Dans les rues sales, la vermine pullule, ça bouge, ça frotte, ça grogne.
Les enseignent cinglent de lueur blafarde les murs durs, couverts d'encre et de sang. Entourés d'un halo de fumée, les immeubles semblent irréels, mais leur réalité casse les dents de ceux dont on écrase la tête sur les façades grises. Les rares lampadaires qui marchent n'attirent que les moustiques, un nuage grouillant envahit les avenues en permanence, insectes nécrophiles et transmetteurs de maladies.
Ici, on se cache le jour, on meurt la nuit. Ici, pas de place pour la vie. Les hommes sont comme des bêtes, capables des pires violences pour endormir leurs sens et s'échapper un court instant, pour un peu de plaisir, de paradis artificiels, illusion futile, le bonheur a quitté ces mieux depuis longtemps. Les gens d'ici n'ont pas le choix, ni le droit de partir, ils se débattent dans la crasse sans cesser de s'y enfoncer.
Qui parle d'espérance de vie ? L'espoir aussi, a été banni. L'air est lourd, car il est chimique, la nourriture a un goût fade, comme la cendre, elle n'en est pas loin.
Lieu de non-droit, repaire de damnés, d'égarés sans foi ni loi.
Les vitres se cassent aussi facilement que les os, aussi simplement que les gens sont brisés dans cette cité en chute.
Ma ville est à l'image de ma vie, sale, obscure, froide, abandonnée.