III. Un symbole d'espoir.

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"J'ai tendance à imaginer quelle vie nous aurions pu mener si tout cela n'avait jamais existé. Pas de titans, ni de murs ou de gouvernement corrompu. Peut-être ne nous serions jamais connus? Peut être que tous ces facteurs étaient indispensables pour que je me rapproche de toi?
Ce genre de questions m'a toujours obsédé, que ce serait-il passé si j'avais fait tel choix plutôt qu'un autre?
Ce sont ces mêmes questions qui font que je m'en voudrais toute ma vie, peu importe l'option choisie. Alors j'essaye de ne plus y penser et d'avancer en me disant seulement que personne ne pouvait savoir ce qui arriverait.
Tu as toujours su faire le bon choix, mais celui de mourir semblait-il meilleur? Tu as laissé derrière toi un jeune garçon meurtri par la culpabilité d'avoir été sauvé à ta place, comment tu pouvais être sûr qu'il supporterait une telle responsabilité?
Encore une fois, tu as su anticiper et faire le bon choix, sans doute, sur le long terme. Cela fait déjà cinq années que tu nous as quitté, que tu m'as quitté. Malgré tes choix, tes calculs ou tes anticipations, je n'ai toujours pas su remplacer ta présence, après tout ce temps.
J'espère que de là ou tu es, tu es fier de voir ce que le bataillon d'exploration accomplit. Ton sacrifice n'a pas été vain, ni le tien, ni celui des milliers de soldats morts au nom de la liberté."
Livaï avait prononcé ces paroles d'une profonde sincérité, son visage restait figé, son allure droite et son aura froide. Même avec cette façade, ses pupilles grisâtres reflétaient une profonde tristesse, les cernes creusés
sous ses yeux semblaient aussi lourds que sa peine. On aurait dit que le caporal-chef traînait à ses pieds le poids de ses crimes, ou du moins ceux dont il pensait être coupable. Tout ceci le ralentissait, le blessait toujours un peu plus chaque jour. Il retourna à sa place avec nonchalance, sur un banc en bois aux côtés du général Pixis. Le major Hansi succéda à Livaï dans un silence de plomb et clôtura la cérémonie. Chaque année, un hommage avait lieu au sein de l'armée en l'honneur de la mémoire d'Erwin Smith. Un excellent major qui avait su tirer un réel avantage des expéditions extra-muros tout en minimisant les pertes. Il était le premier à y parvenir, Erwin représentait l'espoir d'être libre un jour. Un symbole d'espoir qui avait su amplifier cette lueur même après avoir succombé. Depuis cet événement tragique, énormément de choses avaient changé dans le bataillon, et la situation avait grandement évolué. Néanmoins Livaï ne parvenait pas à se pardonner la mort de son ancien Major, il aurait voulu s'abandonner à ses pulsions les plus noires et baisser les bras. Plus rien ne le retenait désormais si ce n'était Hansi, l'une des dernières personnes dans le bataillon à qui il faisait encore aveuglément confiance.

Il fut le premier à s'extirper de la pièce où régnait une atmosphère pesante, quelques regards curieux le suivaient jusqu'à ce qu'il franchît le seuil de la porte, quelques murmures s'en suivirent "Il était extrêmement proche du Major", "C'est lui qui l'a accompagné dans son dernier soupir". Ce n'étaient que des rumeurs de couloir, les soldats colportaient ce qu'ils croyaient avoir vu en ce jour funeste mais personne n'en savait rien, à part lui. Heureusement pour sa réputation et celle d'Erwin, personne ne savait qu'il l'avait embrassé à ce moment-là. Ces rumeurs ne faisaient qu'attendrir l'image que renvoyait le Caporal, même s'il inspirait toujours autant la crainte et l'admiration auprès du peuple et de nombreux autres soldats.
Après être sorti, il longea le pavillon et emprunta un couloir qu'il connaissait très bien, lorsqu'il accéda à l'une des dernières portes qui n'était autre que sa chambre, il entra et veilla à ce qu'elle fût fermée.
Alors qu'il retirait son manteau, il le posa soigneusement sur le dossier d'une chaise, il desserra son col et retira son foulard. Un long et profond soupir s'échappait d'entre ses lèvres. Ses yeux roulèrent le long du bureau avant de s'arrêter sur un tiroir qu'il prit soin d'ouvrir. Un insigne du bataillon était déposé. Il semblait avoir été décousu. Livaï le saisit entre ses doigts et aussi surprenant que cela pût paraître, des tâches de sang demeuraient sur l'insigne.
Sa main tremblait, son regard scrutait chaque millimètre du symbole, malgré ça, il semblait être perdu dans ses pensées. Il tiqua et le reposa brusquement dans le tiroir avant de le fermer et de renverser toutes les affaires qui se trouvaient sur son bureau, un cri lui échappa, sa respiration s'accélérait, ses yeux brûlaient et sa gorge se serrait. Le poing fermé sur le vieux bois de son bureau, il s'agenouilla lentement, comme s'il se soumettait à ses émotions pendant un instant.
Aucune larme ne lui échappa, cette année encore, même s'il remuait sans cesse le couteau dans la plaie, tant et si bien qu'il refusait de la voir guérir.

Dans les minutes qui suivirent, quelqu'un toqua à la porte. Livaï se redressa dans le plus grand des calmes après avoir vaguement remis en place ce qu'il avait jeté et il ouvrit la porte, sachant déjà qui il devrait confronter.
" - Qu'est ce que tu fiches ici, Hansi? Je t'ai déjà dit que ce n'était pas la peine de venir.
- Arrête Livai, c'est le même cinéma chaque année.
- Je ne veux rien savoir.
- Toute l'année tu nous fais croire que t'en as rien à foutre et la semaine de sa commémoration tu deviens exécrable, j'en peux plus de te voir comme ça, combien de fois il faudra te le dire, ce n'était pas ta faute! Il s'est jeté dans la gueule du loup!
- J'en ai rien à foutre, il me manque merde!
Le ton du caporal augmentait doucement, malgré les traits durs d'Hansi, ses yeux brillaient.
- Il n'y a pas que pour toi qu'il était un héros, il était aussi le mien et depuis plus longtemps que ce que tu pourrais croire! Moi aussi, il me manque."
Alors que sa voix se brisait après ces dernières paroles, le major fit volte-face et se dirigea calmement vers la sortie sous le regard interloqué de Livaï. Celui-ci n'hésita pas une seule seconde avant de poser sa main sur son épaule pour l'arrêter. Hansi se contenta de tourner la tête, une seule et unique larme roulait sur sa joue, avant de franchir le seuil de la porte, elle lui jeta ces quelques mots "C'était son choix.".

*

Ce soir-là, assis au bord de sa fenêtre, le caporal se remémorait tout ce précieux temps passé auprès de ses amis morts, auprès d'Erwin. Tout en contemplant le ciel étoilé, il estimait que leurs places étaient bien mieux là-haut, parmi les astres, avant de mettre feu à l'insigne ensanglanté entre ses doigts. C'était ce qu'Erwin aurait voulu dès le début. On pouvait apercevoir quelques étoiles en regardant aux coins de ses yeux, elles brillaient de plus belles, allant jusqu'à s'écraser sur le bout de tissu déjà à moitié brûlé.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 10, 2020 ⏰

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[Recueil d'OS] Attaque des Titans - Erwin x LeviOù les histoires vivent. Découvrez maintenant