Chapitre | 4

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- Bonjour, Anton, déclara le robot.

Même cette voix... Ce n'était pas tout à fait la même, mais à quelques nuances près, elle n'était pas si différente.
Je ne pouvais toujours pas parler. Étais-ce exprès qu'elle lui ressemblait autant ? Ma mère aurait-elle choisi précisément cette humanoïde ? Mais dans quel but aurait-elle fait ça ? J'avais l'impression que mon estomac se soulevait et que tout mon repas du midi pouvait ressortir d'un instant à l'autre.
Elle n'avait pas pu le faire exprès, puisqu'elle ne l'avait jamais rencontrée... elle n'était au courant de rien. Elle n'avait pas même une idée du pourquoi j'étais comme piégé dans une perpétuelle noirceur depuis des mois. Et je ne pouvais pas lui dire.

- Alors, qu'est ce que tu en penses ? S'enquit ma mère.

Enfin, je retrouvais un semblant de voix :

- J'en sais rien, murmurais-je.

Derrière elle, l'humanoïde clignait des yeux comme une véritable humaine.

- Je te fais visiter ?

Elle lui parlait comme s'il s'agissait d'une personne réelle, dotée d'intelligence. Il fallait avouer que c'était presque le cas, mais tout de même.

- Oui, madame. Quel est mon nom ?

- Nous ne t'en avons pas encore trouvé, répondit ma mère avec gentillesse. Tu n'as pas d'idées, Anton ?

- Non, désolé, répondis-je d'une voix plus dure que je n'aurais voulu.

Ma mère se contenta de hausser les épaules et de s'éloigner vers les autres pièces de la maison en babillant avec son nouveau gadget.

Une fois qu'elle eut quitté le salon, je me forçai à me lever, et j'attrapai prestement mon téléphone, composant le numéro de Clay, que je connaissais par cœur, à toute vitesse.

- Ouais ?

- Clay, j'ai besoin que tu voies ça. Il faut que tu viennes, tout de suite.

- Qu'est-ce qu'il y a mec ? Pour une fois que je taffais...

- C'est vraiment important.

Il poussa un léger soupir.

- Je suis là dans dix minutes.

- Merci.

Effectivement, quelques minutes plus tard, alors que j'entendais en bruit de fond ma mère expliquer le fonctionnement de la cuisine, quelques coups pressés furent frappés à la porte.
Je me levais en faisant crisser bruyamment ma chaise sur le parquet usé.
J'ouvris la porte un peu brusquement. Sur le seuil, Clayton se tenait les bras ballants, ses cheveux en bataille trempés par la pluie, une lueur interrogatrice dans les yeux.

- Entre, dis-je. Il faut que tu voies ça. Je te rappelle simplement que ma mère n'est au courant de rien, alors essaye de rester neutre.

Il ne dit rien, mais sourcil gauche se leva, comme pour me poser une question silencieuse.

- Oh, Clayton ! Ça me fait plaisir de te voir, s'exclama ma mère. Il s'agit d'un très bon ami d'Anton, expliqua-t-elle ensuite à l'être qui se cachait un peu derrière son dos.

Lorsque celle-ci se dégagea et montra enfin son visage, j'eus l'impression que les yeux de Clay allaient réellement sortir de leurs orbites. Il était aussi choqué que moi, c'était certain. Ses sourcils blonds se froncèrent, puis, après une longue seconde, il comprit.

- Vous... Vous avez acheté un humanoïde, Trana ?

- Oui ! C'est incroyable ce que ça va me simplifier la vie, n'est-ce pas ma grande ?

Une pastille bleue en AutomneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant