Cocorico j'entendais le chant des coqs, les coups de pilons des ménagères qui retentissaient dans chaque coin du village, les éclats de rires et les chantonnements des jeunes filles qui se dirigeaient au puit avec des canaris sur la tête et enfin l'appel du muezzin. C'est ce mélange sonore qui me tirait chaque jour de mon sommeil. Je me réveillais difficilement, encore fatiguée par la longue nuit passée sur la natte de fortune. La nuit a été longue avec cette chaleur étouffante et ses fichus moustiques qui ont sucé tout mon corps avec avidité. Je finissais par me lever. Je rangeais soigneusement la natte et la plaça dans un coin de la chambre. En faite la maison n'était pas très spacieuse, il n'y avait que deux petites chambres. Une occupée par mon père et mes frères et une autre par ma mère, mes grands- mères , ma sœur et moi. Ça peut paraitre bizarre mais on a toujours vécu comme ça et ça semblait à la limite normale. Et c'est dans des nattes que nous dormions tous ensemble. On habitait dans cette petite maison ,situé dans le village de Toulel à quelques kilomètres de Nouakchott. Mon père était un grand éleveur et avait un grand enclos de moutons et de vaches non loin du village. Il avait le plus grand troupeau et était connu pour cela. Ma mère était une couturière très habile et avait sa petite machine à coudre placé dans un coin de la chambre. Assis sur son tabouret elle s'appliquait dans son manœuvre avec chaque morceau de tissus reçu. Et c'est avec cette activité qu'elle assurait les frais de mes études et aux petits dépenses quotidiennes. Mon père ne se souciait guère de nous et je n'ai jamais compris pourquoi. À ce que je me rappelle il n'avais jamais fourni le moindre centime pour mes frais scolaires d'autant plus qu'il s'était opposé à ce que j'étudie. Pour lui l'école ne nous faisais qu'un lavage de cerveau et que la place d'une fille était dans la cuisine. Ma mère a beaucoup insisté pour qu'il me laisse aller à l'école , il a finit donc par accepter à contre coeur. Ce jour là ,ma mère m'a parlé en disant que j'irai à l'école que mon père était d'accord. J'étais tellement contente que ma mère en a pleuré. Elle a pris un air plus sérieux en me demandant de bien travailler car je n'avais pas le droit à l'échec. Que mon père attendait juste une petite faille de ma part pour retirer sa parole. J'ai promis avec certitude que je réussirais car c'était le plus grand rêve de ma vie. Elle avait précisé que j'étais une des premières à y aller dans la famille et que par reconnaissance je devais bien travailler. J'étais d'accord pour tout. C'est ainsi que j'ai intégré l'école du village à mes 8ans. Euh oui j'étais entré à l'école en retard. Ma mère se chargea de m'acheter mes fournitures et un sachet en plastique noir où je mettais mes bagages. Pour mon premier jour d'école ma mère m'avait tresser en'' tiibe'' (en natte) ,m'avait cousu une robe avec les morceaux de tissus restant des clients et m'acheta quelques pagnes chez Ahmad le commercant. La plus part du temps je portais une pagne avec un tee shirt, me pommadait le visage avec du beurre de karité et j'allais toujours à l'école avec enthousiasme. Malgré certains moqueries de mes camarades je ne les remarquaient même pas et me concentrait plutôt sur mes études. Je me contentais d'une bouillie de mil comme petit déjeuner que maman préparait très tôt le matin. Aussi longtemps que je me souvienne mon quotidien consistait à puiser de l'eau après la prière du matin dirigé par mon père, aider ma mère à préparer le repas de midi et le soir après l'école j'asseais à côté de ma mère et apprenait à tricoter et à coudre. J'apprenais vite aussi bien dans la couture qu'à l'école. Je savais déjà faire quelques tricotage, couper des morceaux de tissus et prendre des mesures depuis que j'ai appris à compter. Grâce à ma mère je commençais à nourrir de l'amour pour la couture et rêvais devenir une grande couturière. Ma mère était une femme active, très belle et parlait peu. D'ailleurs c'est d'elle que je tiens tout cette beauté mais contrairement à ma mère je parlais trop et je me laissais pas faire ,je savais bien me défendre. Quant à mon père c'était un homme colérique et très renfermé. Il ne s'exprimait que pour des choses importantes et dans ce cas bonjour les coups et les cris. Mes frères Moctar, Rachid et Salim lui obéissait au doigt et à l'œil. Moctar était l'ainé et c'était le caractère typique de Papa et son bras droit. Il était arrogant et violent aussi. Il s'emportait pour peu de chose, c'était difficile d'avoir une très bonne relation avec lui. Même ma mère ne le comprenait pas parfois. Rachid était plutôt moins agressif mais très égoïste il ne pensait qu'à lui-même. Ma mère lui reprochait son comportement mais il n'avait jamais daigné changer. Les quelques rares fois que l'on se parlait on finissait toujours par se disputer. Quant à Salim c'était le frère le plus adorable. Il était très poli, calme et parlait peu. C'était le seul avec qui je pouvais vraiment m'entendre. Moctar et Salim aidaient papa avec le troupeau et Rachid était pêcheur. Comme ma mère aussi je n'osais jamais dire non à mon père jusqu'au au jour où ....
À l'époque je n'avais que 13 ans. Maman disait que j'étais devenu une femme depuis que je voyais mes menstrues à mes 12 ans. Je me souviens la première fois que je voyais mon '' slip'' tâché de sang. Ce jour là pris de panique, ne comprenant pas ce qui se passait, j'accouru dans la chambre de maman. Néné(maman en peulh) j'ai vu du sang dans... Elle ne me laissa pas terminer, ferma la porte et me fis assoir sur la natte. Ce jour là je savais que ma mère allait me dire quelque chose de très importante et que ma vie allait changer...
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Lalia: La dame de fer
AdventureMariée à Fadel Tall , directeur d'un prestigieux entreprise, Lalia vit une vie pleine de bonheur. Mère de deux adorables jumelles: Fatima et Aïcha, elle est la meilleur styliste et la plus connue dans le pays. Une vrai femme d'affaire avec une famil...