5 - OFFRIR UNE NUIT DANS UN HÔTEL 4 ÉTOILES ET DES VÊTEMENTS À UN SDF

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Louis fixa un long moment son petit ami, et il se demanda si quelqu'un sur cette planète pouvait être plus doux et attentionné que lui. La conclusion arriva quelques milli-secondes plus tard  : bien sûr que non, on ne pouvait pas être plus doux et attentionné que Harry, son chaton adorable, qui a toujours le cœur sur la main et qui veut toujours aider les autres. «  Oh Haz, tu es... J'ai même pas les mots.  » Il se penche et l'embrasse le plus amoureusement possible. Il était tout simplement attendri, attendri par le geste qu'ils allaient faire, grâce à Harry. «  - Tu es sûr pour le quatre étoiles par contre  ? On est pas riche et ça représente une belle somme... - On a économisé pour ça non  ? - Hum, oké, faudra juste éviter de faire des trucs trop cher après.  » Ils hochèrent la tête, d'un commun d'accord, un doux sourire aux lèvres.

Il y avait, dans leurs regards, tout l'amour que pouvait porter le monde.

*

Main dans la main, ils parcouraient les rues de Londres. Il y avait encore beaucoup de SDF dans les rues malgré le froid qui s'installait durement sur la ville, recroquevillés sur des cartons ou des couvertures trouées. Ils auraient voulu les aider tous, leur prendre la main, leur dire, venez, on va vous réchauffer, vous offrir un toit et à manger, mais ils n'avaient pas l'argent ni la place pour ça, alors ils leur glissaient un regard compatissant, essayant de les réchauffer comme ça, par l'amour qu'ils distribuaient. En vérité, Harry avait tout de suite pensé à quelqu'un en écrivant ce souhait, et ils marchèrent avec conviction jusqu'à la sortie du métro qu'il prenait tous les jours pour aller à la fac.

Là, se trouvait un homme sans âge. Il avait la barbe blanche, quelques rides, mais quelque chose brillait dans son regard, une lueur encore jeune, nouvelle, remplie d'espoir  ; il était tout contre son carton, emmitouflé dans son manteau qui ne tenait pas assez chaud, et Harry le voyait tous les jours, ici, demandant la charité, avec tout cet espoir dans ses pupilles, et il lui donnait de temps à autre une pièce, un mot d'encouragement. C'était cet homme-là qu'Harry voulait aider. Ils se postèrent devant lui, et ce fut le bouclé qui s'accroupit devant lui, un sourire doux aux lèvres. «  - Monsieur  ? Vous vous souvenez de moi  ? Je passe ici tous les jours. Je suis à la fac juste à coté. - Des centaines de jeunes sont à cette fac, jeune homme.  » Ça avait plus été un grommellement qu'une vraie réponse, et Louis comprit que l'homme était sur la défensive. Ce qui n'était pas étonnant, loin de là, pourtant Harry ne désespéra pas. «  Ça n'a pas d'importance, de toute façon. Je voulais... Enfin, mon petit ami et moi  » Il adressa un regard à Louis qui salua l'homme d'un geste de la main assez timide «  Vous offrir une nuit d'hôtel. Pour vous réchauffer, et vous restaurer un peu. Vous payer de nouveaux vêtements, aussi.  »

Le regard de l'homme s'était de nouveau illuminé, avec cette habituelle lueur d'espoir, toute petite, infime, encore cachée par sa méfiance envers ces deux jeunes inconnus. «  Et qui me dit que vous n'allez pas m'emmener dans un coin sombre pour me tabasser et me voler le reste de mes biens  ?  » Harry et Louis s'échangèrent un regard étonné. Bien sûr, ils avaient évoqué la possibilité de la méfiance, et du refus, mais ils n'avaient aucun moyen de convaincre l'homme, hormis leur bonne foi. «  Vous pouvez... Rester derrière nous  ? A quelques mètres. Au moindre geste suspect, vous pourrez vous enfuir plus facilement.  » C'était Louis qui avait proposé l'idée, et vu le regard que Harry lui lança, elle n'était pas si mauvaise. L'homme les fixa pendant plusieurs minutes, alternant Louis et Harry dans son champ de vision, avant de se redresser, serrant son sac tout contre lui. «  Partez devant, je vous suis.  » Louis et Harry échangèrent un nouveau regard, joyeux cette fois, et se reprirent la main avant d'avancer.

