Chapitre 5

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Le service des urgences de l'Hôpital Militaire d'Itandir ressemblait à n'importe quel service des urgences de n'importe quel hôpital : il était encombré de patients fatigués, traversé de personnel médical pressé, et il y flottait une odeur rémanente de médicament et de maladie.

La secrétaire en poste à l'accueil luttait vaillamment pour traiter de front une pile de dossiers imprimés sur plexifeuille, une communication en visio et un interne de toute évidence surmené.

— Euh... Bonjour ? Excusez-moi ?

Ray se fendit de son meilleur sourire tandis qu'il passait outre les froncements de sourcils réprobateurs de la file d'attente qu'il venait allègrement de couper.

— Ray Shel't, se présenta l'Illumidas. Vous devez avoir admis un humain du nom d'Harlock...
— Je ne vois pas, coupa sèchement la secrétaire. Consultez les bornes d'informations.
— ... qui s'est crashé pendant la course de l'École Militaire il y a moins d'une demi-heure, termina le cadet.
— Ah. Oui, effectivement.

La secrétaire se tourna vers un écran sur la gauche de son bureau.

— Chambre 702, lâcha-t-elle. Il vient d'arriver.

Ray la remercia d'un hochement de tête et s'éloigna tout en ignorant le « pas de visites pour l'instant ! » que l'on criait dans son dos. Emeraldas l'attendait dans le hall d'entrée.

— Alors ? lui demanda la rousse dès qu'il arriva à ses côtés.
— Septième étage, répondit-il. On prend l'ascenseur.

Et tant pis pour le « pas de visites ! ». Une fois là-haut, il ne doutait pas qu'Emeraldas trouverait un moyen de contourner le problème si un obstacle se présentait.

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Allongé dans un lit médicalisé au-dessus duquel clignotaient des diodes et défilait un nombre impressionnant de courbes, Harlock explorait son environnement des yeux dans l'espoir de dénicher une sortie secrète. En vain : la chambre et ses murs blancs déprimants étaient dénués de toute fioriture en mesure de faciliter les évasions.

D'autre part, la pièce n'était pas vide.

— Votre exploit mérite l'exclusion, cadet Harlock.

Il fallait s'y attendre. Peut-être aurait-il dû tenir jusqu'à la fin de sa période probatoire. Peut-être aurais-tu pu patienter jusqu'au début des cours pratiques de pilotage, lui souffla sa conscience. Mel allait le tuer.

Au pied du lit, l'amiral Zeda le dominait de toute sa taille. Harlock se demanda s'il était judicieux de répondre. Ce n'était pas de sa faute, merde ! C'était Emeraldas qui l'avait entraîné dans cette galère ! Mais ajouter « contre son gré » ne serait probablement pas du meilleur goût, songea-t-il. Tout bien réfléchi, il était peut-être même préférable qu'il se taise. Son sort était joué, de toute façon. Inutile d'aggraver les choses.

L'adolescent pinça les lèvres et ancra son regard quelque part sur les plis des draps. Il sentait Zeda l'évaluer. C'était désagréable. « Ne bouge pas », se répéta-t-il. « Ne dis rien. » Zeda était amiral et lui, un simple cadet en période d'essai. Un élève en sursis. Ses protestations ne feraient qu'empirer la situation. Et puis quels arguments pouvait-il opposer à son « exploit », comme l'avait nommé Zeda ? Si les première année étaient autorisés à courir, on n'en serait pas là ? N'empêche que j'ai gagné ?

... Pour être franc, il ne savait toujours pas s'il avait gagné ou non, d'ailleurs.

— Vous êtes convoqué à un conseil de discipline, reprit Zeda. Il va falloir statuer sur votre avenir, jeune homme.

Harlock .0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant