Matt est jeune, il n'a pas plus de six ans.
Noël est passé, il y a peu de temps, et ses parents, aidés de sa famille, on trouvés le moyen de lui acheter une console de jeu vidéo. Il est encore petit, aussi, il remercie le bonhomme des cadeaux : il rêve de ressembler aux grands, et les grands jouent à la console. Qu'il est heureux !
Il se précipite, maman l'a enfin mise en marche. Il attrape la manette et joue avec les boutons.
Le jeu se met en marche, sa manette contrôle un petit bonhomme haut comme trois pommes qui court très vite et n'importe où, et s'il fait taper le bonhomme sur les bonnes cases, il a droit à une petite étoile.��
Il joue. Il a changé de jeu, cette fois. Ce jeu-là est plus difficile, il passe les niveaux difficilement. Il met énormément de temps à passer celui-ci : il passe par les neuf étapes d'obtention avec lenteur, mais enfin l'atteint !
Il est tout content, surtout qu'au niveau supérieur, le jeu ajoute un coéquipier ! Une petite fille, nommée Adèle. Tout est plus facile à passer avec elle, même s'il aurait préféré un coéquipier garçon de la part du jeu. C'est bête ! Il a beau chercher dans les paramètres, rien n'y fait.��
L'ados ronchon entre dans le salon en tapant des pieds. Ronchon ? Moins aujourd'hui. La Daronne lui a acheté un nouveau jeu. Encore... Il se jette sur la console, insère le disque de jeu et crie sur la machine parce qu'elle ne démarre pas assez vite. Un juron ou deux, de toute façon, elle est vieille maintenant. Il en veut une neuve, elle est démodée.
Le jeu est intéressant. Mais dur. Il passe niveau par niveau. S'il tue assez de soldats, il obtient une arme en plus.
Il s'amuse, enchaînant massacres sur massacres. Amassant arme sur arme.
Mais maman ne lui laisse pas acheter d'autres jeux, il n'a pas d'assez bonnes notes.
Il n'amasse pas les jeux, et reste sur celui-ci. Il a passé tous les niveaux, s'ennuie. Il est trop bon.��
Son patron lui refuse l'augmentation. Dommage, il voulait acheter un nouveau jeu vidéo. C'est peut-être un peu gamin de jouer encore, mais c'est rare maintenant de le voir jouer de toute manière. Et Matt est un trentenaire qui se plaît à succomber, parfois, à la nostalgie.
Pas d'argent ce mois-ci. Il soupire, ouvre la boîte sagement rangée dans son meuble. Sa femme est partie emmener les enfants chez le docteur, il n'y a personne sur son dos. Savourant l'instant de paix si rare qu'il a enfin pu saisir, il allume sa console. Jeux de foot.
S'il marque plus de buts, il a des points et de l'argent. Mais il a perdu l'habitude de manier les Joys Sticks, il est battu sans arrêt.
C'est la patience qu'il perd à force d'enchaîner les défaites, et bientôt, il lâche la manette. Ça suffit, il se lève et va se coucher. Il est fatigué, il préfère retourner dormir, profiter du silence de l'absence et des quelques moment de repos. Il éteint la console.��
Matt est bien vieux à présent. Son arrière-petit-fils vient de naître, mais Matt à bien peur de ne pas être là assez longtemps pour un jour le connaître.
Il est dans son grenier. Il contemple les vestiges de son passé, les souvenirs entassés là. Tant d'années après les événements, il retrouve ces objets. Nostalgie est bienvenue, encore. Surtout maintenant.
Submergé par les souvenirs, son regard se promène parmi les cartons éventrés et les affaires recouvertes de poussière.
Son regard s'arrête sur sa console.
Ça faisait longtemps qu'elle reposait là.
Il avait fini de jouer à présent. Jouer encore et encore, amasser des pièces dorées et scintillantes de leur richesse malgré les obstacles pour avoir de nouvelles choses toujours plus belles.
Il a fini ce jeu.
Vivre encore et encore, travailler pour avoir cet argent et acheter de quoi terminer une vie.
Il a fini sa vie.
Jeux dérisoires ? Il voit sa vie comme il voit un jeu vidéo sur un écran. Il approche du dernier niveau. Sa vie et ses jeux se mélangent dans sa tête, associant sa petite sœur Adèle à un personnage fictif, sa mère à la fée de la guérison qui lui donne une vie au combat, son ancien patron et ses employés à l'équipe adverse dans un match de foot.
Il mélange, et voit son image tout à coup. Un gamin innocent qui voulait devenir grand. Devenu violent et énergique, puis vieux et las.
Une si longue vie. Tant de niveaux dans ce jeu.
Il s'assit, essoufflé. Le jeu pour lui était terminé.
Il rendit son dernier souffle alors que sa main empoignait la manette de sa console.
Game Over.Écrite dans le bus en direction de l'Écosse, publiée une fois arrivée à destination. Un grooos bisou de Scotland et un petit cadeau !
VOUS LISEZ
One Shots
Short StoryCeci est un recueil de nouvelles très courtes, traitant de tous sujets : des fanfictions, une histoire sur la seconde guerre mondiale ou encore la lettre d'un enfant de CE2... Ou tout à la fois ! Tant que l'inspiration est là, je publierais ces pet...