Ils avaient appelé un hôtel quelques jours auparavant pour réserver une chambre, avec forfait petit-déjeuner. Leur arrivée était prévu dans deux heures, ils se dirigèrent donc vers un magasin de vêtements, se stoppant devant l'entrée pour attendre l'homme qui les avait réellement suivis. Celui-ci jeta un regard effrayé à la boutique, le posant ensuite sur eux  ; en réponse, Louis et Harry lui offrirent un sourire rassurant en pénétrant dans le bâtiment. «  - Au fait... Je peux avoir vos noms  ? - Oh, oui, pardon. Je m'appelle Harry. - Et moi Louis. - D'accord... Je suis Jeff. - Enchanté, Jeff.  » Une série de sourires un peu intimidés, et ils se retrouvèrent tous les trois dans le rayon homme. « - Oké. Vous faites du combien  ? - Aucune idée. J'ai perdu beaucoup de kilos depuis que je suis... Dehors. Alors... Mes pantalons ne me vont plus.  » Aussitôt qu'il eut finit sa phrase, Louis partit chercher une vendeuse pour prendre des mesures. Celle-ci, un peu sceptique de voir un sdf dans son magasin, leur jeta un regard méfiant, prenant cependant rapidement les mesures voulues. Efficace, malgré sa froideur.

Ils passèrent plus d'une heure à essayer différents vêtements, laissant Jeff choisir en fonction de ses goûts. Ils pouvaient tous les trois sentir le regard des vendeuses dans leur dos, qui les surveillait attentivement au cas où ils voleraient certains vêtements. Stupides clichés. Cela ne les empêcha pas de passer un bon moment, Harry et Louis plaisantant parfois, réussissant à arracher de plus en plus de sourires à Jeff, pour leur plus grand plaisir. Une fois à la caisse, trois pantalons et six pulls plus tard, Harry adressa un gros sourire hypocrite à la caissière, le plus grand de tous, comme pour bien se foutre de leur gueule, et ils ressortirent du magasin en riant, Jeff un peu plus proches d'eux qu'avant.

Vint ensuite l'heure d'aller à l'hôtel. Ils marchèrent tranquillement, adressant parfois des regards en coin à Jeff qui serrait précieusement ses nouveaux affaires contre lui, le regard brillant. Il n'en croyait pas ses yeux, en vérité. Comment de jeunes gens pouvaient-ils avoir autant le cœur sur la main  ? Il devait les remercier, mais ça lui brûlait les lèvres rien que d'y penser, c'était plus fort que lui. Il lui restait encore une part de méfiance malgré tout, après tout ce temps passé dans la rue, il se faisait la réflexion que c'était beaucoup trop beau pour être vrai. Alors que Jeff admirait les décorations avec de gros yeux stupéfaits, le couple s'annonça à l'accueil. Ils avaient déjà payé à l'avance, mais le prix qu'avait été cette nuit en plus des vêtements clignota devant leurs yeux pendant un instant, leur picotant légèrement le ventre.

C'était gros, à dire vrai. Immense.

Mais il leur suffisait de poser leur regard sur un Jeff complètement scotché pour se dire qu'ils avaient fait un bon choix.

Ils donnèrent la clé à Jeff qui les fixa un long moment, les yeux brillants, menaçant de fondre en larmes, là tout de suite, dans un hall d'hôtel luxueux, probablement trop luxueux pour lui. «  Oké, donc voici la clé. Vous avez le service petit-déjeuner, aussi, par contre il faudra partir après 12h... Nous sommes désolés de ne pas pouvoir faire plus pour vous, Jeff.  » Et Jeff n'en croyait pas ses oreilles, ni ses yeux  ; car ils étaient vraiment désolés de ne pas pouvoir «  en faire plus  », alors que tout ça était déjà énorme, bien trop énorme pour qu'il ne se demande pas si il était en plein rêve. Ou peut-être qu'il était mort dans son sommeil et qu'il était au paradis. «  Non. Mon dieu non, les garçons, je... Je ne sais même pas comment vous remercier. Vous avez fait tellement, j'en reviens pas... Je ne savais même pas qu'il était possible d'être aussi... Chaleureux que vous. Vous êtes... Admirables. Merci. Merci. Merci pour tout...  »

Et voilà qu'il pleura, pour la première fois depuis des années.

Louis et Harry se surprirent à sentir quelques larmes couler sur leurs propres joues, et ils les essuyèrent d'un geste de la main, serrant ensuite Jeff contre eux en lui souhaitant bonne nuit.

Ce soir là, pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité, Jeff prit une vraie douche, dormit dans un vrai lit et mangea un vrai repas.

... réponde à tous les noms du monde // OS LarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant