J'avais 15 ans quand j'ai appris que tu allais arriver.
Au début, j'ai pensé à une erreur, à un défaut du test mais lorsque j'ai recommencé une deuxième fois, une troisième et même une quatrième mais le résultat restait positif.
Je pleurais au-dessus des toilettes de chez mes parents qui dormaient déjà.
J'ai posé une main sur mon ventre et j'ai caressé la peau tout autour de mon nombril.
Et je me suis rendue compte que je t'aimais déjà.
Un petit être était là, fruit d'une nuit un peu agitée dans le lit d'une personne que je connaissais à peine et qui m'est maintenant inconnue.
Mais ce petit être, je l'aimais déjà comme si je l'avais désiré dès le début.J'ai annoncé la nouvelle à ma meilleure amie qui m'a dit que ce n'était pas une bonne idée de te garder, que j'avais toute ma vie devant moi mais je m'en foutais.
Ensuite, je l'ai dit à mes parents et ça ne s'est pas bien passé.
Ma mère a fondu en larmes et mon père s'est mit en colère.
J'ai dû m'enfuir, il voulais me frapper et je ne voulais pas que tu sois blessée.
Je suis retournée chez moi le lendemain, mon père s'est excusé mais il m'a dit qu'il préférait que je ne te garde pas mais je lui ai fait comprendre que non, tu allais rester avec moi.
Dans les mois qui ont suivi, j'ai continué à aller à l'école pendant qu'il m'achetait un petit appartement, le meublait, me ramenait mes affaires et à un mois de ta venue, il m'a annoncé que je ne les verrai plus, lui et ma mère.
J'ai pleuré pendant des jours et des jours, seule dans mon appartement.
Je n'allais plus en cours.
Mais personne n'avait rien à redire, mes parents m'avaient abandonnés.Finalement, après huit mois et demi, tu es arrivée.
Un bébé magnifique, en pleine forme.
Après cinq jours à l'hôpital, nous sommes rentrées chez nous.
J'ai arrêté les cours pendant les vacances d'été par manque de temps.
J'ai fêté mon anniversaire seule, je ne voyais plus mes amis depuis longtemps déjà.
Mais tu étais là et tu me suffisais.Tu as grandi, je t'ai inscrite à l'école.
Tu revenais de temps en temps en pleurant mais ça arrive.
Au collège, tu avais arrêté de sourire.
Je te voyais sombrer mais tu ne voulais plus me parlais, j'avais du mal à te faire manger, à te laisser seule plus d'un instant de peur que tu fasses une bêtise.
Et finalement, tu l'as faite le dernier jour de ton année de troisième.
Je t'ai retrouvée une cravate autour du coup, pendue à la poutre de ta chambre.
Je l'ai déchirée, je t'ai fait un massage cardiaque, j'ai appelé les secours.
J'avais les larmes aux yeux mais je n'avais pas le droit de pleurer, il fallait que tu vives.
Et tu es vivante.
Tu vois, j'ai sacrifié ma famille, mes amis, mes études pour toi.Je t'ai tout donné et maintenant tu veux mourir ?
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Histoires tranquilles à lire un jour de pluie
RandomHistoires courtes, sans queue ni tête, pour vous faire sourire, sentir plus léger et peut-être même vous émouvoir.