tendus se relâchèrent un peu lorsqu'elle vit qu'il s'agissait en fait de l'inspecteur Macmiller qui la toisait d'un œil dubitatif, un sourcil froncé et l'autre relevé. Mais lorsque son regard se posa sur la scène derrière elle, ses yeux s'écarquillèrent. Il s'approcha doucement et, tandis qu'il observait la scène de crime et prenait des notes, il lança à la cantonade « Ramenez moi ces trois là à Scotland Yard.

Et interrogez moi les racailles qui se terrent là dedans » termina-t-il en pointant les taudis bordant la rue. Les trois susmentionnés à savoir la voleuse, Peter et Terry protestèrent violemment qu'ils n'avaient rien fait et qu'il était onc parfaitement inutile de les embarquer. Le commissaire se rapprocha d'eux, se relevant alors qu'il s'était accroupi pour examiner une empreinte de pas.

« - Du calme ... quel est votre nom ? demanda-t-il d'une voix apaisante mais autoritaire

- Anne répondit-elle de mauvaise grâce Lui – dit-elle en pointant le garçon aux boucles auburn- c'est Terry et l'autre, là, c'est Peter.

- Bien Anne, continua l'inspecteur Je sais que vous n'avez pas fait ça. Le crime a eu lieu récemment et vos vêtements sont propres. De plus, vous ne pouviez pas tuer cet homme et cambrioler le musée en même temps. Par contre j'ai besoin de votre témoignage dans cette affaire »

Anne hocha sèchement la tête et commença à suivre les policiers lorsqu'elle entendit dans son dos le commissaire ajouter « Oh et, bien sur, je vous arrête pour le cambriolage du British Museum ». Une bordée de jurons lui répondit.


Voilà, l'enquête à commencé ! 

ImaginaerumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant