Baisse Seulement Les Yeux

Chapitre 4

Une fois rentré à la maison je me rappelle que mon vélo est resté chez Lucas. Et merde. Pour n'importe qui, aller chercher un vélo chez un ami n'est rien de compliqué. Mais moi c'est différent, comment dire ça à mon père ? De toute façon que je lui dise ou pas je ne pense pas que cela change grand chose. Si je ne le dis pas, il va finir par s'en rendre compte et je vais me faire défoncer...Et si je le dis... Il a peut être un espoir que ses coups fassent un peu moins mal ? Ça se tente. La seule différence c'est que la première méthode, lui parler, est beaucoup plus intimidante. Moi intimidé ? C'est impossible. Du moins c'était impossible. Je me rends compte qu'il est en train de progressivement me briser... Avant, jamais je n'aurai eu peur de quelque chose et encore moins de quelqu'un. Cette constatation me fait peur.... Bref, je dois arrêter de penser à ça pour l'instant. Là, mon seul but est d'aller parler à la personne que je n'arrive plus à appeler papa.

  Quand il faut y aller.... Je m'avance dans sa chambre en poussant doucement la porte, il est couché dans sur le lit. Est-ce qu'il dort ? Si il dort.... C'est la parfaite occasion de.... de me venger. Non. Je n'oserai jamais. Tuer un homme, son père en plus, c'est trop. Par contre je peux aller chercher mon vélo discretos ! Je suppose que je n'ai pas beaucoup de temps, faut que je me grouille. Je referme la porte en priant pour qu'elle ne grince pas et cours hors de la maison. Je fonce en courant jusqu'à chez Lucas, qui heureusement habite qu'à quelques rues de chez moi, et récupère discrètement mon vélo. Sauvé ? C'est vite dit. Tant que je ne serai pas dans ma chambre avec la porte fermée à clé je ne serai pas tranquille. Je retourne chez moi, en vélo cette fois. Je le pose devant le garage et entre vite dans la maison. Une fois à l'intérieur, je me dirige vers les escaliers pour pouvoir accéder à ma chambre. Il n'y a personne pour le moment mais j'ai un étrange pressentiment...Je sens progressivement ma respiration s'accélèrer. Je dois me calmer... Il ne peut rien m'arriver...

- Matt ?

Je me tourne est fait face à mon père... Je suis pas discret ou j'ai vraiment pas de chance ?! Peut-être les deux à la fois....

- Oui ?
- Tu étais où ?

Jouons la sincérité.

- Mon vélo était resté devant chez Lucas. Je suis allé le récupérer.
- D'accord. Tu as bien fait. Mais la prochaine préviens moi.

C'est tout ? Aucune baffe ? Aucun coup de pied ? Bizarre... Après tout je ne vais pas m'en plaindre ! Loin de là ! Je me dépêche de rejoindre ma chambre avant qu'il ne change d'avis.

  La soirée entière se passe normalement, je veux dire, comme une famille normal. Demain matin, levé à 7h20. On commence par SVT. J'aime cette matière. Je peux généralement dormir sans être dérangé. Le prof n'en a rien à foutre. Je me couche pour une fois avec aucune douleur, que se soit physiquement ou moralement.

Mon réveil sonne. Goooo ! J'essaye de me motiver un peu mais j'ai vraiment pas envi de me lever. C'est con de le dire, mais on est tellement bien dans son lit. Je me lève et me dépêche de m'habiller, me préparer et descends, prêt à partir.

- Matt ?!!

Oh non... Stop, tout va bien, ce n'est que ma mère.

- Ouaip ?
- Tu n'as rien oublié ?
- Ben non.
- Tu abuses !
- Quoi ?
- Tu es vraiment désespérant !

Mais de quoi elle me parle....? Ah oui ! L'anniv de ma sœur !

- Ah ouais ! Joyeux anniversaire Elsa !
- Ah bah enfin ! Sympa le grand frère qui m'oublie !
- J'ai d'autres choses à penser.
- Matt ! Crit ma mère avec surprise

Ma voix lorsque j'ai dit cette phrase a été glacial et sèche... J'entends distinctement ma sœur pleurer et ma mère essayer de la consoler.

