Chapitre 2 I La partition

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Le dîner était long. Vraiment. Contrairement à ce que je pensais, mon père et son patron ne parlaient pas seulement de travail. Ils nous mêlaient même à la conversation. Enfin nous.. Surtout mon voisin. Je répondais par des signes de tête ou des légers sourires. Puis un moment la femme du patron me posa une question à laquelle la réponse me paraissait vraiment évidente. 

"-Alors comme ça tu aimes le rock?"

Je regarde mon pull et lève un sourcil. Non non je portais un pull sans réelle conviction musicale. Elle était stupide ou bien?

"-Bah oui."

Je racla ma gorge et baissa les yeux quand je me rendis compte de la façon dont j'avais répondu. Mais ma réponse ne paru pas la déranger car elle continua de me parler.

"-Calum aussi aime ce genre de musique.

-Maman ça m’étonnerais que ma vie soit très inintéressante."

Effectivement j'en avais strictement rien à faire. De toute façon ça m'étonnerait qu'un petite bourgeois puisse écouter du rock comme on en fait plus.. Soudain j’eus la vision de lui dans son uniforme et écoutant un morceau des Rolling Stones. Ça ne me paraissait vraiment pas crédible. Tellement pas que mal grès moi je ris. Ma mère me lança un de ces regards. Je compris que j'étais bel et bien venu ici pour faire bonne impression. Je me leva et ma mère demanda où j'allais. Je ne prenais jamais de dessert. Mais j'avais pris l'habitude de fumer pendant que mes parents finissaient de manger. Alors après cette question je répondis: "Je vais prendre mon dessert dehors." Elle leva les yeux au ciel comme pour me montrer qu'elle abandonnait le fait d'essayer de faire de moi une fille normale. Enfin "normale" d'après les critères donné par cette stupide société. Et puis j'avais le droit de prendre mon dessert. 

Je sortis devant le restaurant. Il faisait nuit et il neigeait très légèrement. J'adorais quand il neigeait comme ça. Et le froid qui tapait sur mes joues était si doux que s'en était agréable. J’allumai ma cigarette et ferma les yeux quelque secondes. 

"-Drôle de dessert."

Je ne répondis pas. J'ouvris simplement les yeux et le regarda. Puis je m'assis sur un banc. Il voulait quoi lui? Il s'assit sur le banc à côté de moi. J'aurais bien aimé lui faire une réflexion sur son costume ridicule mais à mon avis lui, ne devait pas le trouver ridicule alors je me suis abstenue. Il passa une main dans ses cheveux, la droite je crois. En quoi ce détails était intéressant? J'en avais moi même aucune idée. Je fini ma cigarette et l'écrasa sous la semelle de mes baskets. Mon téléphone se mit à sonner. J'ouvris grand mon sac à sa recherche au milieu du foutoir dans lequel il était caché. Je retournais tout ce qu'il y avait à l’intérieur, je retrouvais des choses dont j'ignorais l'existence, mais pas de téléphone. Il s'arrêta de sonner mais il fallait que je le retrouve. Il n'y avait qu'une personne qui pouvait m'appeler ou m'envoyer un SMS. Puis j'aurais dû m'en douter que maladroite comme j'étais, je fis tomber mon cahier de griffonnages. Celui que j'emporte partout avec moi. Au lycée, dans la rue, dans le parc.. Je l'ai même déjà emmené au parc d'attraction. La neige avait mouillé le sol et par conséquent mes feuilles qui s'étaient envolées de mon cahier. Il me semble que je lâcha un "merde" avant de m'accroupir pour les ramasser. Je me souviens l'avoir dit parce qu'après ça une femme plutôt âgée, vêtue d'une robe en velours pourpre et coiffée d'un chapeau de la même couleur me regarda d'un air outré. Comme tu dois t'en douter je n'ai rien répondu. Je l'ai juste regarder, déployé un joli sourire hypocrite et levé mon majeur pour bien lui montrer qu'elle, désolé du terme, pouvait aller se faire voir. J’essayai de ramasser mes feuilles au plus vite. Et la partition de Nuclear Family (oui ma chanson préféré et la chanson qui m'avait permis de louper le métro au début de la semaine) fût rattraper par Calum. Il l'a regarda et fredonna l'air. Il me la rendit. Je le remercia. Et je me maudit à voix haute d'avoir fichue en l'air mes dernières partitions.

RejectWhere stories live. Discover now