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Elle s'assit sur le banc, dans le parc.
C'était "son" banc.
C'était celui au fond du parc à l'abri des regards.
Et surtout son repaire.
Elle regardait les gens passer devant elle sans qu'ils ne s'en aperçoivent.
Peut-être un peu psychopathe sur les bords mais, comme personne ne se rendait compte de sa présence, cet adjectif perdait un peu de son sens.
Elle observait minutieusement les passants qui passaient devant elle, un à un, ne laissant passer aucun détail.
Une bague de fiançaille, des baskets à la mode, des bijoux en toc ou en or pur...
Elle analysait tout.
Elle voyait passer des blonds, des brunes, des rousses, des personnes à la mode, d'autres avec un style particulier, des yeux bleus, des yeux verts, des yeux en pleurs, des sourires.
Elle imaginait les vies de ces gens.
L'adolescente mal dans sa peau devenait dans son imagination une agent secret qui utilisait une couverture pour ne pas se faire reconnaître.
Une grand-mère qui regardait des enfants jouer en souriant devenait une veuve qui n'a pas eu la chance d'en avoir.
L'homme noir, très grand et très bien habillé, devenait un inspecteur à la recherche d'un suspect.
Un couple de garçons qui s'embrassaient devenait deux personnes terriblement seules qui se sont trouvées et on rempli le trou à l'intérieur du coeur de l'autre.
Toutes ces personnes étaient liées, elle en était sûre.
D'une façon ou d'une autres, elles se sont déjà vues, peut-être déjà parlées.

Et elle, sur son banc, ne se faisait toujours pas remarquer et restait seule en attendant que la pluie ne tombe.

Histoires tranquilles à lire un jour de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant