Chapitre 1

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- Inspecteur, nous avons trouvés une boîte à chaussure contenant plusieurs lettre dans la chambre de la jeune fille, dit Julie.

- Bien, donnez-les moi, je vais les lire, dis-je.

Cher ami,

Ça fait longtemps que je ne t'ai pas écrit. Je ne vais pas chercher des excuses comme quoi j'étais beaucoup occupée à cause de mon déménagement etc. J'avais juste la flemme. Mais là, je me décide (enfin) à t'écrire. Je n'ai plus le temps de passer des moments avec mes amis. Tu dois sûrement me dire qu'est-ce que j'ai de si important, moi, la coquille vide sentimentalement parlant, qui ne fait rien de sa vie à part se moquer de l'idiotie de l'humanité.
J'étais très occupée : occupée à réaliser la fête dont je t'ai parlé. J'en ai marre de ne pouvoir m'amuser que dans mon esprit. Je veux pouvoir m'amuser pour de vrai. Ça va sûrement me prendre du temps, pour trouver l'endroit de mes rêves, les personnes qui correspondent à celles que j'ai imaginé.

J'espère que tu vas bien,
Adélaïde.

- Qu'est-ce que vous en pensez, monsieur l'inspecteur ? Demande Julie, une des policiers chargés de retrouver Adélaïde.

- Qu'avez-vous trouvé dans la chambre de la gamine ? Demandai-je.

- Eh bien elle n'a pris aucun vêtements, aucunes affaires personnelles à part son téléphone, répond Julie.

- En même temps, un ados sans téléphone, c'est pas vraiment un ados, dit Gérard, un des policiers.

Tous les policiers présents lui jettent un regard réprobateur.

- Avez-vous d'autres informations sur Adélaïde ? questionnai-je.

- Eh bien elle était une adolescente tout à fait normale. Résultat suffisant au collège. Aucun problème comportemental, énumère Julie.

- Et au niveau des amis ? demandai-je.

- On n'a pas encore d'infos sur eux. Laissez-moi les interroger monsieur l'inspecteur, propose Christian.

- Non. Je vais les interroger moi-même, répondis-je.

Julie ricane et Christian lui jette un regard assassin. L'inspecteur sort de la pièce pour aller dans son bureau personnel. Il soupire et ouvre de nouveau la boîte à chaussure qui contient les lettres. Il a l'étrange impression d'espionner la jeune fille. Adélaïde, qu'elle s'appelle. C'est un joli prénom, Adélaïde. Elle a 16 ans. C'est jeune. Peut-être qu'elle a été kidnappée. Peut-être qu'elle est partie de son plein gré. Elle n'a rien dit à ses parents. Elle ne leur a même pas laissé une lettre. Enfin, si elle a été kidnappée, évidemment qu'elle ne leur a pas laissé une lettre.

Je regarde sa photo. Elle a des cheveux roux et bouclés. On dirait qu'elle porte une couronne de boucles couleur de feu. Ses yeux sont verts. Elle a la peau très claire. À part ses cheveux, rien n'est désordonné chez elle. Ses yeux ne reflètent aucune animosité. Ils ne reflètent pas de la douceur non plus. Quand je regarde ses yeux, j'ai l'impression qu'elle est absente. Et que là où elle s'évade, c'est génial.

Peut-être qu'elle est partie de son plein gré. Je ne sais pas. Mais je vais le savoir. Je regarde à nouveau dans la boîte à chaussure et pioche une lettre au hasard. Je devrais peut-être essayer de les lire dans le bon ordre.

Cher ami,

Rien de nouveau ici. Toujours la routine. Ça m'ennuie un peu. Mais je ne veux pas partir. Je suis bien ici, même si je m'ennuie. J'arrive à m'évader, parfois. J'imagine que je suis sur les plages de Californie. Je ne connais pas la Californie et je ne sais pas à quoi ressemblent les plages mais j'aime bien le nom du pays. Donc je te disais, je m'imagine sur des plages. Je fais la fête, je rencontre des gens, je bois, je fume, je m'amuse. C'est tous les jours la même fête, les mêmes personnes, les mêmes moments. Mais cette fête est tellement incroyable que je ne m'en lasserai jamais. Et puis...

Il y a Marc, à cette fête.

Adélaïde.

J'avais donc raison sur un point : elle s'évade souvent. Après avoir lu cette lettre, je me dis qu'elle est peut-être partie en Californie. Mais elle aurait emmené des vêtements, de l'argent. Elle est étrange, cette fille.

Quelqu'un entre dans la pièce. C'est Christian.

- Les amis d'Adélaïde sont là, monsieur.

- D'accord, j'arrive.

- Et... est-ce que je pourrai vous... poser une question ?

- Oui.

- Est-ce que... je peux savoir votre nom ?

- Bien sûr.

Il fait un grand sourire et semble attendre une autre réponse.

- Alors ? demande Christian

- Alors quoi ?

- Quel est votre nom ?

- J'ai dit que vous pouviez le savoir. Je n'ai pas dit comment. Si vous faîtes des recherches très approfondies, vous le saurez. Mais je ne compte pas vous le donner.

Il semble déçu. Ça se comprend. Je viens de lui faire une fausse joie. Mais je me suis promis de ne pas donner mon nom temps que je travaillerai comme inspecteur. Je sais que je suis un trouillard mais bon, vaut mieux être prudent. Christian sort de la pièce, toujours l'air déçu, sous le regard moqueur de Julie.

Je me dirige vers la salle d'interrogatoire. Je m'assieds à ma place et regarde le dossier sur la table. La première personne à être interrogée s'appelle Mila. Elle est la meilleure amie d'Adélaïde.

Mila entre dans la pièce et prend place en face de moi. Je la détaille pendant de longues secondes. Elle est métisse, a les cheveux frisés et a des yeux marrons. Elle me regarde dans les yeux avec un air meurtrier.

- Qu'est-ce que vous me voulez ? demanda-t-elle, agressive.

- Juste te poser quelques questions, Mila Miller, lui répondis-je en insistant sur son nom de famille.

Elle se tait et continue de me fixer de son regard mauvais.

- Quelle est ta relation avec Adélaïde.

- On est meilleure amie. On se connait depuis 13 ans. Elle me dit tout. Et moi aussi, je lui dis tout.

- Comment ça, elle te dit tout ?

- À votre avis ? Je pensais qu'un inspecteur ça devait être intelligent.

- Réponds à ma question.

- C'est-à-dire qu'elle me dit tous ses secrets et je fais pareil.

- Donc si elle était partie de son plein gré, elle te l'aurait dit ?

- Non.

- Pourquoi ?

Niark niark...
Voici une nouvelle histoire !!
J'espère qu'elle vous plait, moi, en tout cas, je m'amuse bien à l'écrire.

Bon bah, à bientôt !

Lettres secrètesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant