Chapitre 1

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Juin 1882

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Juin 1882.

Assise dans mon fiacre personnel, je soupire face aux mouvements de la voiture qui oblige mon corps à se mouvoir de gauche à droite. Je me force à garder contenance tout en appuyant mon dos contre le dossier. Je sors mon miroir de poche de ma petite sacoche en tissu. Je fixe mon reflet, replaçant ma pince fleurie. Mon esprit remercie Marcel Gratteau d'avoir innové cette manière de se coiffer grâce au fer et au peigne. J'admire mes vagues ondulées sur le côté de ma coiffure maintenu sur le haut de mon crâne.

Mon nez se retrousse, mal accommoder par l'odeur qui a envahi l'habitacle. Je dépose quelques doigts sur mes lèvres en arborant un air renfrogné. Je grimace en coulant un regard sur le chien à mes côtés. Mon compagnon de route penche la tête sur le côté en me fixant comme pour me faire comprendre quelque chose. Un ricanement sur la banquette d'en face vient perturber notre échange visuel. Mes prunelles se lèvent vers ma partenaire de route. Mes joues se gonflent, mécontentes de son acte de moquerie.

- Qu'est-ce qui te fait glousser comme une fille de meunier ?

- Pardonne-moi, Lucy. Je n'ai pas pu m'empêcher de réagir face à l'expression de Plue.

- Je te comprends, Yukino. Par moment, il me désespère, me faisant presque regretter d'avoir réclamé sa compagnie à mon père. Soupirai-je.

- Pourtant, cette race n'est pas commune, n'est-ce pas ? Il a dû te le faire parvenir de très loin. Fit-elle remarquer en un sourire en coin.

- De Sibérie pour être exacte. Mais tu sais bien que je ne m'embarrasse jamais de ce genre de détail.

- Tu as raison ! Mieux vaut laisser cela aux hommes.

Nous échangeons un sourire complice, clôturant notre discussion. Je jette un dernier regard au jeune Samoyède allongé à mes côtés. Je n'ose plus le caresser depuis que son pelage s'est teint d'un marron foncé, cachant sa couleur habituelle d'un blanc immaculé. Je replace mon miroir de poche dans ma sacoche afin d'en sortir mon éventail. J'agite ce dernier sous mon nez dans l'espoir d'enlever le désagrément dû à l'odeur de l'animal sur ma gauche. Mes prunelles chocolat plongent à travers la fenêtre. Je me distrais en filtrant le paysage que m'offre la ville de Los Angeles.

D'après mon paternel, cette ville est en plein essor. De nouveaux bâtiments sortent de terre depuis qu'elle est rattachée au réseau ferroviaire. Je fixe distraitement les allers de porche abritant les étalages des marchands et les bars rustiques. Nous continuons à nous laisser guider par le cocher, approchant des quartiers plus aisés. D'immenses propriétés, alliant les villas victoriennes et les manoirs américains, s'étalent sous nos yeux. Mes épaules s'affaissent, rassurées par cet univers familier. Je ne me cache pas d'être issu d'une famille riche et bourgeoise. J'en tire une certaine fierté. Mon nom de famille « Heartfilia » est populaire dans beaucoup de régions des États-Unis d'Amérique.

Heartfilia: Vivre à travers ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant