La voiture ralentit, ses roues crissant doucement sur un chemin de terre qui semble vouloir se frayer un passage entre les arbres imposants. Ces géants verts se dressent autour de nous, leurs branches formant une arche presque oppressante. Mon cœur se serre un peu à cette vue, mais je garde mon masque de désinvolture.
Pitié, dieu des ramens, sauvez-moi de cet enfer.
Un soupir m'échappe tandis que je fixe obstinément le plafond de la voiture. Je suis trop vieille pour finir abandonnée dans un camp de vacances. Ils n'ont pas honte, mes parents ? M'envoyer là comme si j'étais une gamine de huit ans incapable de rester seule ?
Nous passons devant une grande pancarte en bois, où des lettres gravées indiquent fièrement : The Dancing Shadow. Rien que le nom sonne bizarre, limite flippant. J'ai l'impression d'entrer dans le décor d'un vieux film d'horreur. Quelques mètres plus loin, la voiture se gare enfin sur un mini parking où s'entassent quelques véhicules.
Mes parents sortent rapidement, leurs mouvements pleins d'énergie, comme s'ils étaient pressés de se débarrasser de moi. Moi, en revanche, je traîne. Je retire mes écouteurs d'une oreille, juste assez pour entendre l'extérieur, mais je laisse Neurose de My First Story tourner dans l'autre. Une chanson qui colle parfaitement à mon humeur actuelle : un mélange de colère, de frustration et d'un soupçon de résignation.
Je sors lentement, récupérant ma valise noire d'une main et mon sac à dos noir de l'autre. C'est tout moi, ça. Noir, noir, toujours noir. Je suis fidèle à mon style, même si, à côté de mes parents, je ressemble à un vilain petit canard.
Mon père, toujours impeccable, se tient droit comme un i. Grand, cheveux noirs parfaitement coiffés, chemise bleu ciel, pantalon noir et chaussures de ville bien cirées. Il a l'air de sortir d'un défilé de mode pour cadres supérieurs.
Ma mère n'est pas en reste. De taille moyenne, elle porte une longue jupe cintrée noire, un chemisier beige et des talons hauts. Ses cheveux bruns, attachés en un chignon parfait, ne laissent aucune mèche dépasser. Une vraie image de magazine.
Et puis, il y a moi. Petite, cheveux longs – trop longs même – d'un brun ordinaire, des yeux de la même couleur que ceux de ma mère. Je porte un simple débardeur blanc, un jean noir et des Converse dépareillées : une jaune et une verte. Oui, oui, une jaune et une verte. Pourquoi ? Parce que logique et mode, ce sont deux notions qui m'ont quittée il y a bien longtemps.
Au lycée, on me remarque toujours à cause de mon style un peu décalé. Pas que ça me dérange. Au contraire, j'assume. Si je veux porter ça, je le porterai, point final.
« — Allons-y, Jihyuk, » lance ma mère d'une voix ferme.
À contrecœur, je traîne ma valise derrière moi, mes écouteurs toujours en place. Je laisse mon regard vagabonder sur le portail imposant du camp, une véritable forteresse avec ses hautes grilles et son système de surveillance. C'est pas un camp de vacances, c'est une prison militaire.
À peine sommes-nous entrés qu'un garçon s'avance vers nous, un sourire aimable sur les lèvres. Il a l'air d'être l'un des animateurs. Grand, cheveux bruns coiffés à la va-vite, il porte un t-shirt marron avec le logo du camp et un jean bleu simple.
« — Bienvenue parmi nous. Vous devez être Jihyuk et ses parents ? »
Je hoche la tête, mais mon attention est déjà ailleurs. Je fais un rapide tour du camp du regard. Sept chalets en tout, disposés en cercle, avec un bâtiment central plus grand. Probablement le réfectoire. Mon regard s'arrête sur un petit groupe de garçons assis sur les marches d'un chalet à droite. Ils parlent entre eux, mais je sens leurs yeux fixés dans ma direction. Super, je suis déjà l'attraction du coin.
« — Jihyuk, on te parle. »
La voix agacée de ma mère me fait sursauter légèrement. Je reporte mon attention sur le garçon devant nous.
« — Pardon, oui ? »
Il esquisse un léger sourire amusé. Je le fixe un instant. Il se moque de moi ou quoi ?
« — Je disais, je m'appelle Seokjin. Je suis l'un des animateurs du camp. »
« — Enchanté. Moi, c'est Jihyuk, victime de mes parents. »
« — Jihyuk ! »
Ma mère me fusille du regard, ses yeux lançant des éclairs.
« — Pardon, pardon. Victime de mon père qui me force à rester ici. »
Seokjin rit légèrement avant de reporter son attention sur mes parents.
« — Ne vous inquiétez pas, on s'occupera bien d'elle. Vous pouvez partir quand vous voulez. »
« — Oh, on a beaucoup de choses à faire, » répond mon père, toujours plongé dans son téléphone.
Ma mère, elle, s'avance vers moi, les larmes aux yeux. Elle me serre dans ses bras comme si elle ne me reverrait jamais.
« — Ma chérie, prends soin de toi, d'accord ? »
« — Oui, oui, t'inquiète pas. Je vais pas mourir non plus. »
Elle m'embrasse sur la joue avant de laisser la place à mon père. Il range enfin son portable dans sa poche, son regard dur et méfiant.
« — Pas de conneries, ok ? »
« — Ouais, ouais. »
Je roule des yeux, agacée. Comme si j'étais incapable de me tenir tranquille. Ils montent dans la voiture, me laissant plantée là avec Seokjin.
La voiture s'éloigne, soulevant un nuage de poussière. Une fois hors de vue, je me tourne vers Seokjin avec un soupir résigné.
« — Alors, c'est quoi la prochaine étape ? Je dois signer un pacte de sang ou un truc du genre ? »
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Shadow ᵇᵗˢˑʲʲᵏ
Детектив / Триллер[EN REECRITURE] Son ombre me poursuit, je vois et entends des choses irréelles, comment c'est possible ? • ⚠️ Les personnages, leur personnalité et leur comportement est totalement fictif ⚠️