- J'y vais moi.

Je claque la porte derrière moi avec force et me dépêche d'aller au collège. Ce que j'ai dit, je ne peux pas le regretter. Ce n'est pas de ma faute. J'ai vraiment d'autres choses à penser, à cause de qui ? De mon enfoiré de père. Donc qu'on ne vienne pas me faire la morale. Je sens mon tel vibrer. Me dit pas que ma mère me gueule dessus par SMS ? Non, c'est Brice qui me supplie d'aller le chercher devant chez lui car il est soit disant en retard. Il a la flemme surtout ! En tout cas il s'emmerde pas lui.  Mais bon. Ça va me changer les idées. On peut reprocher beaucoup de choses à Brice mais il a toujours réussi à me faire sourire peut importe la situation. Arrivé devant chez lui, il est là et me fait coucou. Il a vachement l'air paniqué d'être en retard ce boulet..!

- Matt !! J'ai cru que t'allais me foutre un grooooos vent !
- J'ai cru aussi.
- Mdrrr ! Je peux aller sur ton guidon ?
- Ouais essaye !

Il monte en mettant ses jambes sur le guidon et ses mains sur les miennes, ça va vite dégénèrer ça, je le sens.

- Chelou ta position non ?
- Mais non !
- Si tu le dis...

Tout ce passe bien jusqu'à la dernière rue, celle du collège. Des voitures vont dans tout les sens et Brice met son poids une fois sur le côté gauche du guidon, une fois sur le côté droit. Mais quel con ! Il veut qu'on tombe ou quoi ?!

- Pourquoi tu roules plus droit ?

Il ose demander ça ?! Cette fois c'est sur, il le fait exprès.

- Arrête de balancer ton poids.
- Balancer ? Mon poids ?
- Fait pas semblant de ne pas avoir compris !

On passe à quelques centimètres d'une voiture... Olala plus jamais ce cauchemar ! Arrivés devant le portail du collège je m'arrête et pousse Brice du guidon qui tombe en rigolant ce qui fini par me faire sourire aussi. Je le relève et entre dans le collège en l'abandonnant devant la grille. Je vais pas l'attendre en plus ! J'attache rapidement mon vélo et rejoins mes "potes" qui sont déjà arrivés. Lucas me montre du doigt en gueulant comme un idiot.

- Ah bah t'es là toi ! J'ai cru que tu allais sécher !
- Ce n'est pas le moment pour sécher.

Ewen et Lucas s'échangèrent un regard étonné. C'est vrai, depuis quand Matt le flemmard ratait une occasion de sécher ? Depuis que je découvre le vrai visage de certaines personnes.

- Je reviens.

Je me retourne et entre dans le préau sans leur donner d'explication et percute quelqu'un. Je m'apprête à pousser et engueuler cette personne mais quand je vois son visage je me stop immédiatement. Manon. Je n'ai jamais été aussi proche d'elle. Je sens mes joues se teindre en rouge sans que je ne puisse rien faire pour les en empêcher. Que dois-je faire ?! Je me sens paniquer. Depuis quand je panique moi ? Ce n'est qu'une fille ! Je plonge dans son regard et vois qu'elle est aussi perdue que moi. Ses joues sont elles aussi légèrement rougies, ce qui lui donne un air vraiment.... Mignon... Son amie se mit à rigoler face à ma réaction et à emmener son amie loin de moi. Il n'y a rien de drôle ! Je suis vraiment tombé amoureux d'une fille ! Alors que je suis en couple ! Je connais ma réputation, toutes les filles de ce collège me prennent pour un coureur de jupon. Et elles ont raison. J'enchaîne les meufs aussi vite que l'on tourne les pages d'un livre. Elles m'appellent l'insensible. Et c'est vrai. Du moins c'était vrai. Je suis réellement en train de changer sous tous les plans. En mal à cause de mon père, mais aussi en bien grâce à cette fille.

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Voilà la suite 😋 j'espère que ça vous plaît !