Le mois qui suivit, j'étais restée dans mon lit, nauséeuse et épuisée.
Quand j'avais soif, j'attendais que ma mère entre dans ma chambre pour me tendre un verre de jus d'orange et quand j'avais froid, je ne trouvais même plus la force de remonter ma couverture sous mon visage terne alors je restais dans mon lit enroulée sur moi-même à la recherche d'une chaleur bienveillante. Je ne parlais plus. J'interdisais qu'on ouvre les volets et un rien m'épuisait. J'arrivais même à fondre en larme quand je ne trouvais pas la deuxième chaussette censé complétée ma paire préférée. Au loin j'entendais les chuchotements inquiets de mes parents. Je sais qu'au fond de moi, je voulais arrêter d'être dans cette état végétatif mais mon esprit me réclamais sans cesse : On ne pourrait pas fermer la porte une bonne fois pour toute et me laisser seule avec mon chagrin comme animal de compagnie ?
Cet état second, c'était comme si mon cerveau avait coulé sur mes joues en même temps que mes larmes. Je me voyais dépérir de jour en jour : maigrir, pleurer, me cogner dans tout et n'importe quoi, prendre des médicaments et maigrir encore. En fin de compte j'étais devenu un légume pourri comme ceux qui sont moches et abandonnés dans un coin du super marché.
Et puis lentement j'avais tenté de ramasser les miettes. Toutes les miettes de cet amour entre Aaron et moi qui c'étaient éparpillées un peu partout. J'en avais plein les mains. Et puis finalement je n'avais pas pu les jeter. Je n'avais pas pu...J'ai donc tout gardé, bien cachées dans un coin de mon cœur.
Plus les jours passaient et plus mes pensées me rongeaient : Est-ce que Aaron avait fait exprès de disparaître ?... Est-ce que...Oh... J'étais si fatiguée et mes souvenirs de lui devenaient de plus en plus flous.
En fin de compte, je m'étais vite rendue compte que le meilleur moment de ma journée c'était le soir quand je me remettais au lit après une longue journée au lycée à écouter mes amis déblatérer sans vraiment comprendre de quoi ils parlaient. Ce moment où je fermais doucement les yeux et où je pouvais enfin reprendre ma vie imaginaire. Celle où Aaron en faisait toujours partie et grâce à cette technique, j'arrivais à me souvenir de la première fois qu'il m'avait dit qu'il m'aimait...
On avait un peu près quatorze ans, peut être plus, peut être moins, je m'en souvenais plus trop et ce jour là, on était censé aller au skate parc mais comme il pleuvait, on avait finalement décidés à la dernière minute de se retrouver à la patinoire. Je m'en souvenais car mes cheveux étaient complètement trempés et ils bouclaient encore plus que d'habitude et puis il y avait beaucoup de personnes autour de nous dans le hall et mon teint métis dénotait avec la peau blanche des bretons.
Tel un gentleman, Aaron avait payé ma place et nous avions chaussé nos patins. Enfin lui y était arrivé, mais pour moi c'était un peu plus compliqué : je n'arrêtai pas de lasser et relacer mes patins mais rien à faire, ils demeuraient toujours beaucoup trop lâches pour moi. Alors, avec un petit sourire moqueur, il avait pris ma jambe pour placer mon pied entre ses genoux et la tête penchée en avant, les cheveux dans les yeux, il avait resserré mes patins sans aucunes difficultés. Quand il s'était relevé, Aaron avait balancé ses mèches brunes en arrière comme dans une pub pour shampoing contre les pellicules puis il avait voulu m'offrir son bras mais je lui avais répondue que j'étais assez grande pour me débrouiller toute seule. Ma réaction un peu vive, lui avait déclenché un fou rire communicatif et résultat des courses, nous étions entrés sur la piste, un peu chancelants comme deux imbéciles incapables de se contenir.
Il fallait aussi savoir que je représentais le mot catastrophe à cet âge là (et que je le représente toujours maintenant) et ce qu'il devait forcément arriver...arriva. Après quelques tours sur la piste je m'étais complètement emmêlée les pinceaux en voulant doublé Aaron car je voulais lui montré se que j'avait dans le ventre. Mais cela avait provoqué mon magnifique vol plané et j'avais finalement atterri sur quelque chose qui m'avais semblé anormalement mou pour de la glace et je m'étais rendu compte trop tard que j'avais la tête sur le torse d'Aaron... Le pauvre devait surement s'étouffé avec la choucroute brune qui me servait de cheveux parce que je ne l'entendais plus du tout. J'avais alors relevée la tête avant de tombée nez à nez avec ses beaux yeux bleus.
"-Je suis vraiment dés..."
J'avais commencé ma phrase en riant mais il m'avait coupé en plein milieu.
"- Je crois que je commence à tomber amoureux de toi, je m'en suis pas aperçu avant, c'est arriver d'un coup. Je te jure que ce n'était pas dans mes plans, que ce n'était pas prévu... Je sais vraiment pas quoi faire..."
La phrase qu'il m'avait sorti faisait beaucoup trop poétique pour être vraie et dans un premier temps, j'avais d'abord cru qu'il rigolait, mais ses lèvres pincées et son regard fuyant m'avait prouvés le contraire. Il semblait vraiment attendre de moi une réponse sérieuse mais j'avais l'impression que plus les secondes passaient, plus mon visage devenait rouge écarlate.
"-Je..."
Aaron ne m'avait même pas laissé finir ma phrase et sa devenait vraiment une manie chez lui. Ses lèvres s'étaient posées sur les miennes, comme une feuille morte qui se dépose lentement sur le sol. A ce moment précis, c'était comme ci le temps c'était arrêter. Ce baiser avait quelque chose d'innocent et il avait le gout de la nouveauté. Mes cheveux bouclés qui tombaient le long de son visage délimitaient notre monde du monde réel. Ce merveilleux moments ne dura malheureusement que quelques secondes car très vite, les sifflements et les regards indiscrets des gens autour nous avaient sortis de notre bulle. Enfin, il fallait dire qu'on était quand même en plein milieu du passage et que l'on gênait un peu tout le monde. Alors lentement, on s'étaient relever encore plus rouge que des anglais qui étaient restés trop longtemps au soleil et on avait quitté la patinoire sans un mot, main dans la main.
Tout ces souvenirs qui son balancés à mon visage renforce mon idée que personne d'autre ne sait mieux que moi qu'une catastrophe n'arrive pas qu'aux autres, que la vie distribue les drames sans vraiment regarder qui les mérite le plus...
Musiques: Prologue - Lost - Rictor
1.L'abandon - Bird -Billie Marten
3.Le Souvenir - Don't Forget About Me - Cloves
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L'été 18.
Teen FictionUne adolescente prise au piège d'un amour perdu. June à du mal à remonter la pente quand on lui apprend qu'Aaron à disparut. Tout son monde s'écroule autour d'elle tendis qu'elle s'enferme dans le cercle vicieux du deuil ... L'été de ses dix-huit a...